D'OR ET DE JUNGLE, de Jean-Christophe RUFFIN

Publié le 24 Septembre 2024

Roman - Editions Calman Levy - 443 pages - 22.50 €

Parution en février 2024

Mon pitch : Sur l'île de Bornéo, vit paisiblement et loin des frasques du monde le Sultanat de Brunei, pays d'or noir et de jungle... Une cible parfaite pour une bande de barbouses pour y organiser un coup d'état d'un genre nouveau, livré clés en main à leur commanditaire... Le fondateur d'une grande entreprise californienne du numérique. Lui et ses copains du même genre n'ont qu'une hâte, s'affranchir du gouvernement américain et de ses lois, pour créer leur propre Etat, où ils pourront "grandir et expérimenter" sans contraintes légales et juridiques.

Tentation : Pitch et couv

Fournisseur : la bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : Jean-Christophe Rufin nous livre ici un grand roman d'aventure et d'espionnage... Dans un contexte on ne peut plus véridique et documenté, et avec une action tout à fait vraisemblable, même si totalement fictive ici.

D'or et de jungle est donc très intéressant à plus d'un point. Nous sommes en immersion dans un Etat qui nous est très méconnu, de par sa petite taille, sa situation géographique très éloignée, et son absence des grands faits internationaux. Son peuplement multiracial, son économie qui ne tient que sur le pétrole (dans les ressources sont très très limitées dans le temps), la famille du Sultan qui dirige à lui seul ou presque le pays se baigne dans l'or et les excès, quand à l'extérieur du palais, règne la charia intégrale.

On suit donc avec attention la longue rencontre entre Ronald (un barbouse) qui crée son agence et Marvin, son ami d'enfance qui ressemble fort à Mark Zuckerberg. Ce sont sans doute les enjeux économiques et politiques mondiaux qui se déroulent qui y sont développés. Puis Ronald compose son équipe de spécialistes divers et variés pour créer le coup d'Etat qui lui est commandé... Il y a évidemment des hackers... Car ce coup d'Etat se fera sans une goutte de sang... Les coups d'Etats pourraient bientôt se faire juste avec quelques fakes news judicieusement distillées... Et Il y a Flora, agente de terrain, qui va donc prendre la température au Brunei et fournir moultes informations... Elle fait tandem, même si à priori bien désaccordé, avec un certain Jo.

Et ainsi de suite, jusqu'aux différentes étapes de ce fameux coups d'état qui suit une formule inédite dite de "l'ébranlement"... Je ne vais pas tout vous dévoiler... Sauf qu'il y a aussi un coup de théâtre final auquel on ne s'attend pas.

Alors, c'est une lecture prenante, pertinente, divertissante, et relativement facile à suivre. Mais... Mais... pas exempte de défauts surprenant de la part d'un tel auteur... Il y a des longueurs... Les personnages et les dialogues m'ont paru très stéréotypés et creux. Dans le dernier quart du livre, la narration semble s'embrouiller, devenir très factuelle, comme si Jean-Christophe Rufin s'essoufflait lui-même. Si le postulat de départ est vraiment bien, son développement tombe trop dans le poussif. Bien sûr - hélas- une pseudo love story ne nous est pas épargnée, avec tous les clichés qui vont avec et les "je t'aime moi non plus". Enfin, et surtout, j'ai été déçue par la plume usitée par Rufin dans cet ouvrage, plume plutôt simpliste. Après, ce dernier point est peut-être un choix de l'auteur, pour un faire un roman accessible à un large public et donner la priorité à l'aspect distrayant.

Une lecture en demi-teinte donc, même si l'aspect visionnaire et géopolitique de ce roman vaut le détour, tout en étant assez glaçant dans le fond... Qui dirige(ra) le monde... La néo-colonisation pourrait être numérique... Jusqu'où vont les manipulations de l'information...

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Commenter cet article
P
J'ai très peu lu cet auteur et là, tu ne me donnes pas vraiment envie de le découvrir plus avant...
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G
Tant pis ...
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M
J'avoue l'avoir très peu lu et j'avais apprécié mes lectures mais ce n'est pas une priorité pour moi, en plus tu n'es pas plus enthousiaste que ça...Déjà je sais que je ne pourrais pas lire tout ce que j'ai noté pour cette rentrée littéraire, alors je vais faire des choix, bien obligée comme tout le monde.
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S
J'ai une dent envers Rufin depuis "Globalia". Je n'aime ni le bonhomme ni son écriture.
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F
J'aurais pu être tentée pour Brunei, je n'ai pas vu grand-chose en littérature sur le sujet, mais si ça tourne autour de politique et de coup d'état, j'avoue que ça m'emballe moins. Et comme ce n'est pas un coup de coeur non plus, je ne vais pas me précipiter.;)
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L
pas trop tentée malgré ce beau billet!
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V
ça fait longtemps que je n'ai plu lu cet auteur (et finalement peu lu de lui) mais je ne vais pas reprendre avec ce titre alors...
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A
Vu tes reserves, je ne vais pas le retenir. Comme Keisha, j'en ai beaucoup noté dans cette rentrée.
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K
On va donc éviter, surtout que j'ai une belle liste de 'à lire' dans la rentrée
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