ALCESTE A BICYCLETTE, film de Philippe Le GUAY
Publié le 14 Janvier 2013
Synopsis : Au sommet de sa carrière d’acteur, Serge Tanneur a quitté une fois pour toutes le monde du spectacle. Trop de colère, trop de lassitude. La fatigue d’un métier où tout le monde trahit tout le monde. Désormais, Serge vit en ermite dans une maison délabrée sur l’Île de Ré… Trois ans plus tard, Gauthier Valence, un acteur de télévision adulé des foules, abonné aux rôles de héros au grand cœur, débarque sur l’île. Il vient retrouver Serge pour lui proposer de jouer «Le Misanthrope» de Molière. Serge n’est-il pas devenu une pure incarnation du personnage d’Alceste ? Serge refuse tout net et confirme qu’il ne reviendra jamais sur scène. Pourtant, quelque chose en lui ne demande qu’à céder. Il propose à Gauthier de répéter la grande scène 1 de l’Acte 1, entre Philinte et Alceste. Au bout de cinq jours de répétition, il saura s’il a envie de le faire ou non. Les répétitions commencent : les deux acteurs se mesurent et se défient tour à tour, partagés entre le plaisir de jouer ensemble et l’envie brutale d’en découdre. La bienveillance de Gauthier est souvent mise à l’épreuve par le ressentiment de Serge. Autour d’eux, il y a le microcosme de l’Île de Ré, figée dans la morte saison : un agent immobilier, la patronne de l’hôtel local, une italienne divorcée venue vendre une maison. Et l’on peut se prendre à croire que Serge va réellement remonter sur les planches…
Avec Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Maya Sansa
Mon humble avis : Dur pur bonheur, avant, pendant, après... je m'explique pour le "avant" et le "après"... J'ai vu ce film en avant première, il y a un moment déjà, en décembre... En présence de Fabrice Luchini et de Philippe Le Guay. Les deux compères étaient présents avant et après le film. Avant, nous avons eu droit à du grand Luchini qui nous a présenté le film à venir... Et après, des questions, des réponses et une déclaration de Luchini à moi, après ma 3ème question : et bien jeune dame, il y a un lien entre vous et moi ! (Bon pour le "jeune dame", j'étais en fond de salle, il n'a pas du bien voir). J'étais toute chose, moi qui m'étais lancé le défi de questionner Luchini mais en "flippant grave", car Luchini, c'est tout de même une sacrée pointure !
Bon le film. Un régal pour de multiples raisons...
L'ïle de Ré hors saison mais plutôt par beau temps
La rencontre de deux grands acteurs de théâtre : Lambert Wilson et Fabrice Luchini
La (re)découverte d'une partie du Misanthrope de Molière... A la fin du film, on est prêt à déclamer certains extraits à voix haute et par coeur, à la perfectiiiiiion ! Le scénario est un reflet actuel de l'histoire réelle du misanthrope
Un film où nous (en tout cas moi) profanes devant le temple théâtrale classique, découvrons la rigueur nécessaire à l'apprentissage de ces textes, et les mille et une versions qui peuvent d'écouler d'une variation d'un timbre de voix, du déplacement d'une virgule etc.
Philippe La Gay (à qui l'on doit l'assez récent et savoureux "Les femmes du 6ème étage", mélange ici les genres avec un talent admirable : le théâtre classique et le cinéma contemporain. Il offre à son comédien fétiche (Luchini), un rôle à la mesure de sa démesure, un personnage que l'on aime et qui sait se faire détester, un personnage qui dit tant d'un simple sourire (narquois ?) ou d'un roulement d'yeux. Luchini montre ici les deux facettes du métier de comédien qui maîtrise : homme de théâtre et de cinéma. Personnellement, j'adore. Qui plus est, on rit beaucoup dans ce film. Tourner une comédie sur fond de Misanthrope tout en respectant l'oeuvre et en rendant hommage à la langue française, en voilà une idée judicieuse ! Alors se cultiver et rire en même temps, il faudrait être fou pour échapper à cette punition !!!