LES ADOPTES, film de Mélanie LAURENT
Publié le 30 Novembre 2011
Synopsis : Une famille de femmes que la vie a souvent bousculée mais qui est parvenue avec le temps à apprivoiser les tumultes. Les hommes ont peu de place dans cette vie et naturellement quand l'une d'entre elle tombe amoureuse tout vacille. L'équilibre est à redéfinir et tout le monde s'y emploie tant bien que mal. Mais le destin ne les laissera souffler que peu de temps avant d'imposer une autre réalité. La famille devra alors tout réapprendre. La mécanique de l'adoption devra à nouveau se mettre en marche forçant chacun à prendre une nouvelle place...
Avec Mélanie Laurent, Clémentine Célarié, Denis Ménochet,Marie Denarnaud
Mon humble avis :Pour un premier film, "Les adoptés" est franchement bluffant de maîtrise, de maturité. On peut dire que tout réussit à Mélanie Laurent, à moins que ce soit elle qui réussisse tout : actrice, chanteuse, réalisatrice, réputation grandissante et gage de qualité.
Ce film commence avec une certaine légèreté sur un sujet qui peut être grave, tout dépend de la façon dont on l'observe : La peur d'aimer, de laisser de la place à l'autre dans sa vie, la peur de l'échec amoureux qui paralyse et par dessus tout, des relations familiales fusionnelles et donc très encombrantes. Ici, c'est Lisa (mélanie Laurent) qui voit d'un très mauvais oeil l'amour naissant entre sa soeur Marine et Alex. Lisa craint le changement, ne veut pas perdre sa confidente, sa meilleure amie, son autre, tout ce qu'elle a mis en une seule personne : sa soeur. Ce n'est pas de la jalousie, c'est au delà.... On est dans la relation exclusive, qui empêche l'un des êtres de s'épanouir et de prendre son envol. Et puis c'est aussi un film sur ce que l'on voulait devenir et que l'on n'est pas devenu, même si l'on s'en sort pas trop mal, en apparence. Ca, ça me rentre droit dans le coeur.
Mélanie Laurent a su filmer cela avec intelligence et un immense talent. J'ai vraiment aimé le regard de sa caméra, soit dans les ralentis, dans les flous, ainsi que les sons qui signifient l'overdose et l'isolement. Beaucoup d'humour dans la première partie du film qui pourtant nous montre l'intime amoureux ou douloureux, l'euphorie comme le désarroi.
Et puis le film bascule avec un drame. Chaque personnage doit alors se reconstruire, se réorienter, s'accepter, se reconnaître, s'adopter soit même, adopter l'autre. S'ouvrir à une vie différente que celle entrevue quelque temps avant et surtout s'unir. Alors les barricades vont se baisser. Et "Les adoptés" devient très émouvant, lacrymal ou bouleversant suivant votre caractère. Mais le cri et la détresse de Mélanie Laurent lorsque le chariot s'en va me restera longtemps en mémoire, tout comme la douleur plus silencieuse de Denis Ménochet. Curieux, cet acteur, je l'avais trouvé assez répugnant il y a quelques semaines dans le film Le Skylab. Et là, il m'est apparu touchant et beau, j'avais envie de le prendre dans mes bras, et qu'il me prenne dans les siens. C'est étrange d'inspirer autant de sensations contradictoires. C'est sans doute à cela que l'on peut reconnaître un excellent acteur.
D'ailleurs, chaque comédien participe à la réussite de ce film, et j'ai été ravie de revoir Clémentine Célarié, malgré sa chevelure blond platine ! Clémentine est toujours à vif, ces larmes coulent tellement vrai, comme ces coups de gueule sur les plateaux télé viennent du fond du coeur !
Le scénario est bien plus subtile que le synopsis peut le laisser présager et la fin n'est pas forcément celle qu'on prévoit. Mais elle est si pleine de symboles que l'on en est tout retourné. Mélanie Laurent nous offre ici un film intelligent, original, créatif. Entre fraicheur, douceur et brutalité de la vie. Le genre de film qui laisse une emprunte indélébile** avec des personnages que l'on ne peut qu'adopter !
** C'est mon avis au moment où j'écris cette chronique, 24h après avoir vu le film. Pour vérifier l'appropriation du terme "indélébile", réinterrogez moi sur mon ressenti dans un an !