RIEN NE S'OPPOSE A LA NUIT, de Delphine de VIGAN
Publié le 29 Octobre 2011
Roman - Editions J.C Lattès - 437 pages - 19 €
Parution en août 2011
RENTREE LITTERAIRE SEPT 2011
L'histoire : En 2008, Delphine de Vigan retrouve sa mère morte. Suicidée après des années de yoyo.... Lucille avait été diagnostiquée bipolaire à l'âge de 30 ans...
Le besoin d'écrire sur sa mère est devenu alors aussi incontournable que douloureux. Ce sont des mois d'enquête auprès des membres de sa famille qui ont aidé Delphine de Vigan àdresser ce portrait de sa mère, depuis sa petite enfance jusqu'au geste fatal. Un portrait de famille en même temps, une famille de silence et marquée par la fatalité (plusieurs décès d'enfants, de suicides...) Et au milieu de tout cela, Delphine et sa soeur qui grandissent trop vite au grè des crises de folies et des internements de leur mère.
Ce n'est pas un roman, mais c'est construit comme tel. Et c'est une vérité, celle de l'auteur et pas forcément La vérité. Beaucoup d'amour, de questions, et de douleur, le tout en pudeur;
Tentation : Un nouveau livre de Dephine de Vigan est incontourable !
Fournisseur :Price Ministerpour la match de la rentrée, merci pour l'envoi ! Et merci à Rémi Gonseau qui a du s'arracher les cheveux pour envoyer les bons livres au bonnes personnes !
http://www.priceminister.com/blog/les-matchs-de-la-rentree-litteraire-blogueurs-a-vos-livres-1334
Mon humble avis :Après une longue enquête auprès de ces oncles et tantes, des écoutes de cassettes, des visionages de film, des lectures de lettres retrouvées, Delphine de Vigan dresse ici son portrait de sa mère et livre ainsi son manuscritle plus intime. Il n'est de roman que la forme narrative et la construction, remarquable d'ailleurs, de ce livre : Alternance de souvenirs et de faits qui ont traversé la famille Poirier et d'intervention de l'auteur. Delphine de Vigan confie alors ses doutes sur sa légitimité face à ce projet, ses difficultés dans la rédaction de souvenirs qui ne sont parfois pas les siens, de la crainte de s'éloigner de sa mère à trop vouloir s'en approcher, de la trahir.
La première partie, l'enfance et l'adolesence de Lucille, est plus descriptive. Delphine de Vigan n'était pas née. Au début, je me suis même amusée à comparer cette famille à celle de ma soeur qui comporte aussi 9 enfants. Mais les similitudes s'arrêtent là car Dieu soit loué, la tragédie ne s'acharne pas chez ma soeur. Alors que chez les Poirier, c'est une autre histoire. En remontant si loin dans la vie de sa mère, Delphine de Vigan souhaite découvrir si , oui ou non, sa mère était prédestinée à la vie et la maladie qu'elle a vécu, si un événement précis l'a ammenée, des années plus tard, au geste fatal.
La deuxième partie est plus émotionnelle, Delphine de Vigan est présente dans la vie de Lucille et témoin. Elle voit, subit, prend en charge, prévient, devine lorsque sa mère va dérailler pour cause de bipolarité. Et là, certains passages sont très durs à supporter. On constate non seulement les effets d'une telle maladie sur le patient, mais aussi les conséquences directes et indirectes sur l'entourage. Franchement, je me demande comment les enfants de Lucille sont parvenus à ce construire tout de même dans un environnement aussi mouvant et destructeur. Chapeau, cela témoigne d'une sacrée force de caractère, de résistance.
Dephine de Vigan ne se "cache" plus dans des personnages comme dans ces romans précédents. Elle raconte sa famille, le meilleur et le pire : les suicides, les maladies, l'inceste.... Le tout avec une certaine pudeur, mais sans voile non plus. Assez de ce silence qui a tellement détruit !
L'écriture est très méticuleuse, comme si chaque mot avait été scrupuleusement pesé avant d'être posé à la place exacte. Manifestement, il s'agit d'un livre thérapeutique pour l'auteur. Après, on adhère ou pas à ce genre littéraire, on se sent parfois gêné ou pas de savoir certaines choses. Cependant, ce livre est avant tout un témoignage sur des choses importantes, sur les dégâts du silence, sur ce qui est tu et qui tue.
J'ai mis 4 étoiles tant ce livre est maîtrise et l'hommage rendu à la mère qui se bat magnifique. Mais il m'a sacrément remuée, voire parfois mise mal à l'aise. Au début, on est presque dans une chronique familiale classique. Et puis, au fil des pages, une boule se forme dans votre ventre et monte, monte jusque dans votre gorge.
Ce n'est pas un livre que j'ai dévoré, tant l'oppression m'a parfois demandé des temps de respiration, et les horreurs que je lisais nécessitaientquelque "digestion". Rien ne s'oppose à la nuit n'est pas pour moi un livre pour lequel on peut déborder d'enthousiasme joyeux. Mais l'émotion et le talent sont là et ce livre peu ordinaire amène la réflexion. C'est une oeuvre qui mérite lecture et succès, l'énorme succès qui le porte.
L'avis de Clara, de Sandrine, de Gambadou, de Mango , de Canel