LES INNOCENTES, film d'Anne FONTAINE
Publié le 17 Février 2016
Film d'Anne Fontaine
Avec Lou de L'Aâge, Vincent Macaigne, Agata Buzek
Synopsis : Pologne, décembre 1945.Mathilde Beaulieu, une jeune interne de la Croix-Rouge chargée de soigner les rescapés français avant leur rapatriement, est appelée au secours par une religieuse polonaise.D’abord réticente, Mathilde accepte de la suivre dans son couvent où trente Bénédictines vivent coupées du monde. Elle découvre que plusieurs d’entre elles, tombées enceintes dans des circonstances dramatiques, sont sur le point d’accoucher.Peu à peu, se nouent entre Mathilde, athée et rationaliste, et les religieuses, attachées aux règles de leur vocation, des relations complexes que le danger va aiguiser...C’est pourtant ensemble qu’elles retrouveront le chemin de la vie.
Mon humble avis : Il faut savoir que ce drame est inspiré d'une histoire vraie...
"Les innocentes" est un film magnifique, bouleversant, poignant et terriblement troublant. Encore un récit qui fait froid dans le dos. Si je suis allée voir ce film, c'est aussi parce que l'une de mes jeunes nièces est entrée dans les ordres il y a un peu plus de deux ans. Et, en tant que proche, on s'interroge toujours pour comprendre mieux, différemment, connaître, s'approcher, partager. Les Innocentes permet entre autre de pénétrer dans la clôture, l'intérieur du couvent interdit au public, qu'il soit familial ou autre. De voir la vie des soeurs de l'intérieur.
Neuf mois avant ce mois de décembre 1945, soldats allemands puis russes ont envahi le couvent, violant la plupart des soeurs. Sept d'entre-elles se retrouvent enceintes. Alors bien sûr, ce film montre une fois de plus la cruauté humaine, la bestialité masculine. Mais surtout, par les dialogues subtils entre la jeune infirmière et les soeurs, il permet une réelle réflexion sur la foi, la vocation, les voeux prononcés par les soeurs et surtout, sur et la maternité. Imaginer ces femmes, vierges pour la plupart, faisant don de leur corps à Dieu et, sans doute après un long cheminement, ayant renoncé à la maternité se retrouver enceintes dans de tels circonstances, et bien c'est juste odieux.
Les dogmes de l'église et certaines croyances sont tout aussi révoltants à entendre pour l'athée que je suis, quand ces viols sont expliqués par la Mère Abbesse à peu près par ces mots "C'est Dieu qui l'a voulu, il faut apprendre des épreuves que Dieu met sur notre route" etc... Pour moi, ça reste intolérable et incompréhensible, comme cette notion d'obéissance totale à cette Mère Abesse. Cette obéissance là est pour moi inconcevable, je la perçois comme de la soumission.
Deux reproches pour moi envers ce film. Certains dialogues puissants et sans doute d'importance première sont trop murmurés (en plus avec l'accent polonais) pour être bien saisis par le spectateur. Enfin, les soeurs se ressemblant toutes très fort avec leur voile, il est difficile les reconnaitre et donc de suivre leur parcours individuel. Car, sans trop dévoiler le film, on peut dire que chacune d'entre elles aura une réaction différente devant cette maternité imposée. Enfin, il faut aussi préciser que la relation qui unie la jeune infirmière aux soeurs évolue toujours et est juste lumineuse, magnifique et bien sûr, toute en pudeur, délicatesse et intensité.
A voir, sans hésiter, si vous aimez être amenés à certaines réflexions intimes et personnelles.