LES AEROSTATS, d'Amélie NOTHOMB
Publié le 10 Septembre 2020
Roman - Editions Albin Michel - 175 pages - 17.90 €
Parution le 19 août 2020 : Rentrée Littéraire
L'histoire : A 19 ans, Ange est étudiante en philologie à Bruxelles. Pour financer ses études, elle devient "répétitrice de français pour Pie, un lycéen aussi étrange que sa famille. Le père de celui-ci espère qu'Ange parviendra à guérir la dyslexie de son fils. Car oui, apparemment Pie ne sait pas lire...
Tentation : L'insupportable impatience annuelle !
Fournisseur : Ma CB
Mon humble avis : Mais oui, il est là le cru 2020 de ma chère Amélie Nothomb ! Je me suis d'ailleurs ruée en librairie le jour de sa sortie pour l'acquérir et le lire dans la foulée, avec délectation. Mais j'ai tardé à rédiger mon billet, un long weekend de mariage et deux semaines à plat total avec moult symptômes covidiens... Mais finalement trois tests négatifs... L'énergie revient, au travail, même si de ce fait, ce n'est plus une chronique à chaud mais avec ce le temps accorde à la mémoire.
Amélie Nothomb revient au style littéraire du conte cruel, style qui lui convient tant puisque son imagination pour l'illustrer ne faiblit jamais. Cet opus est très dialogué, et on y retrouve avec plaisir l'art Nothombien des dialogues qui disent tant tout en semblant décalés, mais sans détours. La verve de mon autrice favorite y est toujours aussi jubilatoire. Sauf que dans les passages narratifs, cette année, j'ai déploré l'usage excessif et répétitif des auxiliaires "être" et "avoir", ce qui évidemment alourdit la plume, où lui donne un aspect simpliste. Dommage, la langue française fourmille de vocables formidables et variés qu'Amélie Nothomb maîtrise pourtant à merveille.
Avec Les aérostats, Amélie Nothomb dresse un formidable éloge à la littérature et ses pouvoirs magiques, n'ayons pas peur des mots : La littérature, la lecture sont libératrices, sources de curiosité, de savoir, d'émotions, de réflexions. Elle permette de prendre de l'altitude pour se sauver, s'échapper de soi-même, du quotidien, de l'ignorance, de l'encéphalogramme plat ! L'initiation au bonheur de la lecture n'est pas uniquement de la responsabilité scolaire... Les parents ont aussi un rôle à jouer, un rôle de stimulation de leur progéniture. On aime un livre qui nous intéresse, et c'est au-delà du jugement moral, la littérature n'étant pas destinée à mettre tout le monde d'accord. L'important est le plaisir éprouvé.
Ange impose des lectures classiques à son élève. On s'attend à un clash mais en fait, c'est une révélation. Pie lit donc Le Rouge et le Noir, l'Illiade et l'Odyssée et bien d'autres ouvrages. Et j'avoue, ses réactions et argumentaires si sont vivants, si contemporains et modernes, si clairvoyants, si animés qu'ils m'ont donné envie de lire ou relire certains de ces ouvrages. Ces passages provoquent une certaine ivresse de lecture.
Les jeunes (ou les plus âgés) qui ne lisent pas sont en déficit de réalité. La littérature est d'une aide fabuleuse, mais attention aussi de ne pas la prendre au pied de la lettre. La littérature ne se substitue pas non plus à la vie réelle... Si c'est le cas... Attention danger ! La vie, comme la jeunesse, s'apprend... dans les livres mais aussi dans les expériences.
C'est de tout cela (et de bien d'autres sujets) dont il est question dans Les aérostats, modelé dans une forme romanesque caractéristique de l'écrivain. Une fois de plus, le personnage sont hauts en couleur... de pathétisme... La mère de Pie brille particulièrement dans cette catégorie : elle collectionne des objets via internet... Des objets qu'elle ne possède jamais en main propre. C'est une cruelle mais réaliste allégorie de notre époque où nombreux sont ceux qui collectionnent du vide, du virtuel... Ce qui n'existe pas mais qui les mène à l'extase !
Pour conclure donc, encore un très bon Nothomb qui se lit d'une traite pour un réel plaisir chaque année renouvelé !
"On n'habite pas toujours au même étage de soi-même"