KINDERZIMMER, de Valentine GOBY
Publié le 9 Novembre 2021
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Roman - Editions Thélème - 6h11 d'écoute - 18.99 €
Parution Acte Sud 2013, Thélème 2014
L'histoire : 1944... Après son arrestation, et un séjour en prison, Mila Suzanne est envoyée dans le camp de Ravensbrück, comme prisonnière politique. Dans ce camp sont regroupées 40 000 femmes. Mila est enceinte... Quelques mois plus tard, elle découvre l'existence de la Kinderzimmer, une pièce froide et sombre dévolue aux quelques nourrissons... Dont rares sont ceux qui survivent au delà de trois mois. Avec ses compagnes d'infortunes, Mila fera son possible pour éviter l'inévitable.
Tentation : La blogo à l'époque de la sortie du roman
Fournisseur : La bib de Rennes
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Mon humble avis : Il m'en a fallu du temps pour oser ouvrir (en l'occurrence ici écouter) ce roman, tant le sujet m'effrayait.
Pourtant, c'est l'effroi qui m'a accompagné tout au long de ma lecture qui n'a pas été confortable du tout, mais je dresse l'oeuvre de Valentine Goby au rang de coup de coeur, tant il magistralement mené, rédigé, réussi. A mes yeux, c'est un pur chef d'oeuvre de littérature. Admirable de maîtrise... Ceci se dirige aussi vers Paulien Huruguen qui interprète ce texte avec douceur et pudeur.
Valentine Goby nous plonge en immersion complète dans un camp de femmes en Allemagne. Je tairai ici les détails de la vie, ou plutôt de la survie (pour les plus chanceuses et résistantes) de ces femmes. C'est inimaginable, innommable, inhumain, c'est l'enfer sur terre. Je m'en doutais et le savais déjà par mon instruction, mais ici, via les mots de Valentine Goby, se sont moults images qui se sont incrustées dans mon crâne. Il y a l'horreur... Mais il y a aussi une sorte de beauté qui en ressort... C'est le courage de ses femmes, leur fraternité, les petites choses qui les font tenir, la forme de résistance pour ne pas appartenir complètement au camp et aux Allemands, les ruses et privations pour gratter une tranche de pain ou la donner à une amie malade. Cacher les faiblesses pour ne pas devancer la mort et/ou être achevée. La mie de pain qui ne sera pas mangée de suite pour être transformée en statuette et être offerte en cadeau à Noël...
Impossible de rendre compte en quelques lignes de la puissance, de l'émotion qui émanent de ce roman qui nous tient aussi prisonniers, presque malgré nous, tant on ne se sent évidemment pas bien dans ces pages.
On sait dès le début que Suzanne/Mila sortira vivante de ce camp, puisque le roman s'ouvre sur son personnage, des décennies plus tard, alors qu'elle court les lycées et collèges pour offrir son témoignage.
C'est un livre mémoire collective à lire absolument, pour ne pas oublier, pour que "plus jamais ça"... On paraît à l'abri en Europe, mais dans d'autres contrées du monde, que se passe-t-il ?
Un roman qui, une fois de plus, fait énormément relativiser nos tracas personnels ou collectif... Ca me fait bien "rire" quand, à propos du Covid 19 et des confinements ou restrictions sanitaires, on parle de nos jeunes comme d'une génération sacrifiée... sans même regarder le présent, en Irak, en Syrie par exemple.
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