QU'A JAMAIS J'OUBLIE, de Valentin MUSSO

Publié le 5 Septembre 2022

Thriller - Editions Points - 333 pages - 8.40 €

Parution Points : Mai 2022 (Seuil 2021)

L'histoire : Nina Kircher, veuve d’un photographe mondialement célèbre, séjourne dans un hôtel de luxe dans le sud de la France. Son destin bascule lorsque, sortant de la piscine où elle vient de se baigner, elle s’engage dans les pas d’un homme jusqu’à son bungalow puis, sans raison apparente, le poignarde avec une violence inouïe, avant de s’enfermer dans un mutisme complet. Pour tenter de comprendre cet acte insensé, son fils Théo décide de mener sa propre enquête. Jusqu’à découvrir des secrets inavouables...

Tentation : Le pitch + nom de l'auteur

Fournisseur : Ma CB 

 

Mon humble avis : En début d'année, j'avais "découvert" Valentin Musso avec cet éprouvant et rondement bien mené thriller "Une vraie famille". Aussi, en parcourant la 4ème de couv de "Qu'à jamais j'oublie", je pensais y retrouver la même atmosphère très oppressante. Et bien non ! Je dirais qu'ici, il ne s'agit pas vraiment d'un thriller, mais d'une enquête dans les méandres et les secrets d'une famille et surtout d'une femme, Nina Kircher. On va dire que le danger et l'horreur sont passés, mais que les conséquences ressurgissent des décennies plus tard. Alors oui, il y a du suspense, et oui, les pages se tournent très bien... Et oui, le lecteur est tout de même bouleversé par ce qu'il lit et apprend.

Pour écrire ce roman, Valentin Musso s'est appuyé sur une terrible réalité historique, je pense méconnue en France... Au XXème siècle jusqu'en 1981, en Suisse, il y a eu au moins 60 000 personnes internées administrativement et arbitrairement, sans qu'aucun crime ni délit n'ait été commis et sans jugement... Il suffisait d'être pauvre, d'être "rebelle" ou "dépravée, d'avoir fugué, d'être mendiante etc... Les internements soient disant éducatifs se faisaient dans des conditions inhumaines d'humiliation, de servitude, de manque de soin, de maltraitance et ... d'abus sexuels.

Lorsque Théo commence son enquête pour découvrir pourquoi sa mère a brutalement et à priori sans raison assassiné un homme inconnu de sa famille, il découvre assez vite que sa mère fut l'une de ces internées à la fin des années 60. Des flash-backs nous ramènent à l'époque dans le foyer Sainte Marie et nous donnent quelques longueurs d'avance sur Théo. Tout comme Théo, nous allons de révélations en stupéfactions devant les horreurs commises et le sort de ces pauvres jeunes filles sans défense, abandonnées de tous, et surtout de leurs familles, blessées ou détruites à vie.

Valentin Musso développe donc le pourquoi du comment de ces institutions d'alors (mais c'était tout de même il n'y a pas si longtemps), décrit leur fonctionnement et leur soi-disant utilité sociale. C'est donc la violence faites aux femmes que l'auteur dénonce ici, tout en prouvant que, malgré le silence des uns et l'aveuglement des autres, les conséquences, parfois faussement latentes toute une vie sous le poids du secret, mettent parfois des décennie à exploser. Valentin Musso s'emploie aussi à démontrer l'impact, bien souvent inconscient, des secrets de famille sur les enfants.

Des divulgations jusqu'au bout, pour le pauvre Théo qui découvre que toute sa vie n'est basée que sur le mensonge, au nom du secret et des promesses. C'est franchement chamboulant, bien mené, et hélas, tristement instructif sur une époque pas si lointaine.

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Thrillers - polars français

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P
J'aime beaucoup Valentin Musso. Je lirai donc ce roman. Je crois que je suis en retard dans ses lectures. Il doit m'en rester un ou deux à lire. Si tu ne l'as pas lu, je te conseille vivement "Les cendres froides" que j'ai adoré.
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L
Comme toi je ne connaissais pas ce fait social. Cela me donne envie de lire ce roman.
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G
Je peux te le prêter si tu veux ;)