DES JOURS MEILLEURS, film d'Elsa BENNETT & Hippolyte DARD
Publié le 1 Mai 2025
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Film d'Elsa Bennett et Hippolyte Dard
Avec Valérie Bonneton, Clovis Cornillac, Michèle Laroque, Sabrina Ouazani
Synopsis : A la suite d’un accident de voiture, Suzanne perd la garde de ses trois enfants. Elle n’a plus le choix et doit se soigner dans un centre pour alcooliques. A peine arrivée, elle y rencontre Alice et Diane, deux femmes au caractère bien trempé… Denis, éducateur sportif, va tenter de les réunir autour du même objectif : participer au rallye des Dunes dans le désert marocain. Il devra s’armer de beaucoup de patience et de pédagogie pour préparer cet improbable équipage à atteindre son objectif.
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Mon humble avis : La Bande annonce laisse un peu penser à une comédie, que nenni. Ce film n'en n'est pas une, même si quelques situations ou bons mots comiques détendent l'atmosphère... tendue... Car tout au long du film, on sent qu'on est sur un fil, que la situation collective ou individuelle de l'une de ses femmes pourrait basculer d'un instant à l'autre... Chacune d'entre elle et toutes ensembles, elles sont une poudrière. Même la sororité qui s'installe entre elles semblent pouvoir voler en éclat à chaque instant.
Des jours meilleurs est un film dur, magnifique et bouleversant sur l'alcoolisme des femmes (sujet plutôt tabou...) qui est plus caché, à l'abri des regards et qui, socialement, semble plus "condamnable" que celui des hommes.
J'ai trouvé l'ensemble et les détails fichtrement bien ficelés. On n'est pas jamais dans la caricature. Les origines, les âges, les situations personnelles et les CSP de toutes ces femmes sont si variés que cela démontre bien que l'alcoolisme peut toucher tout le monde, quelle que soit la classe sociale. Le déclencheur de cet alcoolisme varie aussi d'une femme à l'autre, mais les conséquences sont les mêmes.
S'il n'y avait pas ce projet de participation à ce fameux rallye du désert, on pourrait être dans une chronique sociale. Mais finalement, cette idée de rallye qui peut paraître farfelue sur le papier s'intègre autant dans le film que dans la démarche de chacun de personnage, dans la démarche de résilience... Donner un but, l'atteindre ou pas, faire équipe, se dépasser... Etre loin de son quotidien... Se relever.
Tout est dit et montré avec justesse, délicatesse et respect. Sans jugement. On ne peut que déplorer et se sentir impuissants devant le mal être des personnages, et admiratif devant le combat que chacune doit mener contre elle-même, contre la maladie... puisque le film le rappelle : l'alcoolisme, comme toutes les addictions, est une maladie.
Toutes ces femmes passent devant la caméra pour un face à face avec la psychiatre, que l'on ne voit pas. Elles sont donc face caméra et témoignent avec un naturel poignant de leur chemin dans l'alcoolisme. D'ailleurs, nombre des rôles secondaires sont d'anciennes femmes alcooliques qui racontent donc leur propre histoire. Toutes sont bouleversantes.
Et que dire de Valérie Bonneton qui est là où on ne l'attend pas et où on ne la voit quasiment jamais. Elle est d'une justesse incroyable et montre qu'elle peut être plus que brillante et saisissante de vérité loin du rôle de la femme bavarde qu'on lui donne souvent. Pour moi, elle est vraiment LA révélation de ce film.
Que dire d'autre sinon que "des jours meilleurs" devrait être vu par le plus grand nombre possible, au féminin comme au masculin... Car oui, c'est aussi un film qui, sans être moralisateur, fait réfléchir sur notre propre consommation d'alcool, et la place que celle-ci prend en société, pour ce qui est de l'alcoolisme dit "mondain", trop souvent ignoré que ce soit par les individus, ou l'entourage.
Chapeau, j'ai adoré ce film courageux et nécessaire qui m'a captivée, touchée, embarquée, émue. Et ce soir, j'aurais pu, mais je n'ai pas pris d'apéro