Mon humble avis : "Encore" un road movie... je dis "encore" car il n'y a pas si longtemps, je voyais le film "On ira" . Dans ce dernier, le voyage était "motivé" par la fin de vie, l'envie d'en finir avec la maladie, la douleur etc. Ici, dans Une pointe d'amour, c'est l'envie de vivre avant qu'il ne soit trop tard qui signe le top départ de ce voyage pour ce trio improbable : un repris de justice, son avocate et le meilleur ami de celle-ci. Tous les deux en fauteuil roulant... Mais ils ont pour eux la jeunesse.
Les deux films s'attaquent à des sujets tabous... le premier : la fin de vie... Le deuxième, l'amour, la sensualité, le désir, la sexualité chez les personnes en situation de handicap physique. On ne peut que saluer ces démarches.
Le sujet est ici traité avec pudeur, délicatesse, tendresse, bienveillance, un peu d'humour (juste ce qu'il faut) et plein d'amour, pas qu'une pointe !
Le film ne m'a pas bouleversée, mais il m'a beaucoup touchée. Si j'ai par moment regretté un certain manque de rythme, et un scénario un tantinet timide, j'ai été complètement conquise par ce trio d'acteur. Une telle osmose, chacun a sa place mais aucun ne tenant sans l'autre. Julia Piaton, on la voit de plus en plus et c'est tant mieux, car on sent qu'elle aime ses personnages et qu'elle leur donne toute son énergie. Sa beauté naturelle, pleine de charme, loin des stéréotypes est pour moi un réel atout. Quentin Dolmaire, je ne le connaissais pas. Il joue si bien que pendant le film, je me demandais s'il n'était pas réellement tétraplégique. Quant à Grégory Gadebois en repris de justice, faux infirmier et vrai chaperon malgré lui... Que dire, pour moi, il devient au fil des films un pilier du cinéma français. Discret, mais bien pilier. Son nom sur une affiche suffit à me faire entrer en salle, "les yeux fermés". D'ailleurs, ce rôle a été écrit spécialement pour lui, donc logique qu'il lui aille autant comme un gant.
Luca, son personnage, évolue avec ses deux comparses sans jamais s'appesantir de leur condition, sans déployer en empathie démesurée. Il s'occupe d'eux évidemment, les porte etc... Mais jamais il ne les regarde comme des personnes handicapées.
Ce film montre avec justesse que le sentiments et l'amour, que l'on soit valide ou en fauteuil, sont toujours source de questions, de doutes, de détresses, de joie, de bonheur, de partage... Sauf que pour les personnes en fauteuil et dépendant, il y a une peur supplémentaire de rejet et surtout, la difficulté physique et matérielle du passage à l'acte.
Malgré mes tous petits reproches, ce premier film salutaire et utile et une réussite, bien agréable à regarder.