ZEBRASKA, d'Isabelle BARY

Publié le 10 Juin 2020

Zebraska, littérature, roman, autisme, HP, HPI, HQI, THQI, avis, blog, chronique, zèbre, enfant zèbre

Roman - Editions J'ai Lu - 313 pages - 7.10 €

Parution de cette version revue et augmentée chez J'ai Lu le 4 mars 2020

L'histoire : Nous sommes en 2055, Martin à 15 ans. Depuis longtemps, les livres n'existent plus. Et pourtant, à Noël, sans grand-mère lui en offre un. Tout d'abord réticent, Martin plonge dedans... dans une aventure extraordinaire dont le héros est son père, e père qu'il va enfin pouvoir décoder et comprendre... Et surtout, il va découvrir ce qui a mener le monde à La Grande Bascule, en 2025. Cette seule date présente dans l'Histoire, date qui a ouvert sur un monde différent... Ou, les enfants comme lui, HP, HPI, HQI, THQI ne sont plus moqués ni isolés, mais pris en charge et mené sur le meilleur chemin. Oui, ces enfants sont désormais partie intégrante de la société et leur capacités et particularités sont autant appréciées que recherchée.

Tentation : Couv et pitch

Fournisseur : Ma CB juste déconfinée !

 

 

Mon humble avis : Le "Zebraska" est le pays (imaginé par l'écrivaine Belge) où vivent enfants et adultes différents : Les Zèbres, ces personnes qui sont HPI (Haut Potentiel intellectuel), HP, HQI ou THQI (très haut quotient intellectuel qui présentent des comportements différents, "faute" d'adaptabilité à la norme.

Quel étrange (mais délicieux) roman ! Qui pourrait entrer dans tant de cases littéraires que du coup, aucune ne lui suffit. Il y a de l'anticipation, du témoignage, de l'initiatique etc... Et qui plus est, un roman dans le roman.

C'est Martin que l'on écoute, qui nous narre son histoire. Il a 15 ans et est HP, Haut Potentiel. Mais en 2055, cela n'est plus un souci puisque particularités, singularités ne sont plus écartées, ni montrées du doigt, ni moquées. Du coup, la vie est bien plus simple pour tout le monde, bien plus heureuse même. D'ailleurs, le meilleur ami de Martin est normo-pensant. Depuis 2025 et la fameuse Grande Bascule, le vivre ensemble est enfin réalité. L'époque semble idéale... Sauf que les livres n'existent plus : En effet, ceux ont la fâcheuse tendance à faire réfléchir et rêver. On est donc heureux mais sans penser vraiment, on ne rêve plus, et la première date de l'Histoire est 2025. Plus de passé, plus de racines, plus de souvenirs individuels ou collectifs qui permettraient d'éviter de refaire les mêmes erreurs, ou de courir vers les mêmes cataclysmes. Voilà l'arrière-plan du roman.

Nous vivons le quotidien serein de Martin, malgré le fait qu'il soit HP. Malgré le fait que Martin aimerait souvent débrancher le monde, et mettre son cerveau sur pause pour en finir avec toutes les questions qu'il se pose sur tout. Et un chapitre sur deux, celui-ci est interrompu par sa lecture de chapitre du fameux roman offert par sa grand-mère... Ce livre est en fait une biographie de son père, qui fut aussi enfant HPI (Haut Potentiel Intellectuelle), mais dans une toute autre époque... Une époque où les parents courraient de médecins, en psy etc pour trouver de l'aide. Une époque ou hommes et femmes débordaient de tout et supportait toutes les précisions, notamment celle de devoir tout mener de front et d'atteindre la perfection partout. Mamiléa raconte donc l'enfance de Thomas. Une période cauchemardesque pour Thomas rejeté de tous, et infernale pour Mamiléa qui vivait entre détresse, désespoir, menus espoirs, incompréhensions sociales.

Martin découvre ainsi ce que fut son père dans sa jeunesse et comprend alors ce qu'il est maintenant, le rapprochement et une certaine connivence sont désormais possible. Mais Martin s'interroge : pourquoi son père a-t-il tant souffert d'être HPI, alors que lui le vit très bien. Tout simplement parce que Martin a la chance de vivre dans une époque bienveillante, qui s'adapte à tous, et qui a compris que les singularités sont une chance, une richesse. Ceci, parce qu'il y a eu la Grande Bascule, à découvrir dans ces pages.

Evidemment, Martin et Thomas sont HPI, mais ils sont ou peuvent être aussi TSA (dans le Spectre Autistique), même si ces mots ne sont pas usités par la romancière. Certains symptômes et manifestations comportementales peuvent le laisser penser.

Ce roman est vraiment dense en sujets de réflexion. Il est autant doux qu'éprouvant à lire, puisqu'il permet de se mettre dans la peau d'une mère d'un enfant différent. A ce titre, Zebraska est très instructif. Tout cela est conté avec une grande franchise, sans langue de bois, mais aussi avec beaucoup d'amour, de tendresse et de délicatesse. 

De nombreux sujets ont fait écho par rapport à la période que nous traversons, ou le monde semple prêt à imploser et ou circule un fichus virus qui met tout à terre ou presque... Depuis le début du confinement, on a parlé du jour d'après, de la vie d'après enrichie par ce traumatisme mondial... Le monde doit changer, et la Grande Bascule imaginée par la romancière a eu lieu en 2025.... Autant dire demain ! 

Certes, Isabelle Bary décrit les années 2050 comme idyllique, mais comme elle le précise, il y manque les livres, la mémoire, l'Histoire et le rêve... Donc l'équilibre n'est pas encore parfait... Reste à trouver le juste milieu, ou plutôt la voie du milieu pour parvenir à une ère harmonieuse et intelligente. Un roman plein d'espoir !

 

Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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L
on peut rêver, du jour où toutes les différences seront acceptées dans notre société. Je trouve qu'il y a des progrès mais sans doute pas assez encore.
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A
Je n'avais pas entendu parler de ce livre mais l'idée de l'intrigue me plaît bien. Bon, moi ma CB a déjà bien chauffé côté livres mais je devrais pouvoir trouver ça à la bib'.
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K
Pourquoi pas? Je ne connais l'expression zèbre que depuis peu, pourtant j'ai dû en rencontrer.
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C
C'est tentant ! je ne connaissais pas du tout ! <br /> Je prends note et te remercie pour la découverte.<br /> Bonne journée !
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