L'ECUME DES JOURS, film de Michel GONDRY
Publié le 28 Avril 2013
Synopsis : L’histoire surréelle et poétique d’un jeune homme idéaliste et inventif, Colin, qui rencontre Chloé, une jeune femme semblant être l’incarnation d’un blues de Duke Ellington. Leur mariage idyllique tourne à l’amertume quand Chloé tombe malade d’un nénuphar qui grandit dans son poumon. Pour payer ses soins, dans un Paris fantasmatique, Colin doit travailler dans des conditions de plus en plus absurdes, pendant qu’autour d’eux leur appartement se dégrade et que leur groupe d’amis, dont le talentueux Nicolas, et Chick, fanatique du philosophe Jean-Sol Partre, se délite.
Avec Audrey Tautou, Romain Duris, Omar Sy, Gad Elmaleh
Mon humble avis : Comme beaucoup, j'ai lu le livre dans ma jeunesse. J'en gardais une souvenir type coup de coeur mais très flou : juste l'histoire du nénuphar qui grandit dans le poumon et les murs qui rétrécissent au fur et à mesure...
Récemment, j'ai voulu me le remettre en mémoire via sa version audio. J'en ai écouté un tiers, et n'ai pas eu le temps d'aller plus loin avant d'entrer dans la salle obscure.
Cette version de l'écume des jours est un véritable enchantement, du moins pour sa première moitié. L'esprit du livre est on ne peut plus respectée et même bien plus clair que dans les pages. Logique, nous avons ici un visuel qui nous est proposé et qui n'est pas à inventé. Les décors sont fabuleusement biens trouvés, mille et une idées originales fourmillent partout, tout le temps et sont si réjouissantes que l'on se croirait dans un Alice au pays des merveilles ou dans un magasin de jouet, avec l'âge qui va avec ! On aimerait même que le film nous soit projeté au ralenti pour profiter encore plus de ce ravissement, de cette magie !J'ai vraiment vécu cette partie du film réjouie. Les effets spéciaux ne sont pas numériques, mais mécaniques, donc un peu à l'ancienne et cela donne vraiment un charme désuet au film. De même, le réalisateur a fait appel à l'animation pour quelques scènes, notamment, celle de la danse avec les jambes qui s'allongent.
La force du film tient aussi dans son intemporalité apparente. Les décors laissent à penser aux années 70, un peu psyché, et certaines situations frôlent le loufoque. Mais les dialogues ramènent le film dans l'époque du roman, celle de St Germain des Près, de Jean Paul Sartre... Enfin, alors que Romain Duris porte un costume d'époque, les figurants ado qui l'entourent dégainent leurs jeans, baskets, et chemises débraillées.
Ensuite, l'enchantement disparaît peu à peu, alors que Chloé tombe malade, que les fenêtres s'obscurcissent et les murs rétrécissent. Au fil du temps, les images perdent de leur couleurs et on finit même dans du noir et blanc. Malgré quelques petites longueurs sur la fin, tout cela est admirablement mis en scène, avec une imagination hors du commun de la première à la dernière minute... Et des acteurs aussi lumineux, tous autant qu'ils sont !
Le film nous remet en mémoire les sujets principaux du roman, qui sont la rencontre de l'amour et la perte de quelqu'un, le passage à l'âge adulte face à l'adversité, l'ignominie et l'aspect ridicule du monde du travail, le besoin de travailler, mais surtout, celui d'aimer et d'être aimé.
Un film magnifique, pas tout à fait parfait mais tellement original et culturel à la fois, que je ne peux qu'en faire un coup de coeur. Pourquoi les coups de coeurs devraient ils être parfaits... L'essentiel est d'être émerveillée et ça, je l'ai bien été !