TU SERAS MON FILS, film de Gilles LEGRAND
Publié le 1 Septembre 2011
Synopsis : On ne choisit ni ses parents, ni ses enfants !
Paul de Marseul, propriétaire d’un prestigieux vignoble à Saint Emilion a un fils, Martin, qui travaille avec lui sur le domaine familial. Mais Paul, vigneron exigeant et passionné, ne supporte pas l’idée que son fils puisse un jour lui succéder. Il rêve d’un fils plus talentueux, plus charismatique… plus conforme à ses fantasmes de père ! L’arrivée de Philippe, le fils de son régisseur va bouleverser la vie de la propriété. Paul tombe en fascination devant ce fils idéal. Commence alors une partie d’échec qui se jouera à quatre : deux pères, deux fils, sous le regard impuissant des femmes qui les entourent. Et au moins l’un d’entre eux n’a plus rien à perdre …
Drame avec Niels Arestrup, Lorant Deutsch, Anne Marivin, Patrick Chesnay, Valerie Mairesse
Scénario de Gilles Legrand et Delphine de Vigan
Mon humble avis : Il s'en passe des choses dans les caves... On n'y fait pas que déguster et recracher des grand crus, on n'y fait pas que fabriquer avec patience et passion un millésime forcément supérieur au précédent.... On s'y déchire, on s'y déteste. On espère y gagner, oh non l'admiration, à peine la reconnaissance, mais juste l'amour de son père et si c'est encore trop, et bien au moins son respect. C'est le cas de Martin qui aimerait aussi recevoir le savoir que la famille se transmet depuis des générations. Mais rien, son père ne lui donne rien. Au contraire, il lui préfère de plus un plus un autre fils, celui du régisseur, qui possède toutes les qualités pour devenirle fils rêvé. Martin ne récupère que miettes, mépris, propos plus qu'outrageants et phrases assassines.
Voici un film français comme je les aime. Des photos magnifiques des vignobles du St Emilion, une incursion dans le monde viticole et une histoire de famille. L'atmosphère se fait de plus en plus étouffante, la tension monte. Et pourtant, on espère toujours que le père et le fils vont se rencontrer, que ce père détestable va tendre une main, que le fils va se révolter. Personnellement, si j'étais Martin, il y a belle lurette que j'aurais pris mes cliques et mes claques. Mais il est attaché au domaine...
L'histoire n'est pas forcément originale, mais la réalisation est parfaite et le scénario très subtile, tout comme les personnages. Au début, on croit Paul, le père, âpre et maladroit, on le découvre anguleux et haineux et pire encore manipulateur et machiavélique. Les dialogues sont aux petits oignons acidifiés et prennent toutes leur ampleur grâce au jeux parfait de tous les acteurs, Niels Arestrup et Lorant Deutsch en tête. Mais n'oublions pas Patrick Chesnais, Valérie Mairesse, Anne Marivin et Nicolas Bridet qui participent tous à la réussite de ce film.
Pour moi, c'est un film parfait (pour qui aime les films lents, sans réelle action). C'est un film atmosphérique, psychologique mais ou rien ne déborde, ni dans le pathos, ni dans l'excès de bons sentiments. C'est un film dérangeant, où les gens ne s'aiment pas de façon politiquement correcte. Et c'est terrible. Des scènes très fortes (notamment celle ou Martin hurle sur son père que "ce n'est pas ça être un père") jusqu'à une fin édifiante et qui, quelque part m'a soulagée... Et puis, il y a la voix de Bashung qui chante les mots bleus... et l'on se dit que vraiment, le talent de Delphine de Vigan est présent dans ce film ample aux qualités multiples (gustatives, visuelles, humaines...)
Un film acre qui se déguste comme un grand cru, même si l'acreté vous laisse un goût amer dans la gorge, dans le coeur, une sensation douloureuse dans tout votre être. Un film dont on peut dire, comme d'un vin, qu'il est brillant et épanoui, à la rétro olfaction certaine...