Publié le 13 Juin 2023

Roman - Editions Folio - 352 pages - 8.70 €

Parution Folio Février 2023 (Gallimard janv 2022)

L'histoire : 2016... Alma Revel est juge d'instruction antiterroriste à Paris. Elle doit prendre une décision : libérer ou non un jeune homme suspecté d'avoir rejoint l'Etat Islamique. Ce dilemme est compliqué par la relation extraconjugale qu'elle entretien avec l'avocat de ce dernier.

Tentation : La blogo

Fournisseur : Prêt de mon neveu

 

 

 

 

Mon humble avis : Ce roman est terrible !

Il se lit en apnée, et comme un page turner. Alors que l'on peut se dire, en fonction des événements réels, de la documentation et des conseils réunis par Karine Tuil, que l'on est au plus près de la véracité. Et cela fait froid dans le dos.

La décision m'a complètement captée pour plusieurs raisons. Cette histoire m'a fait découvrir au plus près la vie des juges antiterroristes : la pression, les responsabilités, les risques, les menaces de morts, la vie sous protection, les compétences, la distance nécessaire mais pas toujours évidente devant les erreurs qui ponctuent leurs journées, les cas de conscience et les lois. Par méconnaissance, je ne m'étais pas imaginé la force morale et le caractère nécessaires qu'il fallait pour supporter une telle vie. Karine Tuil livre ici un bel hommage à ses hommes et ses femmes qui risquent leur vie pour la protection des concitoyens, tout en restant, évidemment, humains, avec tout ce que cela comporte.

Alma est la narratrice. Ce qu'elle relate est entrecoupé régulièrement d'extraits d'interrogatoires qu'elle mène avec le mis en examen, de la façon suivante : question du juge, réponse du mis en examen. Sans commentaire, sans analyse, sans réaction. Au lecteur de se faire une idée sur la culpabilité ou l'innocence du mis en examen. Et bien franchement, je n'aurais pas aimé être à la place d'Alma, je n'aurais pas su prendre une décision.

C'est la juge d'instruction antiterroriste qui décide la libération ou la poursuite de l'emprisonnement. La décision c'est elle... mais suite à une batterie de comptes-rendus d'experts psy et autres etc... Et pourtant, la seule responsable des conséquences, légalement et aux yeux du peuples, c'est elle. Elle qui a signé.

On peut se douter assez vite de l'issue de cette histoire, même si des détails nous surprennent tout de même, on ne s'attend pas à tout. Mais la libération et ses conséquences ne sont pas dissimulés. Et c'est ce qui est terrible... C'est que ce jeune homme, revenu de Syrie où il était parti "par erreur et naïveté", soit parvenu à bluffer tout le monde, depuis la juge, en passant par la DGSI et tous les experts qui se sont penchés sur son cas. Et aussi, se pose "le cas de conscience" que je résumerai avec mes petits mots : peut-on humainement garder un homme "qui n'a encore rien fait" en prison. 

Une histoire de décisions, de cas de conscience auxquels je n'aimerais vraiment pas être confrontée. Et qui nous fait dire que rien n'est simple et qu'il est difficile d'imaginer des solutions radicales et justes face à la menace terroriste... Que dans l'humain, il y a le monstre, et aussi des erreurs d'appréciation que nous pourrions tous faire, tant l'ennemi est rusé, et qui ont des conséquences dramatiques.

Un livre qui prend aux tripes, mené d'une main de maître, d'une plume fluide et agréable, et surtout, très bien documenté sur son sujet et sur les procédures. La décision violente, rappelle les pires heures que nous avons vécu en France cette dernière décennie... Et met en lumière celles et ceux qui se battent, travaillent d'arrache-pied au point de s'oublier, de négliger ou de mettre en danger leur propre vie, pour que "plus jamais ça". Une lecture sous tension, mais incontournable à mes yeux.

Un énorme coup de coeur !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 10 Juin 2023

Film de Frédéric Sojcher

Avec Agnès Jaoui, Géraldine Nakache, Jonathan Zaccaï

Synopsis : Noémie retrouve Vincent, son amour de jeunesse, dans l'école de cinéma dont il est désormais directeur. A travers une masterclass hors norme, elle va apprendre à Vincent et ses élèves que l'art d'écrire un scénario c'est l'art de vivre passionnément.

Mon humble avis : Ce film est plus ou moins l'adaptation de l'essai d'Alain Layrac intitulé  "Atelier d'écriture - cinquante conseil pour réussir son scénario sans rater sa vie". Etrangement, il a mis du temps à être diffusé sur Dinard, près de 3 semaines après sa sortie nationale. Mais je tenais vraiment à le voir, voilà pourquoi je l'évoque si tardivement.

Ma motivation pour aller voir "le cours de la vie" ?... Agnès Jaoui, impeccable et naturelle comme toujours... et le sujet... Master class de cinéma en parallèle avec la vie.

Je suis un peu partagée. Le film est lent, mais pas long. Il est délicat, calme, posé, même si parfois, la tension semble monter dans les échanges entre Noémie et les élèves qui assistent à sa master class, suite à des divergences d'opinion, et des différences de génération. Mais l'on sent bien l'importance de vivre passionnément, avec curiosité pour faire du cinéma. La leçon de vie et d'art est là, tout en abordant les actes manqués, les personnes perdues, le temps qui passe (notamment avec Noémie qui retrouve Vincent, trente ans après l'avoir quitté.). L'influence du cinéma dans nos vies, et de nos vies dans le cinéma. Vie et cinéma s'inspirent mutuellement. La caméra n'hésite pas à filmer en gros plans, ces plans qui montrent aussi le temps qui passe sur les corps, les visages, et la nostalgie dans les regards. 

Tout cela est bien rendu. Oui mais, il y a quelque chose de bancal dans ce film, qui empêche la sauce de prendre tout à fait. Frédéric Sojcher a fait le choix de contenir toute "l'action" du film sur une seule journée. Et là est le hic principal... En tant que spectatrice, j'ai eu du mal à trouver un repère temporel... J'avais l'impression que l'histoire se déroulait sur plusieurs jours, au moins 2, étant donné le nombre de pauses, de rencontres dans la cour de l'école, dans le bureau etc. Et en même temps, le fait de contenir l'ensemble de cette master class (entre-coupée par l'histoire et les rapports entre les personnages principaux) sur une journée, fait que les sujets abordés par cette master class ne sont que survolés, ou stoppés parfois au moment où cela aurait pu émouvoir plus par exemple... Dommage. De même, en début de journée, seuls quelques élèves, à qui cela a plutôt été imposé, et qui sont là avec des pieds de plomb, sont présents à cette master class. Et comme par magie (Ok, y a twitter mais tout de même), à la fin de la journée, la salle est pleine. On n'y croit donc pas trop.

Un film original, attachant, mais pas vraiment abouti, et un peu maladroit.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 7 Juin 2023

Bonjour !

On va essayer de reprendre le petit rendez-vous ornitho mensuel, que j'ai un peu négligé ces derniers temps. Aujourd'hui, je vous présente la Mésange bleue, petit passereau très courant, que tout le monde ou presque peut voir en France très facilement.

 

Elle tire son non de sa calotte bleue, de ses ailes et de sa queue. Son dos tire sur le verdâtre. jaunâtre. Le bleu de la calotte de la femelle est plus terne, mais il faut je pense être très avisé pour distinguer les deux sexes.

 

La Mésange bleue est une espèce essentiellement européenne. Elle est forestière, son biotop optimum est la forêt de feuillus, mais elle peut aussi fréquenter les forêts mixtes. On la trouve aussi dans les campagnes riches en haies et buissons, dans les parcs et les jardins. En hiver, elle fréquente beaucoup les mangeoires. Elle côtoie les Mésanges charbonnières et nonnette. 

 

Suivant les régions, la Mésange bleue  est nicheuse, migratrice et hivernante. En Bretagne par exemple, elle est sédentaire. Mais les individus les plus nordiques sont probablement migrateurs.

Son poids varie entre  9 et 12 gr , sa longueur est de 12 cm et son envergure de 18 cm. Petite, la Mésange bleue est très agile et acrobate, grâce à ses doigts griffus. Elle peut se suspendre un peu partout, même sur des fines brindilles, à la recherche de nourriture.

C'est une espèce grégaire en hiver.

 

 

En saison de reproduction, la Mésange bleue forme un couple très territorial, qui peut se montrer agressif envers les intrus de même taille.

Elle se reproduit d'avril à juillet. C'est un nicheur cavernicole... le nid est construit dans un trou d'arbre ou de mur, ou dans un nichoir. Ou toute cavité pouvant contenir son nid (tuyau, poteau creux etc)

Le nid est fait de mousses, d'herbe sèche et de matériaux soyeux, sa coupe est garnie de poils d'animaux. La femelle pond entre 9 et 15 oeufs qui sont couvés par la femelle deux semaines, pendant que le mâle s'occupe du ravitaillement.

Photos de 2 Mésanges bleues juvéniles.

 

Les petits sont nourris par les deux parents, leur premier vol a lieu au bout de 20 jours et l'émancipation totale ne se fait qu'à 4 semaines. Les mésanges bleues font souvent une deuxièmes couvées.

Tous les petits nés ne survivent pas... L'espèce a de nombreux prédateurs (pics, corneilles, pies, écureuils, rapaces, chats etc...)

A la belle saison, celle de la reproduction, la Mésange bleue est insectivore. C'est avec cela qu'elle nourrit ses petits (beaucoup de chenilles aussi), larves, araignées etc. D'où l'importance de ne pas proposer de nourrissage en mangeoire à cette période, pour que la mésange apporte les bons aliments nécessaires à la croissance de ses petits.

 

En saison internuptiale (automne hiver), la Mésange bleue devient granivore et frugivore, sans bouder pour autant les quelques insectes qu'elle peut encore trouver.

Au printemps, on voit les mésanges bleues par paires (couples). En été, on les voit en clans familiaux (un couple dominants, les jeunes de l'année, et des adultes "célibataires".

En hiver, elles sont en bandes nombreuses.

 

Petite anecdote : La femelle est capable de modifier le sex - ration de sa progéniture. Si elle s'accouple avec un mâle plus attirant qu'elle repère grâce aux rayons UV émis par sa calotte bleue, les oisillons sont à 70 % mâles, mais s’il est moins séduisant, ils sont à 70 % femelles.

La Mésange bleue peut vivre une dizaine d'année. Mais le taux de mortalité juvénile est important. A priori, taux de survie des juvéniles la première année : 38 % en Angleterre. Et en moyenne la durée de vie d'une mésange bleue est entre 1 et 3 ans.

Billet évidemment non exhaustif sur l'espèce, il y aurait tant à en dire.

Les textes sont inspirés de mon guide ornitho Belin, du site oiseaux.net, de Wikipédia et de moi !

Les photos sont miennes et interdites d'utilisation ou de reproduction sans mon accord. Elles ont été prises au court de ces deux dernières années, principalement près de chez moi (autour de Dinard), mais aussi en Touraine et dans le Limousin.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Le coin ornitho

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Publié le 5 Juin 2023

Récit de voyages - Editions Livre de Poche - 260 pages - 8.40 €

Parution Poche avril 2023 (Stock avril 2021)

Le sujet : A mi chemin entre le "touriste professionnel" et "le reporter à temps partiel", Julien Blanc-Gras nous emmène dans un tour du monde, via un regroupement d'une trentaine de "cartes postales" dans autant de pays parcourus au fils des années et des missions !

Comme on le sait, en voyage, tout peut arriver, et d'ailleurs tout arrive, pour le pire comme pour le meilleur !

Tentation : Je suis fan de JBG

Fournisseur : Ma CB

 

 

Mon humble avis : Je vois sur la page FB de Julien Blanc- Gras que son dernier opus est paru en poche... Hop, aussitôt su, aussitôt acheté !

Et quel plaisir de retrouver la plume de mon écrivain journaliste voyageur préféré ! Toujours autant d'humour, de perspicacité, d'analyses compréhensibles de situations qui le sont moins et sans prises de tête, et des surprises à chaque coin de rue, ou dans chaque bout du monde. On en apprend toujours autant avec lui, que ce soit des faits on ne peut plus sérieux et incontournables ou des incongruités amusantes, mais qui en disent parfois bien plus qu'on ne le pense. 

Des textes d'une à plusieurs pages, qui s'ouvrent ainsi : Je vous écris de Valparaiso au Chili, ou de Séoul en Corée du Sud, ou de Zanzibar etc. En tant que journaliste touriste, Julien Blanc-Gras couvrent aussi bien un concours de Miss Monde sur une île chinoise, qu'un forum géopolitique en Suisse etc. Avec lui, on réalise à quel point nous sommes tous différents de par le monde, mais aussi la densité de contradictions dans un pré carré... Opinions, richesses, rituels, langues, libertés, on est loin d'être sur un pied d'égalité et pourtant, cahin-caha, le monde semble tenir à peu près debout, même si l'équilibre est bien précaire, avec à droite à gauche, pas mal de poudrières qui ne demanderaient qu'à exploser.

On hallucine devant les énergumènes que Julien Blanc-Gras rencontre, mais on se dit que tout n'est pas forcément perdu, car il croise aussi de belles personnes, qui ont du courage et de l'espoir pour dix, ou au moins pour leur pays... Avec Julien Blanc-Gras, on approche aussi bien les grands de ce monde que l'inconnu avec qui il partage une bière dans un coin paumé. On regarde de loin les grands sites touristiques et on observe à la loupe les sentiers non battus ou les ruelles sombres en pleine nuit. On perçoit parfaitement à quel point le monde est en perpétuel mouvement, que rien n'est acquis, et que le monde de demain est en gestation, qu'il pourrait naître là où on ne l'attend pas, et qu'il dépend un peu de chacun de nous.

Ce recueil de cartes postales est constitué de textes déjà parus pour la plupart dans divers magazines au fil de cette dernière décennie. Certains sont peut-être des inédits, je n'ai pas fait le tri ! Une lecture aussi instructive que divertissante. Un petit bémol néanmoins par rapport aux ouvrages précédents de Julien Blanc-Gras. L'aspect recueil justement, où il manque pour moi un fil rouge. Ici, on picore à droite à gauche, alors que dans ses autres livres, on est sur un sujet défini ou une destination précise, qui de ce fait, sont vraiment approfondis. Mais bon, on est ici dans le format "carte postale"... même si j'ai parfois les ai parfois trouvés d'intérêt inégal. Ce qui n'empêche pas le régal, et le conseil chaleureux de se procurer ce bon bouquin !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #récits ou romans de voyages

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Publié le 31 Mai 2023

Roman - Editions Audiolib - 7h03 d'écoute - 21.96 €

Parution Audiolib et Albin Michel 2021

L'histoire : Celle de Mathilde, sexagénaire et tueuse à gage de profession. Le problème est que Mathilde perd la tête, enfin, la mémoire, mais pas son savoir faire... D'où une certaine escalade inévitable !

 

Tentation : Le nom Lemaitre

Fournisseur : Bib de Dinard

 

 

Mon humble avis : Le roman noir et les thrillers voilà les premières amours de Pierre Lemaitre, qu'il a "abandonnées" il y a maintenant quelques années au profit des sagas historiques, et ce, sans crier gare, sans clore le chapitre... Au grand dam de certains lecteurs fidèles. Aussi, Pierre Lemaitre a eu l'excellente idée de tirer sa révérence au genre en sortant du tiroir son tout premier roman, qu'il n'avait jamais proposé à un éditeur, pour raisons personnelles. Justes quelques retouches esthétiques, et voilà le Serpent Majuscule, écrit en 1985, qui débarque chez les libraires en 2021.

Et bien quelle excellente idée ! On trouve déjà dans ce Serpent majuscule la patte de Pierre Lemaitre, celle qui fera son succès sans démenti ! Une énergie incroyable dans un style déjà brillant, le verbe, les dialogues, et même dans l'intrigue. Pas de temps morts malgré les morts ! Il faut dire aussi que l'interprétation dynamique qu'en donne Nicolas Djermag, très proche de celle que fait Pierre Lemaitre sur la version audio de ces derniers romans, n'est peut-être pas étrangère à ce ressenti très roboratif de cette écoute ! On est embarqué, entrainé dans cette histoire... ubuesque !

C'est drôlement cruel, cruellement drôle, cynique, caustique, on rit rouge, jaune ou noir ! Mais on rit, on se régale, on se divertit, et l'on se dit, jusqu'où Lemaitre va-t-il aller ?! En fait, on est autant dans le roman noir que dans la farce, qui va crescendo, de situations cocasses en loufoqueries, avec entre tout ça, des moments de suspense intenses, car Mathilde est de plus en plus imprévisible. Se tromper de cible n'est que le début !

Un sans faute ? Pas tout à fait tout de même... Car les derniers chapitres m'ont paru un peu longuets, et le final inattendu, un enchainement de causes à effets génialissimes, nous laisse tout de même dans flou. L'enquête de police (certes très secondaire dans l'histoire) étant dirigée par un bras cassé, on ne saura jamais pourquoi les cibles étaient... ciblées !

Une lecture ébouriffante, divertissante, très agréable... A prendre au second, voir au troisième degré évidemment ! En 1985, Pierre Lemaitre était déjà bien maître de sa plume et de son art, et d'une imagination débordante ! Et, soit dit en passant, je verrais bien cette histoire rocambolesque sur grand écran au ciné ! Une bonne comédie noire, ça le ferait bien je pense !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 29 Mai 2023

Film de Valérie Donzelli

Avec Virginie Efira, Melvil Poupaud, Dominique Raymond, Romane Bohringer

Synopsis : 

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Ce film est présenté à Cannes Première au Festival de Cannes 2023.

Quand Blanche croise le chemin de Gregoire, elle pense rencontrer celui qu’elle cherche. Les liens qui les unissent se tissent rapidement et leur histoire se construit dans l’emportement. Le couple déménage, Blanche s’éloigne de sa famille, de sa sœur jumelle, s’ouvre à une nouvelle vie. Mais fil après fil, elle se retrouve sous l’emprise d’un homme possessif et dangereux.

Mon humble avis : Ce film est l'adaptation du roman éponyme d'Eric Reinhardt (Gallimard), que je n'ai pas lu. Je ne peux donc pas vous dire si le film est fidèle à 100% au roman.

4 pattes de chat, j'aurais pu en mettre 5, car rien à redire sur le film... Mais celui-ci est tellement inconfortable et effroyable que je ne le regarderai pas lorsqu'il passera à la télé. A voir c'est sûr, à revoir, c'est une autre histoire !

Sans le savoir, sans rien voir ni deviner, Blanche (Virginie Efira), noue sa vie à celle du pervers narcissique Grégoire. Mariage, déménagement, enfants... Le spectateur connait le sujet du film, donc est à l'affût et reconnait assez vite des signes avant-coureurs de l'enfer que va vivre Blanche. Mais effectivement, la réelle personnalité de Grégoire met du temps à se révéler. Et la tension monte, monte. On est dans un vrai thriller psychologique, qui hélas, n'est pas que du cinéma, mais très réaliste. Ce genre de situation conduit parfois au féminicide. Aussi, l'amour et les forêts est un film absolument utile, qui montre et démontre le mécanisme de la manipulation, l'emprise psychologique, la violence physique conjugale.

Après, est-ce que les femmes qui subissent cela iront voir ce film avec leur mari ? Je ne pense pas. Sans leur mari, encore moins... Aussi, c'est surtout à l'entourage des femmes victimes de cette emprise psychologique de prendre ce film comme un avertissement, une alerte, pour tenter d'agir... Même si les issues semblent bien difficiles à atteindre dans ce genre de situation, où le monstre peut exploser à tout moment.

Melvil Poupaud excelle dans le personnage plus que glaçant (il fout vraiment les jetons), et Virginie Efira est une fois de plus bouleversante dans cette détresse contenue.

Un film parfait mais glaçant, tellement glaçant. Qui révolte et qui, en même temps, montre l'impuissance des victimes, de l'entourage, et sans doute même de la justice, tant cette perversité laisse peu de preuves.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 26 Mai 2023

Roman - Editions L'Iconoclaste - 282 pages - 20 €

Parution le 6 avril 2023

L'histoire : S passe quelques jours avec M, son amant, dans un chalet au bord d'un lac en montagne. Un matin, après sa baignade habituelle, M flotte sans vie sur l'eau.

S est incapable de se séparer d'M... Aussi, elle garde son corps six jours, pour que leur amour se poursuive. Et c'est son "périple" que nous suivons, à travers les deux lettres qu'elle adresse à l'épouse de son amant.

 

 

Tentation : Achat compulsif

Fournisseur : Ma CB

Mon humble avis : A la librairie, une PLV (Publicité sur lieu de vente) annonce une prochaine séance de dédicace d'Adeline Dieudonné ! Pour une fois qu'un auteur vient par chez moi... je me saisis donc du livre, sans savoir vraiment de quoi il retourne, la 4ème de couv restant assez évasive.

Finalement, je ne suis pas allée à la dédicace. Car quelle lecture inconfortable, glauque à souhait, malsaine à mes yeux, et qui du coup me divise vraiment. Donc pas envie de dialoguer avec l'écrivaine sur un livre qui ne m'a pas franchement plu, ni de jouer les hypocrites.

Nous passons donc 6 jours avec S et le corps de M, dont elle prend grands soins, qu'elle lave etc, à qui elle parle, contre lequel elle se sert, pour prolonger leur amour et éviter à M la froideur de funérailles dans une chambre mortuaire, pour éviter que des mains étrangères, qui ne le connaissent et ne l'aiment pas, s'occupent de lui. On reste un peu dans le chalet, puis on part en voiture pour un petit road trip sans destination réelle, une errance plutôt, avec quelques rencontres, S étant évidemment perdue et ne sachant où aller. Et bien sûr, pendant ce temps, la putréfaction du corps défunt s'installe...

Donc glauque oui, sans morale oui, d'ailleurs l'autrice l'annonce dès la 4ème de couv... Plus tard, les psy diront que S était en bouffée délirante. Il est bien sûr question du deuil, de l'amour conjugal et extraconjugal, de maternité et de détresse maternelle malgré l'amour pour l'enfant, de la place de la femme et des relations intersexes etc. Tous ces sujets sont abordés par S dans les 2 lettres qu'elle écrit à Camille, l'épouse, via des flash-backs sur sa vie, ses expériences, ses questionnements, ses erreurs, ses effrois.

Et pourtant, ce roman, je l'ai dévoré ou presque. Parce qu'il est très bien mené et écrit, que certains passages restent beaux. Et puis, évidemment au fil des pages, une certaine tension naît dans la tête du lecteur, qui se demande où cette histoire peut bien aller, peut bien mener, et où elle s'arrêtera. Après, je me suis demandé si ma démarche de lectrice, à rester dans ces pages qui ne me convenaient pas mais que je tournais presque frénétiquement, ne relève pas d'un voyeurisme un peu malsain, comme celui qui attire vers les faits divers, ou celui qui fait ralentir quand il y a un accident routier "pour voir"...

Ce livre reste très inconfortable pour moi, aussi, je suis bien incapable de le conseiller chaleureusement. D'autant que je n'ai éprouvée aucune empathie pour S, sauf lors des récits de ses nuits blanches et de sa fatigue post partum.  Mais dans la situation qu'elle vit précisément dans cette histoire, j'ai plus eu envie de la baffer pour la réveiller un bon coup, tant pour moi tout cela va très ou trop loin, et ne fait pas partie l'envisageable, quelle que soit la situation.

C'est à chacun de voir jusqu'où il aime d'être malmené par un roman, d'être emporté loin de sa zone de confort mental et moral.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 24 Mai 2023

BD - Editions Dargaud - 116 pages - 24 €

Parution en octobre 2021

Le sujet : Catherine Meurisse a résidé plusieurs mois à la Villa Kujoyama, une résidence d'artistes située à Kyoto. Cherchant à renouveler son inspiration, elle s'est immergée dans les paysages japonais. Un an plus tard, elle séjournait de nouveau au Japon, quand le typhon Hagibis dévastait une partie du pays. De ces deux voyages, placés sous le signe de la nature, tour à tour muse et dévastatrice, est né l'album La Jeune femme et la mer. « Je voudrais peindre la nature », affirme la dessinatrice française à peine atterrie sur le sol japonais. Mais la nature ne sait pas prendre la pose. Elle se transforme, nous entoure, nous subjugue. Sur son chemin, comme un miroir, un peintre japonais, qui, lui, voudrait « peindre une femme. » Quelle femme ?

Tentation : Le nom "Catherine Meurisse"

Fournisseur : Bib de St Lunaire

Mon humble avis : Je n'ai pas tellement adhéré à cet album. Certes, on retrouve le style Meurisse, les dessins un peu caricaturaux et minimalistes, les touches d'humour aussi bien senties que bienvenues.  Certes, il y a de belles planches et de jolis passages, qui amène à méditer, à réfléchir, ou à tenter de retenir quelques mots. 

J'avoue, je ne suis pas très attirée par le Japon, que ce soit via les arts ou à travers un éventuel voyage. Aussi, n'ai-je peut-être pas été sensible aux subtilités culturelles de ces pages, fautes de connaissances sur l'art et la culture nippons. J'ai dû louper quelques références.

Mais j'ai trouvé l'ensemble en-deçà de la promesse que me semblait contenir la quatrième de couverture... C'est le cas notamment pour le personnage de Nami (qui sait lire l'arrivée de typhons sur les plis de la mer). Elle reste secondaire, mystérieuse, j'en attendais plus sur son compte et son rapport à la nature. En fait, j'ai eu l'impression de rester un peu en surface de tout, et n'ai pas eu franchement l'impression de lire un conte philosophique, malgré la présence d'un personnage mythologique etc...

L'intrigue manque un peu de structure, de clarté. On ne sait pas trop quel chemin on suit, c'est un peu confus. Bref, pour que cela me plaise vraiment, il aurait fallu plus d'aspérités, et que les situations et personnages soient plus approfondies. Le temps aussi. On a l'impression que Catherine Meurisse n'est là que pour quelques jours de vacances... Alors qu'elle a passé plus d'une année au Japon. Après, certes, nous sommes dans un format BD - bulles - planches, ce qui réduit les possibilités.

Néanmoins, il y a la culture nippone, l'étonnement de Catherine Meurisse devant les temples religieux et les murs anti-tsunami. Un pays où la nature est aussi célébrée que cruelle. Et quelques citations qui frappent :

"Notre humanité n'est pas séparée du monde. Chacun est tour à tour influent et responsable".

" Les hommes se prennent toujours pour des champions de la création comme de la destruction. Parfois, la nature leur rappelle qu'elle était là avant, et qu'elle sait y faire".

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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Publié le 22 Mai 2023

Film de Maïwenn

Avec Maïwenn, Johnny Depp, Benjamin Lavernhe

Synopsis : Jeanne Vaubernier, fille du peuple avide de s’élever socialement, met à profit ses charmes pour sortir de sa condition. Son amant le comte Du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, souhaite la présenter au Roi. Il organise la rencontre via l’entremise de l’influent duc de Richelieu. Celle-ci dépasse ses attentes : entre Louis XV et Jeanne, c’est le coup de foudre… Avec la courtisane, le Roi retrouve le goût de vivre – à tel point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Scandale : personne ne veut d’une fille des rues à la Cour.

Mon humble avis : Avant d'aller voir le film, je m'interrogeais plutôt ironiquement sur la présence de Johnny Depp au casting, me disant, les américains engageraient ils un acteur français pour interpréter Washington par exemple ? Puis j'ai appris que deux comédiens Français avaient déclinés l'offre de Maïwenn... Alors pourquoi pas ? Jeanne du Barry a apporté de la fantaisie à la cours, Maïwenn amène la sienne.

Jeanne du Barry, favorite de Louis XV, jusqu'à maintenant pour moi un nom, une vague époque, un personnage flou... Aussi, je suis très contente d'avoir vu ce film, qui comble un peu mes lacunes (à moins que ce ne soient des oublis) en Histoire de France.

J'ai vraiment été bluffée par l'ambition de ce film qui est à mes yeux à la hauteur de cette dernière. Et tout ça initié par une femme, Maïwenn ! On peut se dire que le monde, et le cinéma change enfin, petit à petit... Le spectacle est visuellement époustouflant et l'on ne peut qu'être admiratif devant la tonne de travail effectué par mille et un métiers, grandes et petites mains. Costumes, décors, coiffures, maquillages, on en prend plein les yeux.

Maïwenn nous offre ici une immersion dans le quotidien de la cour sous Louis XV... Protocole, rigidité, oisiveté, rumeurs, stratégies, us et coutumes, hypocrisie. Depuis notre époque, que cela parait désuet, ridicule, obscène même tous ces ors etc. Mais Maïwenn a su tourner tout cela avec une touche de modernité dans ce classicisme, tant dans les dialogues, le rythme assez énergique, etc... Et puis il y est vraiment question de la condition de la femme, de l'évasion d'une origine sociale. Aucun ennui dans ces presque deux heures.

Les comédiens sont tous parfaits, avec une mention spéciale pour Benjamin Lavernhe, toute en retenue en premier valet de chambre. Johnny Depp fait le job, sans esbrouffe. On trouve Maïwenn sublime... ou agaçante avec ces "minauderies". Quant aux filles de Louis XV, elles passent pour de parfaites greluches écervelées ! L'étaient-elles à ce point ou Maïwenn s'est-elle amusée à quelque caricature ?

Et puis il y le romanesque, et le romantisme tragique de l'histoire dans l'Histoire... Jeanne du Barry et Louis XV s'aimaient vraiment, mais l'étiquette et les origines sociales de Jeanne du Barry ont laissé cette dernière au rang de "vulgaire maîtresse" du roi. Maïwenn filme très bien cela, c'est vraiment touchant, émouvant.

J'ai adoré le personnage peu conventionnel, plein de vie et de fantaisie, de Jeanne du Barry en pleine rigidité monarchique. Un esprit libre et bien vivant, dans un lieu mortifère, ça fait du bien.

Un très beau film donc, une plongée dans une époque coté "cour", comprendre côté doré... Une petite leçon d'Histoire, en surface, qui me suffit, que j'espère retenir !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 19 Mai 2023

BD - Editions Glénat - 176 pages - 22 €

Parution en février 2021 

Le sujet : Nellie Bly est complètement folle. Sans cesse, elle répète vouloir retrouver ses « troncs ». Personne n’arrive à saisir le sens de ses propos, car en réalité, tout cela n’est qu’une vaste supercherie. Nellie cherche à se faire interner dans l’asile psychiatrique de Blackwell à New York dans le but d’y enquêter sur les conditions de vie de ses résidentes. 

 

 

Tentation : Le sujet

Fournisseur : La bib de St Lunaire

Mon humble avis : Nous voici à New York, en 1887...

Cet album est inspiré de l'histoire vraie de Nellie Bly que celle-ci a relaté à l'époque dans son récit "10 jours dans un asile".

Je découvre ainsi cette héroïne hors d'une commun, pugnace, entêtée, courageuse, révoltée, avant gardiste quelque part. Elle fut la pionnière du journalisme d'investigation... Inutile de préciser qu'à l'époque, le milieu du journalisme était très sexiste et misogyne, et qu'elle a dû batailler sec et faire preuve de ruse pour se faire une place. L'ouvrage montre parfaitement cela, mais aussi l'extrême précarité des femmes à l'époque aux Etats-Unis.

Nellie Bly se fait donc interner à Blackwell pour enquêter sur les conditions déplorables d'internement des femmes. Elle est déjà abasourdie par la facilité avec laquelle elle parvient à se faire passer pour folle. Ensuite, ce qu'elle découvre dans ces murs lugubres, et que nous découvrons avec elle, dépasse l'entendement. Sous prétexte qu'elles vivent de la charité publique, les internées subissent tous les maux... Maltraitance, coups, malnutritions, bains glacés, sévices, froid, humiliations... Et aucun droit... Plus elles se rebellent contre ses conditions, plus elles sont considérées comme folles. Hors la plupart d'entre elles ne sont pas plus aliénées que vous et moi... Mais elles sont une bouche de trop à nourrir dans la famille, encombrantes pour un mari volage, nounous devenues inutiles, ou juste pauvres et n'ayant d'autre choix que d'accepter leur triste sort. Et sans espoir de sortie, certaines deviennent effectivement folles...

Quant Nelly Bly publiera son article une fois dehors, la ville de New York fera un procès à l'institution Blackwell, et les choses changeront... un peu.

Un album très bien mis en scène. L'effroi et /ou la folie des femmes est représenté par des monstres, des spectres extérieurs. Les tons sont sombres, on voit très bien le côté glauque de Blackwell. D'autres planches, aux couleurs bien vives, sont des flash-backs dans la vie de Nelly Bly, déroulant son cheminement et sa vie depuis l'enfance, et ce qui l'amènera ainsi à se battre pour mettre au jour les grandes injustices de son époque.

Un personnage admirable, un album très intéressant, qui fait évidemment froid dans le dos... Et qui, une fois de plus, nous fait réaliser à quel point nous sommes chanceux d'être nés en France à notre époque... Car j'imagine que dans quelques régions obscures du monde, le sort de certaines femmes n'a pas du évoluer de beaucoup...

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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