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Publié le 30 Octobre 2023

Roman - Editions Points - 125 pages - 5.17 €

Parution d'origine en France en 2002 (Editions Liana Levi)

L'histoire : Tolia, trentenaire, vit à Kiev... Vivre est un grand mot... Existence morose, épouse qui déserte le foyer, plus d'illusions... Tolia veut en finir mais n'a pas le courage de son envie... Et puis, s'il se suicidait, sa disparition passerait inaperçue... Un peu de panache que diable ! Aussi, sur le conseil d'un ami, il engage un tueur à gage qui s'occupera de l'affaire dans un lieu et à une date convenue... Sa mort sera ainsi doublée d'un profond mystère qui fera parler et restera dans les mémoires.

Sauf que la vie de Tolia s'éclaircit, et qu'il désire désormais rester bien vivant... ben, il est un peu trop tard... Sauf si... ?

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

Mon humble avis : ...Sauf si ? Evidemment, je ne vous le dirais pas, puisque là se situe, entre autres, le piment de l'histoire !

Celle-ci se déroule dans le milieu des années 1990... Les personnages écoutent encore des cassettes audios...  L'Ukraine n'est indépendante que depuis peu. En filigrane, Andreï Kourkov décrit l'atmosphère pesante, en manque de repère et d'illusions de l'Ukraine post soviétique. La Vodka coule à flots, le confort reste très modeste, tout se règle à coup de dollars (pour ceux qui peuvent se le permettre) et de violence. Trouver un tueur à gage est d'une simplicité déconcertante. Tout le monde connait quelqu'un qui en connait un ! L'ami du défunt est donc une satire sociale, parsemée d'humour délicat, et de situations absurdes. Vu qu'il est question de tueur à gage, inutile de dire qu'il y a aussi une bonne dose de suspense par moment... Même si l'on s'imagine que rien ne va se passer comme prévu !!!

Nous suivons Tolia, qui a tout de l'anti héro mais qui se révèle bien attachant, le temps d'un automne... pluvieux... Ses rencontres plus ou moins probables et les aléas improbables de sa vie occupent parfois son quotidien d'un ennui mortel, faute d'occupation professionnelle.

Andreï Kourkov va droit au but, ne s'encombre pas de détails inutiles ni d'effets... Il raconte juste une histoire avec des mots choisis. Cela fait de L'ami du défunt une lecture agréable, décalée, divertissante même si témoin d'une époque difficile et charnière de l'Ukraine et des autres républiques ex soviétiques. Parfait entre deux romans plus conséquents !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 24 Octobre 2023

Roman - Editions Audiolib - 5h18 d'écoute - 13.50 €

Parution Audiolib 2008 - Liana Levi 2003

L'histoire : Parce que des actionnaires à Wall Street ont décidé qu'une usine fermerait ses portes, c'est toute une petite ville américaine qui se retrouve ravagée par le chômage. Jake a donc perdu son boulot, sa télé, son aspirateur, et sa copine... Il est prêt à tout pour retrouver l'estime de soi-même et un peu de confort. Aussi, quand un bookmaker mafioso lui propose un petit boulot, il accepte...

 

 

Tentation : L'avis de Sylire 

Fournisseur : Sylire, y'a super longtemps !!!

Mon humble avis : Un petit boulot... ou comment devenir tueur à gages... Car voilà le fameux petit boulot que Jake accepte : tuer quelqu'un. Et puis il y prend goût et déborde un peu de ses prérogatives !

Une plume cynique, caustique, humoristique (du jaune au noir) , un style enlevé et ici une narration bien dynamique, voilà pour la forme de ce roman qui s'écoute, et sans doute se lit, de façon bien agréable. 

Nous suivons Jake dans son déclin, ses galères puis dans sa reconversion professionnelle, qui ne se fait pas sans imprévus ni improvisations ni contretemps, ce qui mène parfois à des situations bien burlesques. Et malgré ce job répréhensible et à la morale bien contestable, on l'aime bien ce Jake, qui partage tout avec nous via son monologue intérieur qui forme cette histoire.

Ce roman démontre à merveille que la violence psychologique et économique de notre société capitaliste engendre sa propre violence physique. Et en même temps, il interroge entre les lignes... Les violences économiques ne sont pas punies par la loi, ni même par une échelle de valeurs... Et pour autant, sont elles moins violentes que les agressions physiques quand il s'agit de se débarrasser de quelqu'un pour une histoire de profit à tout prix. Il s'agit toujours de liquider ce(ux) qui encombre(nt) sans se soucier des conséquences indirectes et collatérales.

C'est un roman noir et drôle en même temps, qui nous dit bien qu'une fois que les "choses" s'arrangent, le citoyen moyen ne rêve que d'une vie bien tranquille : un boulot, un toit et de l'amour !

Un livre pas tout récent, mais à ne pas négliger !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 14 Octobre 2023

Roman - Editions Sixtrid - 6h29 d'écoute - 19.95 €

Parution Sabine Wespieser 2014 - Sixtrid 2015

L'histoire : En août 1937, le jeune Franz Huchel quitte ses montagnes autrichiennes et sa mère pour Vienne, où il est attendu par une relation, Otto Tresniek, pour travailler dans le bureau de tabac du même nom. C'est donc un jeune homme très mal dégrossi qui arrive dans la capitale, à une période charnière, où un basculement inéluctable s'annonce déjà...

 

 

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Bib de Rennes

Mon humble avis : Il y a quelques années, j'avais découvert la plume de l'auteur Autrichien via "Une vie entière". Comme le Tabac Triesnek trainait dans ma PAL audio, j'ai décidé de lui faire un sort... Et bien m'en a pris.

Une lecture très agréable, qu'on ne lâche pas, servi par une magnifique écriture, rythmée, qui n'oublie pas l'humour caustique et les phrases qui claque. Et comme l'interprétation qui en est faite par Marc-Henri Boisse est bien cadencée, je me suis vraiment régalée de cette audio lecture.

Franz quitte les montagnes et sa mère veuve... Il arrive à Vienne. Il apprend tout, la vie, la ville, l'humanité, pour le meilleur et surtout pour le pire... En effet, nous sommes en 1937, le nom du Führer circule de plus en plus, nazisme et antisémitisme gangrènent déjà la société, la délation devient monnaie courante etc... Il ne connaît rien des femmes, et sa première rencontre le laisse pantois d'incompréhension, jusqu'à ce qu'il découvre qu'il existe des femmes de cabaret etc...

Tout cela, sous le regard bienveillant et formateur du vieux buraliste unijambiste Ott Tresniek. Otto comprend bien ce qui se passe autour de lui. Il est désabusé mais refusera à se plier au nouvel ordre, et continuera à servir ses clients juifs...  

Dans ses clients d'ailleurs, il compte Sigmund Freud, alors âgé de 80 ans et salement atteint d'un cancer de la mâchoire. Le jeune Franz viendra chercher conseils et potentiel réconfort professionnel auprès du vieil homme, et c'est une relation d'amitié et de respect qui s'installera entre eux deux.

Comme promis, Franz envoie des cartes postales de Vienne à sa mère. Mais au fil du temps, et de ce qu'il découvre, le format carte se révèle trop restreint, et ses cartes deviennent de longues lettres. J'ai beaucoup apprécié cette subtilité.

Un roman initiatique, sur la perte de l'innocence d'un jeune homme à l'heure où l'Histoire bouleverse tout, qui entre dans une tourmente qui changera le monde, et un jeune homme, à jamais.  Une histoire forte, qui traite donc aussi de l'antisémitisme et de psychanalyse freudienne, dans laquelle on trouve, à travers les paroles de Freud lui-même, une belle philosophie et leçon de vie.

Des personnages attachants, un roman et une écriture à découvrir, si ce n'est déjà fait ! Savoureux.

L'avis de Luocine

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 5 Septembre 2023

Roman - Editions Pocket - 432 pages - 8.60 €

Parution Pocket Juin 2021 (Prisma 2020)

L'histoire : La timide Nina travaille avec passion dans une petite bibliothèque de Birmingham... Mais celle-ci va fermer... Regroupement administratif et économie budgétaire. Après quelques réflexions et mésaventures, Nina la citadine se retrouve dans les Highlands, au volant de son gros van. Dans celui-ci, des livres, rien que des livres. Nina a créé sa petite entreprise, une librairie ambulante qui sillonne une région bien désertée par les commerces. Et forcément, son arrivée étonne, et forcément, elle fait quelques rencontres.

 

 

Tentation : Le titre, "une librairie, donc des livres"

Fournisseur : la Cabine à livres en bas de chez moi 

Mon humble avis : Cela fait quelque temps déjà que les couvertures colorées et un peu naïves des romans Feel good de Jenny Colgan investissent les étals des librairies. Alors, quand j'ai trouvé cet exemplaire en bas de chez moi, il a rejoint ma PAL. 

L'été est arrivé, à priori idéal pour ce genre de lecture. Et puis, je venais d'achever "Un bûcher sous la neige" de Susan Fletcher, qui se déroule dans les Highlands au XVIIème siècle. J'ai eu envie de rester dans ce coin du monde, ce bout d'Ecosse !

Evidemment, rien à voir entre les deux titres, si ce n'est la région. Et encore, la différence d'époque et de finesse de descriptions la rende assez peu reconnaissable ! Mais on trouve dans les pages de Jenny Colgan quelques passages qui décrivent assez bien la mentalité, les us et coutumes qui perdurent, le mode de vie, notamment sous le signe de l'entraide, obligatoire dans ces coins reculés.

A part cela, et bien heureusement qu'il était un peu question de livres, littérature, lecture... Des bienfaits que cela apporte, et du point de rencontre intergénérationnel que peut-être une librairie. Sinon, je pense que j'aurais rendu mon tablier.

L'histoire, qui se déroule à peu près comme l'on peut s'y attendre, aurait pu être bien plus sympathique et entrainante avec cent pages de moins, des dialogues plus conséquents, un peu plus de réalisme (plusieurs familles entrent dans le fameux van... A ce point-là, on se rapproche plus du Bus Pullman...), moins de mièvreries et une héroïne dans laquelle on pourrait se retrouver. En fait, ce roman manque cruellement de modernité. L'écriture est pauvre, plate, digne du minimum syndical (est-ce dû à la traduction ?) et a provoqué chez moi quelques soupirs d'exaspération qui se sont superposés à mon ennui au fil des pages.  Tout y est caricaturé, jusqu'au choc des cultures entre la citadine et le paysan taiseux. 

Dommage, la même romance avec plus de finesse et de subtilité aurait pu être vraiment plaisante et divertissante. Il existe deux autres tomes avec des personnages différents, et Jenny Colgan a aussi décliné sa pâte dans une série "la petite boulangerie" etc... je vais m'arrêter là, et cesserai de loucher avec une gourmandise coupable vers ses couvertures attrayantes. Une romancière qui n'est pas pour moi.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 30 Août 2023

Roman - Editions J'ai Lu - 458 pages - 8.90 €

Parution J'ai Lu 2013 (Plon 2010)

L'histoire : Hiver 1692 en Ecosse. Corrag n'est qu'une toute jeune femme, les fers aux poignets. Dans une geôle putride, elle est accusée de sorcellerie. Dès le dégel, elle sera brûlée sur le bûcher. Charles Leslie, Le révérend irlandais vient chaque jour dans sa cellule pour recueillir son témoignage. Elle a assisté a des massacres dans les Highlands, massacres qui auraient été commandité par le roi Guillaume d'Orange. Corrag raconte sa vie de fuite, sa vie de presque rien mais pleine d'émerveillements, sa rencontre avec un des peuples des Highlands. Au fil des jours, le regard que porte Charles sur Corrag change, s'éclaircit...Et Charles n'est plus si sûr de ses certitudes.

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

Mon humble avis : Coup de coeur pour ce roman passionnant et surtout bouleversant ! Néanmoins, je l'avoue, j'ai hésité car j'ai éprouvé un bémol certain : la longueur et les réitérations trop nombreuses. Mais en même temps, cette histoire mérite tellement d'être lue que...

Pour écrire "Un bûcher sous la neige", Susan Fletcher s'est inspirée de faits et de personnages historiques réels : le massacre de Glencoe, dans les Highlands écossaises. Le roi catholique Jacques II (ou VII pour les écossais) est en exil en France. Guillaume d'Orange, protestant néerlandais, occupe le trône de l'Angleterre. Dans les Highlands, les clans se font déjà la guerre. Certains ont prêté allégeance à Guillaume (comme les Campbell), d'autres restent fidèles à Jacques, et sont donc Jacobites. C'est le cas des MacDonald, dont il est question dans ces pages. Guerres de clan, guerres de rois, guerres de religions. Le massacre de Glencoe est encore très présent dans la mémoire collective et chaque année, il est "commémoré". Charles Leslie a existé, et il semble que Corrag aussi... En tout cas, elle est entrée dans les légendes.

J'ignorais tout de l'Histoire (même si nous sommes ici dans de la microhistoire) de ces terres de légendes que sont les Highlands, des clans, des us et coutumes de l'époque. Ce roman rappelle aussi la rudesse de la vie d'alors, et la barbarie. Même si, en notre siècle, la barbarie semble moindre parce qu'elle a juste, le plus souvent, changé de visage. Aussi, inutile de préciser que cette lecture est instructive. Mais ce n'est qu'un détail...

Car il y a Corrag... Corrag qui raconte le jour, et Charles qui écrit à son épouse le soir. C'est ainsi qu'est construit le roman.  Corrag, fille et petite-fille de "sorcières" anglaises, qui n'a pas seize ans lorsqu'elle doit fuir à dos de jument et rejoindre des terres où elle sera en sécurité : Les Highlands. C'est donc cette épopée tragique et mouvementée de cette jeune fille que l'on suit à travers les plaines, les montagnes, les marécages, sous la pluie dans la neige...  Puis, arrivée à destination, Corrag fera peu à peu la rencontre des MacDonald, en deviendra une quelque part. Le don de Corrag, c'est le soin par les plantes. Ainsi, elle sauvera et guérira quelques-uns du clan.

Corrag est une héroïne inoubliable et bouleversante de savoir, de pureté, de courage, de bonté, de sagesse. Si ces actions avaient été dictées par un Dieu ou un roi, l'époque l'aurait sans doute faite sainte. Mais pour Corrag, la nature est Dieu, et de roi, elle n'en n'a pas... Donc la voilà traitée de sorcière, évitée ou poursuivie, puis promise au bûcher... Fille de rien, gueuse etc..  Et à travers ses mots, nous sommes en Ecosse, nous foulons ces terres, nous sentons le printemps, nous parcourons corniches et vallées, nous émerveillons de la rencontre d'un cerf... C'est une immersion en pleine nature que nous propose ici Susan Fletcher, une nature qui pour nous, serait bien hostile. Mais Corrag voit de la lumière dans chaque ombre, et s'émerveille de l'infiniment petit, même de l'invisible. Tout cela est particulièrement poignant à lire et à ressentir, car les paroles de Corrag résonnent et éclatent de modernité, notamment, dans son rapport à la nature. Les maux du XVIIème siècles et ceux de notre aire se ressemblent tellement en fait... il y a juste la forme qui change, mais dans le fond, l'humanité a toujours tout à apprendre.

Un bûcher sous la neige est servi par une plume magnifique, poétique, envoutante, qui invite à l'observation, la contemplation et au respect de ce qui nous entoure. Ce livre est un hymne magnifique à l'Amour, à l'amitié, à la nature, au respect des différences qu'elles soient physiques, culturelles ou spirituelles, à la richesse de chacun et surtout, un plaidoyer pour la paix entre les peuples. Un roman qui démontre parfaitement que connaître l'autre et son Histoire permet de changer de regard, et donc d'opinion.

Une histoire saisissante, captivante... Une destinée poignante et admirable... Mais quelques longueurs à mes yeux...

Sur ce blog, de la même autrice : La fille de l'irlandais

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 28 Août 2023

Roman - Editions Québec Amérique - 144 pages - 16 €

Parution en janvier 2023 

L'histoire : Un homme sexagénaire vit paisiblement dans la campagne canadienne avec sa femme Livia, son chien et son chat. Il est écrivain. Régulièrement, il reçoit la visite de son frère cadet, qui vit dans un autre monde, un monde coupé de la réalité...Celui de la schizophrénie.  C'est donc l'histoire d'un homme inquiet qui tente d'habiter le monde par l'amour, et la sollicitude envers son frère... Tout faire pour lui agrémenter la vie, lui rendre un peu plus douce.

Tentation : La blogo

Fournisseur : Bib de Dinard

 

 

Mon humble avis : Un roman québécois, pour changer, car le Roitelet a virevolté sur la blogo ses derniers temps, me donnant profondément envie de le lire, même s'il n'y est pas ou peu question d'oiseaux. 

"Il est venu ce matin encore frapper à ma porte. Je n’avais pas versé le café dans les tasses que déjà il me disait ces mots. « Tu devrais écrire un livre dans lequel rien n’arrive. » J’ai trouvé l’idée d’autant plus séduisante que j’ai sous la main, avec ma vie très banale, une grande quantité de matière à partir de laquelle travailler."

Ce livre, c'est celui-ci, il ne s'y passe rien d'extraordinaire, mais plein de petits faits et mots de la vie de tous les jours. De très courts chapitres, deux, trois ou 4 pages. Des jours qui se suivent, qui pourraient se ressembler, mais qui tirent tous une identité dans des petits rien de la vie, qui si on sait les apprécier, lui donne toute sa grandeur, toute sa saveur.

J'ai tout d'abord été éblouie par la plume de l'auteur. Magnifique, poétique, douce, enveloppante, apaisante comme le serait un baume. On est bien dans ces pages, même si l'on partage l'inquiétude et l'impuissance de l'aîné face aux souffrances et à la détresse du cadet, que la maladie psychiatrique a atteint à l'adolescence. Celle-ci n'est pas le centre du roman, elle n'est pas expliquée cliniquement, nous y percevons juste les conséquences, les affres envahissants, le quotidien... Le roitelet, c'est la relation entre les deux frères. Et celle-ci nous réconforte. Sous le regard bienveillant et patient de Livia, nous assistons aux rencontres des deux hommes... Parfois, elles sont purement matérielles (il faut rhabiller le frère, ranger son appartement)... Mais le plus souvent, elles ont lieu sur le banc du jardin au clair de lune, ou le long des chemins alentours. Et là, les deux frères sont unis par une connivence intellectuelle et émotionnelle dans leur regard sur le monde, sur la nature environnante. Leurs discussions sont alors philosophiques, ou existentielles. Et elles invitent à ralentir, à observer, à s'arrêter, à méditer, à contempler... A se contenter, à s'émerveiller... et à retenir moult de jolies phrases si bien écrites.

Ce qui émeut le plus, c'est la tendresse, la sollicitude, la bienveillance, la réelle présence de l'aîné auprès de son frère. Et je sais que bien des malades n'ont pas tout cela de leur fratrie. Et tout cela semble si naturel à l'auteur, qu'il l'évoque avec beaucoup de pudeur et de discrétion, sans s'ériger en sauveur ou héro. Il est juste un simple humain qui se questionne, s'adapte, essaie de comprendre et par petites touches, essaie d'améliorer le quotidien du frère aimé qui vit dans les abîmes... Qui sait construire des passerelles entre eux.

Un éloge lumineux à la simplicité, aux différences, et aux bienfaits de la littérature... Un nectar de sagesse en fait.

« Oui, c'est ça : mon frère devenait peu à peu un roitelet, un oiseau fragile dont l'or et la lumière de l'esprit s'échappaient par le haut de la tête. Je me souvenais aussi que le mot roitelet désignait un roi au pouvoir très faible, voire nul, régnant sur un pays sans prestige, un pays de songes et de chimères, pourrait-on dire ».

 

 

 

L'avis de Luocine, Aifelle

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 22 Août 2023

Roman - Editions Albin Michel - 272 pages - 19.90 €

Parution Albin Michel Août 2020 - Livre de poche Janv 2022

L'histoire : Celle d'Elwood Curtis, dans la Floride ségrégationniste des années 1960. Elwood est un jeune garçon afro américain élevé par sa grand-mère. Il est sérieux, évite les problèmes, travaille après le lycée, et écoute avec conviction les messages de paix de Martin Luther King. Il envisage déjà une entrée à l'université... Mais sur le trajet, suite à une erreur judiciaire, il est arrêté et conduit à la Nickel Academy, une maison de correction où les pensionnaires subissent les pires sévices.

 

Tentation : La blogo + ma lecture de Underground railraod

Fournisseur : La bib de St Lunaire

Mon humble avis : Quand un auteur se voit couronné deux fois du prix Pulitzer en quelques années, on se dit qu'il se passe vraiment quelque chose et qu'il serait dommage de passer à côté, d'autant que les avis de mes copines blogueuses sont en général élogieux. Aussi, à l'automne dernier, j'avais savouré mon audio lecture d'Underground Railraod tout en me prenant une sacrée claque.

Et cet été, me voici à lire Nickel boys, en espérant la même avidité. Je vais être honnête, je ne l'y l'ai pas tout à fait retrouvée, ce roman-ci étant à mes yeux moins captivant à suivre, et peut-être un peu plus redondant dans les situations. Moins facile aussi, je me suis un peu mélangé les pinceaux dans les personnages, leurs grades etc. Le style m'a paru moins fluide, mais pas toujours évident de comparer une lecture papier d'une audio lecture. Et le twist final, même si inattendu, n'est pas si original que cela. Vous allez me dire que je rhabille ce roman pour l'hiver alors que je lui décerne 4 pattes !

Oui, parce que Nickel boys, malgré ces petits défauts, reste un ouvrage incontournable, et qui nous tient captif et malmené dans notre petit confort. Pour l'écrire, Colson Whitehead s'est inspiré de faits on ne peut plus réels hélas... Et ce qui est encore plus glaçant, c'est d'apprendre que cette fameuse "école" où la Floride envoyait ses "mauvais garçons" pour les redresser et en faire des hommes pendant 109 ans, n'a fermé ses portes qu'en 2011...

Humiliation, exploitation digne des pires époques de l'esclavage, sous nutrition, manque d'hygiène, brimades, abus sexuels, tortures qui parfois menaient à la mort... Voici ce qu'ont subi ses centaines de garçons qui sont passés entre ces murs. Evidemment les jeunes blancs étaient un peu mieux traités, mais bon... Je précise que l'auteur ne s'étale pas à décrire minutieusement tous ces sévices, c'est plus dans la suggestion. 

Colson Whitehead dénonce une fois de plus la politique ségrégationniste des Etats Unis, son injustice, sa cruauté ainsi que l'hypocrisie de tout un système. Car dans cette école, il n'a jamais été question d'instruction pour donner des ailes... Que d'enfances bafouées, volées, violées, gâchées, battues... On se demande bien si certains de ces gosses ont réussi à s'en sortir par la suite.

C'est donc un texte effroyable, révoltant, mais en même temps prenant, tant on s'attache à Elwood et que l'on veut connaître son avenir. Est dénoncé ce que tant de pays (car ces dernières années, les révélations sur ce genre d'endroits s'accumulent en Amérique et en Europe) ont pratiqué sur leur jeunesse en "priant" pour que les dossiers restent bien enterrés. Une lecture, qui laisse exsangue et qui met K.O à lire comme un devoir de mémoire, pour se redire une nouvelle fois que l'on est chanceux d'être "bien" née blanche en France en 1972. Ne pas fermer les yeux sur la barbarie et la perversité humaines est peut -être le seul moyen de les stopper un jour.

Un roman imparfait mais incontournable et implacable.

L'avis de Fanja et de Keisha 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 26 Juin 2023

Roman - Editions Lizzie - 8h07 d'écoute - 20.99 €

Parution Lizzie 2019 (Belfond 2017)

L'histoire : Celle de Jojo, 13 ans, et de sa "famille", en Louisiane. Jojo est métisse et déjà "l'homme de la famille". Son père blanc est en prison, Léonie, sa mère noire à fond dans le crack. Ce sont donc ses grands-parents maternels qui l'éduquent, et lui qui s'occupe principalement de sa toute petite soeur, Kayla.

Léonie apprend la libération de Michael... Elle embarque ses deux enfants et une amie dans un road trip jusqu'au pénitencier.

Tentation : Les éloges sur ce roman

Fournisseur : Bib de Rennes

Mon humble avis : Bon, je ne vais pas y aller par quatre chemins, le chant des revenants ne m'a ni parlé, ni atteinte, ni bouleversée ni accrochée. Une audio lecture que j'ai donc plutôt subie (même si c'est volontairement que je suis allée au bout, espérant toujours une révélation qui ne vint pas.) Peut-être aussi que le format audio n'était pas l'idéal pour aborder cet ouvrage.

Les personnages s'expriment chacun leur tour et l'on a ainsi des visions différentes des situations qu'ils traversent. Mais parmi eux, se trouvent aussi deux défunts qui prennent la parole, et là, l'intérêt du texte et sa compréhension m'échappaient encore plus. Ces défunts, c'est Given, le frère de Léonie, assassiné adolescent par des copains de chasse blancs. Et puis il y a Richie, l'ancien compagnon de chambrée du Grand père de Jojo, qui fut mis à mort dans de cruelles circonstances. Mais comme leurs interventions sont mises à distances par les récits de Jojo et Léonie principalement, et bien il m'a été difficile de les suivre et de leur trouver une contenance qui soit poignante.

La partie road trip du roman m'a été d'un ennui mortel, si longue, si répétitive, revenant sans cesse sur l'appétit inassouvi de la petite Kaila, son vomi et l'odeur qui en découle.

Et puis l'ensemble est d'une tristesse à mourir, rien ne nous est épargné dans les sujets sensibles qui sont un peu trop superposés à mon goût : racisme, pauvreté financière et intellectuelle, drogue, cancer, "maltraitance" enfantine, violence de l'emprisonnement pour les noirs à une certaine époque. Bref, n'en jetez plus ! Et tous ces sujets ne sont finalement que survolés et se volent un peu la vedette. 

Certes, on aime Jojo, mais peut-être plus par pitié devant la vie qu'il mène que par l'intérêt qu'il éveille vraiment.

Ce roman a reçu le prix National Book Award 2017 et bien d'autres prix encore, et sur les plateformes, les avis dépassent les 4 étoiles... J'ai même lu des comparaisons avec la plume de Toni Morrison .... Ca aussi cela m'a échappé car les deux romans de Toni Morrisson que j'ai lus ont été des coups de coeur. National Book Award, j'aurais dû me méfier... J'en avais reçu un en SP il y a une dizaine d'année, je n'avais pas dépassé les 30 premières pages... Il s'intitulait Bois sauvage, de Jesmyn Ward !!! Je n'avais pas fait attention ! La boucle est bouclée, la plume et les histoires de Jesmyn Ward ne sont pas pour moi.

 

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 31 Mars 2023

Roman - Editions Folio - 272 pages - 8.70 €

Parution Folio 2007, Denoël 2005

L'histoire : En Finlande, l'ingénieur Jaatinen est chargé de construire un nouveau pont, près de la petite commune Kuusmäki. Sauf que sur place, ces méthodes peu conventionnelles ne plaisent pas aux notables locaux, qui feront tout pour provoquer son renvoi. Un peu plus tard, mine de rien, avec délicatesse et ruse, Jaatinen met en oeuvre une vengeance qui prendra dans son piège ses détracteurs. Cet homme qui ne devait que passer le temps de la construction d'un pont, changera à jamais la vie de la commune.

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

 

Mon humble avis : Allez, un petit tour en littérature finoise !

Un homme heureux aurait pu commencer par "once upon a time". Voici un roman qui offre un plaisir assez jubilatoire, sans en faire des tonnes. Les situations cocasses ne manquent pas et pourtant, rien de vraiment farfelu ! Il règne dans cette histoire une ambiance qui n'est pas sans rappeler Don Camillo et Peppone. Point de guerre de clochers ici, mais une guerre d'égo, entre les notables ancienne école de la commune, très attachés à leurs sièges et à leurs pouvoirs communaux... et Jaatinen, le jeune ingénieur, l'étranger qui vient de la capitale, et qui applique ses propres méthodes... non conventionnelles mais très humaines. Sa façon de motiver ses troupes ? Sympathiser avec les ouvriers, leur offrir du repos, et mouiller lui aussi sa chemise autant qu'eux ! On n'a jamais vu ça dans la petite ville.

Donc l'ingénieur dérange. Lui qui n'a que l'ambition du travail bien fait. Son succès, forcément suspect, va se confronter à la haine jalouse des notables et dirigeants de Kuusmäki. Peu finauds ceux-ci vont ruiner sa carrière, pour un temps. Ce qui se retournera contre eux, chacun leur tour, car Jaatinen, fort de son intelligence réelle, de ses multiples ressources (il est infatigable, hyper actif...) va fomenter un plan de vengeance implacable, qui le mènera là où il n'avait jamais imaginer parvenir, puisque l'idée ne lui était pas venue ! Et ce qui est très drôle, c'est que dans cette vengeance, il est souvent aidé à son insu par la propre bêtise de ses ennemis qui se tirent eux-mêmes les balles dans le pied. Tout cela est assez drôle à lire, les pages se tournent toutes seules. Nous suivons le destin d'un homme dont personne ne veut... et qui à force d'ingéniosité va devenir incontournable.

Une histoire vraiment sympa qui montre bien que l'on a tout à gagner en étant le plus humain possible, que l'ambition peut mener loin, tandis que la haine et la jalousie conduisent à la perte.

Tout cela servi par l'humour subtile et la plume limpide d'Arto Paasilinna qui excelle dans l'ironie discrète pour se moquer de quelques-uns de ses concitoyens !

Une lecture heureuse et divertissante !

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 24 Mars 2023

Roman - Editions Folio - 386 pages - 9.20 €

Parution :  Folio oct 2022 (Gallimard 2021)

L'histoire : De nos jours.... Calista (anglo-grecque) se souvient qu'en 1976, elle a traversé les Etats Unis en road trip, avec Gil, une anglaise rencontrée au cours du voyage. Le père de Gil connaît Billy Wilder, aussi, les deux jeunes filles sont invitées à dîner en sa compagnie, celui de sa femme et d'un couple d'amis dans un chic restaurant de Beverly Hills.  Calista ignore tout de Mr Wilder et ne connait pas grand-chose au cinéma.

Un an plus tard, de retour dans sa Grèce natale, Calista reçoit un appel. Billy Wilder vient tourner son film Fedora sur l'île de Corfou, et souhaite la présence de Calista sur le plateau en qualité d'interprète.

 

Tentation : Jonathan Coe

Fournisseur : Cadeau de Noël

Mon humble avis : L'été dernier, je suis entrée dans le monde de Jonathan Coe via "Le coeur de l'Angleterre", et je m'étais régalée, aussi, avais-je envie de remettre le couvert. Peu avant Noël, cette version poche était sur tous les étals de libraires, elle s'est donc retrouvée sous le sapin.

J'ai aimé ce roman, même si je ne lui attribue que 3 pattes, parce qu'il est très particulier et je ne suis pas sûre qu'il plaise à tout le monde.

En début de lecture, j'étais aussi ignorante que Calista par rapport à Mr Wilder... Il m'a fallu quelque temps, et une recherche Google, pour comprendre que celui-ci n'était pas qu'un personnage de roman, mais une personne ayant bel et bien exister... Un grand scénariste réalisateur de l'âge d'or d'Hollywood, multi primé, oscarisé etc, ayant fait jouer les plus grandes stars de l'époque (Audrey Hepburn, Marilyn Monroe etc). On lui doit entre autres "Certains l'aiment chaud".

Mais j'ai aimé la narration de ce fol été que vit la toute jeune Calista sur ce plateau de tournage, son sens de l'observation, son enthousiasme devant tant de découvertes pour elle, l'assurance et la hardiesse qu'elle gagne en quelques semaines.  De même, la relation paternelle qui naît entre Mr Wilder, Yz le coscénariste et Calista est très touchante, et délicate. On sent des êtres qui se rencontrent, s'attachent et se respectent.

Manifestement, à travers ce roman, Jonathan Coe dévoile son admiration pour Billy Wilder et déclame son amour pour le cinéma (sauf si je me trompe). Il fait un peu un état des lieux du cinéma américain de la fin des années 70, la fin d'une époque, le début d'une autre, avec l'arrivée de la nouvelle génération de réalisateurs que Wilder nomme "Les barbus" (Spielberg, Scorsese et les autres). L'analyse est assez subtile, qui étudie ce que l'évolutions des envies des spectateurs dans les salles obscures, que ce soit en Amérique ou en France. Et évidemment, on peut voir un parallèle entre le sujet de Fedora et celui de Mr Wilder et moi ... des stars sur le déclin...

J'ai retrouvé avec plaisir le style si agréable de Jonathan Coe : simple et soigné, fluide, qui ne se la joue pas mais est de toute élégance. Et l'idée de se faire rencontrer un personnage de fiction avec des personnes réelles est vraiment judicieuse. Au passage, on croise aussi Al Pacino ;)

Mr Wilder et moi est un roman agréable et intéressant, so charming, mais ni captivant, éblouissant ou bouleversant comme le dit notamment la quatrième de couv'.

Je ne regrette pas du tout ma lecture... mais à vous de voir !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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