Publié le 25 Novembre 2020

BD - Bande dessinée - Le chanteur sans nom - cabaret - avis - chronique - critique

BD - Editions Glénat - 116 pages - 20.50 €

Parution en 2011

L'histoire : Vedette de la chanson des années 30 et 40, le Chanteur sans nom, alias Roland Avellis, chantait masqué d’un loup sur le visage. Ami de Charles Aznavour, bouffon et comptable d’Édith Piaf, toxicomane notoire, cleptomane débonnaire et attachant, le Chanteur sans Nom eut 1000 vies...Outre l’histoire incroyable d’un homme qui traversa son époque avec flamboyance aux côtés des plus grands, Le Chanteur sans nom est une fable sur la mort et le sentiment d’inachevé.

 

Tentation : Curiosité, pourquoi pas ?!

Fournisseur : Bib N°1

 

Mon humble avis : Quelle étrange découverte que cet album qui retrace la vie sur un homme qui eut réellement son moment de gloire dans la chanson et dont plus personne (ou presque) ne se souvient... ne se rappelle le nom !!! Ah elle est bonne celle-ci !

Les deux auteurs dressent un portrait complexe et sans concession du chanteur sans nom... Comme l'était notre homme en fait. Ces pages retracent en fait l'enquête de l'un d'eux pour compléter et ajuster cet ouvrage... Et celui-ci est toujours suivi par le fantôme du chanteur sans nom qui, ainsi, revit le fil de sa vie. Lors de son enquête, l'auteur en profite pour rendre des objets ayant appartenus au chanteur aux personnes à qui ils reviennent et qui sont encore de ce monde.

Roland Avillis, alias le chanteur sans nom était un homme étrange, qui avait à mes yeux tout pour être détestable : menteur, voleur, manipulateur, égoïste, immature, irresponsable etc. Mais il semble que tous ceux qui l'ont connu ne retiennent de lui que sa gentillesse, sa joie de vivre, son humour, bref, l'allégresse et la gaieté qu'il apportait dans leur vie... Cela et aussi, le monstre sacré qu'il devenait sitôt sur scène, même si, au début, il y montait masqué.

J'avoue, j'ai eu du mal à m'attacher à ce personnage et à développer quelque émotion. Ce qui m'a le plus intéressée dans cette lecture, s'est de me retrouver plongée dans une autre époque et un milieu qui me sont méconnus : les cabarets et les tours de chants aux alentours de la deuxième Guerre Mondiale. On croise dans ces pages un Charles Aznavour encore en galère, une Edith Piaf au sommet de son art puis au plus profond des abîmes suite au décès de Marcel Cerdan. Le chanteur sans nom était très ami avec des vedettes de l'époque, ce qui ne l'empêchait pas de les voler. Mais il leur a tant donné, que personne ne semble lui en vouloir.

Cet album date de 2011... Aussi l'actualité d'alors n'était pas celle d'aujourd'hui. En 2011, on ne se posait pas la question : faut-il séparer l'artiste de l'homme, ses actes de son oeuvre. Certes, Roland Avillis n'a pas commis de crime, juste des délits dont les conséquences n'ont pas dépassé son entourage. Mais tout de même, je m'interroge... Personnellement, je ne crois pas que je pourrais pardonner un ami qui me volerait sous prétexte qu'il est joyeux et me divertit.

Quoiqu'il en soit, c'est une lecture agréable, divertissante, l'histoire est bien menée et nous ramène à l'époque des mythes de la chanson.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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Publié le 23 Novembre 2020

Thriller, David Khara, Le projet Bleiberg, nazisme, manipulation génétique, Histoire, avis, chronique, critique

Thriller -  Editions 10/18 - 307 pages - 7.50 €

Parution d'origine aux Edition Critic en 2010

L'histoire : Jay Novacek est un trader newyorkais à la dérive. Un jour deux hommes en uniforme impeccable de l'Air Force est décédé... Alors que Jay ne l'a pas vu depuis plus de vingt ans. En héritage, Jay reçoit un drapeau américain et un médaillon... nazi. Puis c'est sa mère qui est assassinée alors que Jay échappe de justesse à une mort certaine, sauvé de justesse par une étrange personnage venu de nulle part. Aucun doute, voilà Jay en piste pour une véritable course contre la montre, qui le mènera jusqu'aux heures les plus sombres de l'Histoire.

                                        

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

Mon humble avis : David Khara nous offre ici un thriller très agréable à lire : l'intrigue est aisée à suivre, malgré les nombreux personnages, notamment historiques, et les allers et retours dans le temps (entre 1924 et 1946). Nul besoin de fouiller dans les pages précédentes pour s'y retrouver. Excellent point. Par une narration bien tonique, David Khara nous emmène vraiment dans une histoire de dingue, sans pour autant se montrer prétentieux... pas de prise de tête, un style très fluide et de ci delà quelques pincées d'humour bienvenues. Le tout avec une intrigue qui tient vraiment la route, et qui prend racine dans des faits historiques avérés.

Prenez un jeune trader qui depuis un tragique accident se noie dans l'alcool... Ajoutez un père qui refait surface en étant mort, une mère assassinée, des révélations familiales qui change le regard sur une vie et le monde, une petite nénette agente de la CIA, un monstrueux agent du Mossad, des courses poursuites, des mystères, des pièges, quelques embuscades et fusillades, quelques exécutions sommaires et efficace (pas d'hémoglobine dégoulinante ni de scènes de tortures insupportables) et vous avez là un très bon thriller qui, de New York, vous amène en Suisse, en Israël et en Belgique. On y rencontre Hitler, Himmler et un étrange et terrifiant docteur sévissant secrètement dans les camps de la mort, où il trouve là tous les cobayes nécessaires à ses "petites" expérience. Oui, David Khara base son histoire avec les manipulations génétiques sur les juifs internés... Donc évidemment, on replonge un peu dans l'horreur des camps, mais l'auteur n'insiste pas plus que nécessaire sur ceci. Mais quel rapport peut-il y avoir entre les exactions nazies des années 40 et le présent mouvementé que Jay subit ? Réponse dans le livre.

Les trois personnages principaux deviennent de plus en plus attachants et c'est tant mieux. Car leur humour, leurs erreurs, leur étonnement de novice pour l'un d'entre eux égayent une atmosphère bien tendue... Ce qui donne à ce thriller cet aspect si distrayant, malgré un sacré suspense. Bon la fin est n'est pas très originale (d'ailleurs, je l'avais en partie soupçonnée), mais elle n'enlève rien au plaisir de lecture. C'est vrai quoi, une fin, c'est 10 pages, et le roman 307 pages. Cela laisse pas mal de places aux surprises et rebondissements !

PS : Le projet Bleiberg est le premier tome d'une triologie, mais peut se lire en one shot !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Thrillers - polars français

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Publié le 21 Novembre 2020

Jean-Louis Fournier, Rentrée littéraire septembre 2020, merci qui ? merci mon chien, animaux, protection animale, condition animale

Divers - Editions Buchet Chastel -216 pages - 16 €

Parution le 15 octobre 2020 : Rentrée Littéraire

Le sujet : On ne dit jamais « merci » aux animaux. Pourtant, on devrait. Ils enchantent le ciel, la mer et la terre. Sans les animaux, il n'y aurait pas de paradis terrestre. Ils ne méritent pas l'ingratitude des hommes. Ils méritent leur reconnaissance. Alors, comme ils ne le demandent jamais, on va leur dire « merci ».

 

Tentation : Tout ! Titre, couv' et sujet !

Fournisseur : Ma CB

 

Mon humble avis : Quelle délicieuse lecture, délicieuse et parfois dure aussi, car tout n'est pas rose au pays des animaux. 

Jean-Louis Fournier est le créateur de "La Noiraude". Mais si, quadragénaires rappelez-vous ce court programme de télé : "Allo docteur, c'est la Noiraude à l'appareil" ! Je l'ignorais totalement ! Fournier nous offre ici un magnifique hommage, une généreuse et touchante déclaration d'amour à la gente animale ! Tous les animaux (à part les moustiques !) : de compagnie, d'élevage, sauvages. Les animaux qui partagent nos vies et ceux que l'on mange... Et oui, précision : les végétariens ne se retrouveront pas dans cet ouvrage. Jean-Louis Fournier est carnivore. Mais il n'empêche, il plaide ici pour un respect des animaux devant une condition animale de plus en plus insupportable et cruelle.  Cet ouvrage est bien sûr écrit sous l'oeil attentif, facétieux et avisé de sa chatte Artdéco.

De très courts chapitres se succèdent, développant chacun un sujet autour des animaux. Dans l'un, Fournier admire les performances animales (nid d'hirondelles, toile d'araignée), dans l'autre, il remet l'Homme à sa place, l'Homme qui se prend pour le roi de la jungle et se permet de disposer de tout. Dans l'un, Fournier déplore que l'Homme ne sache plus composer avec le sauvage et le naturel, qu'il ne sache même plus partager l'espace. Dans l'autre, il vénère le mystère, l'intelligence, l'élégance, la fidélité animales. Dans l'un, il écrit une lettre d'excuse à chien que son maître vient d'abandonner lâchement, dans l'autre, le courrier d'adresse à un chien d'aveugle à la retraite, ce chien qui a toujours suivi la route de son maitre et non sa propre route. Bref, j'en passe et des meilleurs ou des plus tristes, comme les mille vaches qui ne voient jamais le ciel... D'ailleurs les chapitres aux sujets douloureux sont entrecoupés de "petites leçons de savoir vivre avec les animaux" très amusantes, et terriblement éloquente sur la réalité, mais qui détendent l'atmosphère. Au fil des pages, les chasseurs, les braconniers, les maltraitants et Descartes (pour qui les animaux n'avaient ni âme ni intelligence) en prennent pour leur grade ! Fournier invite à la recherche des pistes pour penser une nouvelle alliance avec le sauvage.

Le tout est écrit avec un style jouissif, qui alterne dérision, humour, tendresse, amour, ironie, causticité, colère... Mais cela prend toujours aux tripes ! Ca se lit comme un bonbon, parfois avec la douceur du sucré parfois avec l'acidité d'autres friandises qui nous font fermer les yeux.

Un énorme coup de coeur pour cet ouvrage, à lire, relire, à offrir à ceux qui aiment les animaux mais qui ne renoncent pas à en manger de temps en temps, mais aussi à ceux qui n'ont aucune conscience du bien fait animal ou de la condition animale de notre époque.

J'ai lu une partie de ce livre avec ma chatte Aya tout contre moi... A un moment, écoutant les conseils de Jean-Louis Fournier, je lui ai dit "merci d'exister", pour changer des "ma toute belle, ma choupinette amour etc..." Et bien Aya a compris... la preuve, elle a cligné des yeux à l'écoute du mot "merci" ! Merci à mes 3 chats d'exister, car vraiment, ils ont changé ma vie, sans doute sans s'en rendre compte, juste en "étant".

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 19 Novembre 2020

roman, louise erdrich, religion, réserve indienne

Roman - Editions Livre de Poche - 535 pages - 8.80 €

Parution d'origine chez Albin Michel en 2003

L'histoire : Dans une réserve indienne du Dakota du Nord, vit et officie le père Damien, presque centenaire.  Depuis près de 80 ans, il est le témoin de nombreux événements, ordinaires ou extraordinaires (des miracles ?) qu'il rapporte méticuleusement par écrit à tous les papes qui se sont succédés depuis. Jamais ne vient une réponse jusqu'à l'arrivée du Père Jude en 1996. Emissaire du Vatican, celui-ci vient étudier la candidature à la sainteté de Soeur Léopolda, une ancienne religieuse de la réserve. Le père Damien lui avouera -t-il secrets et vérités ?

 

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

Mon humble avis : Ce roman "traine" dans ma PAL depuis 11 ans. Il y traine parce que je l'ai reçu lors d'une participation à un prix littéraire. Je ne l'ai donc pas choisi, et comme il n'est pas du tout le genre de livres vers lequel je me précipite, j'ai rechigné toutes ces années à l'ouvrir et lui donner une chance. Cette fois-ci, j'étais prête à m'y attaquer, et je ne le regrette pas. Car malgré mes "3 pattes", c'est un ouvrage que j'ai apprécié, parce qu'il m'a emmenée vers des territoires littéraires que j'ai si peu, voire peut-être jamais, exploré. Et puis franchement, l'histoire est prenante, le personnage du père Damien très attachant et on se demande bien qu'elle sera l'issue des secrets du père Damien.

Mais cette lecture fut tout de même éprouvante pour moi. Déjà, le livre est un pavé... Donc forcément, c'est long et je ne vais pas nier la présence de quelques longueurs au fil des pages. Mais ces longueurs sont en même temps partie prenante de la narration, et puis tout de même, ce roman saga nous fait traverser presque un siècle ! Le style est très travaillé, use souvent de l'implicite, les personnages sont nombreux et leurs imbrications familiales pas toujours facile à retenir (malgré la présence d'un arbre généalogique au début du bouquin). Tout ceci fait que j'ai dû déployer une attention et une concentration inouïe (pour moi et mon cerveau mal en point) par suivre l'histoire du Père Damien et des Indiens Obijwe, et que cela m'a épuisée... Mais le tout pour la bonne cause.

Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse est un roman vraiment fantasmagorique* et baroque**. et assez picaresque. Si vous êtes cartésiens et si vous ne vous épanouissez que dans le rationnel, passez votre chemin. Si vous aimez quand l'extraordinaire se mêle à l'ordinaire, quand la frontière entre la réalité et la spiritualité est ténue, cette histoire devrait vraiment vous plaire. Car nous suivons tout d'abord les pas (quelques années) qui mène le Père Damien (je ne divulgâcherais pas son secret, même s'il apparaît dans les premiers chapitres), ce personnage ô combien admirable, original, dévoué, humain dans toute sa complexité de foi et de doute, jusqu'à la réserve Indienne dans les années 1910-1912. Puis ce sont 80 années qui se déroulent sous nos yeux, faites d'aventures et de mésaventures, de naissances, de décès, de crime. Et pourtant dans ces pages, le temps semble immobile. Certes, quelques instruments modernes apparaissent (comme le sac de congélation). D'ailleurs, Louise Erdrich offre de belles réflexions sur le temps, la foi, le doute, le mensonge, l'esprit, l'âme, la tentation, le pêché, le crime, la dévotion, la fragilité des convictions, l'amour des siens etc... tantôt sous le prisme de l'humanité simple, tantôt sous le prisme du dogme religieux. Les personnages (pour la plupart indiens) qui entourent le Père Damien sont hauts en couleurs et de sacrés caractères.

Evidemment en filigrane, Louise Erdrich évoque les drames historiques : la spoliation des terres indiennes par le gouvernement blanc américain, la grippe espagnole, la déforestation, les conversions et les baptêmes souvent forcés des indiens, les dégâts de l'alcool dans les réserves. Mais il y a une large place pour les traditions et croyances indiennes ancestrales, ainsi que cette certaine et fameuse sagesse... Car dans ce roman, les indiens entre eux ne se comportent pas mieux que les blancs... Ils sont terriblement humains. Par contre, leurs visions du monde, de la nature et le respect de cette dernière font vraiment preuve d'une philosophie qu'il serait plus que temps que nous retrouvions.

Il y aurait tant à dire sur ce roman foisonnant, surprenant, captivant, drôle aussi par moment ! Impossible ici. Je pense que je garderai longtemps le personnage du Père Damien en mémoire. Même si cette lecture fut vraiment fatigante pour moi et qu'il me tardait de l'achever, j'en suis tout de même très contente. Je me sens vraiment enrichie d'une histoire exceptionnelle et j'ai fait un grand pas de plus dans les possibilités littéraires que le monde m'offre !

"Et je crois même aujourd'hui que le vide laissé par la disparition de la connaissance sacrée traditionnelle fut comblée, très simplement, par le facile réconfort de l'alcool. J'ai donc été forcé, au bout du compte, de nettoyer derrière les ravages de ce que j'avais aidé à détruire, père Jude. Voilà pourquoi je suis resté".

* Fantasmagorie : Présence dans une œuvre de motifs, thèmes fantastiques destinés à créer une atmosphère surnaturelle

** Baroque littéraire : Reprenant le caractère du maniérisme, ce courant privilégie l'émotion et le sensible à l'intellect ou au rationnel. Le baroque en littérature se centre sur l'effet et l'ostentation. Il offre des lieux communs représentatifs : mélanger les contraires (le réel et l'illusoire, le grotesque et le sublime, le mensonge et la vérité) ; développer l’imaginaire ; faire appel aux allégories ; exprimer les sentiments et les sensations ; retranscrire avec une abondance de détails couleurs, formes, saveurs et parfums. La mort est un thème central dans les œuvres baroques, intimement liées au domaine de l'évasion, de la mythologie et de la féerie. L'esthétique baroque revendique son exubérance, son foisonnement et sa surcharge ornementale. L'écriture est dominée par l'alambique rhétorique et la multiplication de figures de style comme la métaphore. Le recours à l'hyperbole et au néologisme est également notable. Jouant sur le motif des identités multiples, le théâtre et le roman mettent en scène des personnages polyvalents, doubles et mystérieux « portant un masque ».

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 17 Novembre 2020

Roman - Editions Audiolib -11h57 d'écoute - 21.95 €

Parution d'origine chez Belfond en 2016

L'histoire : Jende Jonga rêve de l'Amérique. Avec courage, il s'emploie activement à la réalisation de son rêve. Emigré Camerounais, il vit depuis quelque temps à New York, dans l'attente de papiers lui permettant de rester durablement et légalement dans ce pays. Il a même fait venir sa femme et son fils. Il décroche un job en or pour lui : chauffeur pour un riche homme d'affaire de Wall Street et sa famille. Le rêve est à portée de mains... Mais la crise des subprimes éclate...

 

Tentation : Le ptich

Fournisseur : Bib N°3

 

 

Mon humble avis : Ah le rêve américain ! Combien s'y sont cassés les dents ? Beaucoup de candidats pour peu d'élus...

Jonga et sa famille sont donc postulants à la nationalité américaine. Nous suivons leur parcours, leur regard (qui évolue) sur l'Amérique, leurs difficultés, leur courage car franchement ils n'en manquent pas et ne comptent pas leurs heures au travail. Ils sont dévoués corps et âme à leurs patrons, à leur future patrie qu'ils admirent et vénèrent plus que tout lieu au monde. Bien sûr, il n'est pas évident de se défaire de ses us et coutumes africaines, et surtout d'une certaine façon de penser. Aussi, ils surmontent quelques malentendus et déconvenues, mais prennent cela avec bonhomie et bonne humeur, et même humour. Ce qui fait que pour le lecteur, la première partie de cette histoire se lit avec agrément et légèreté, même si ce texte est très intelligent et n'est pas là non plus pour faire rire. Evidemment, lorsque Jende commence à travailler comme chauffeur pour les richissimes Clarck, c'est parfois le choc des cultures. Cela donne lieu à des dialogues savoureux, bienveillants mais où subside toujours la distance liée aux différences sociales et pigmentaires.

La romancière Imbolo Mbue nous invite à suivre le destin de deux familles que tout oppose mais qui se retrouvent liées par le personnage centre de Djende.. D'un côté, il y a l'espérance, la naïveté, le courage, la construction, l'espoir, l'avenir. De l'autre, il y la puissance, l'argent, l'acquis, le passé, le présent, la lassitude. Et oui, les plus riches ne sont pas les plus heureux. Et puis, la crise des subprimes va bousculer ces fragiles équilibres... Je n'en dis pas plus. Il n'empêche, malgré le contraste qui sépare ces deux familles, celles-ci se respectent et une certaine affection s'installe.

Imbolo Mbue nous offre un roman puissant, addictif et extrêmement bien ficelé, qui décrit avec minutie et réalisme l'intégration difficile des noirs aux Etats-Unis. Etre plus que méritant ne suffit pas. Voici venir les rêveurs se déroule autour de 2007, avant, pendant et après la crise des subprimes. L'auteure dépeint donc l'envers du décors de l'american dream, du pays des libertés et du tout est possible, les paradoxes, les ambiguïtés, les hypocrisies (notamment du système)... où ceux qui ont tout n'ont aucune conscience de leur chance. A travers la famille Jonga, nous sommes dans le coeur, les pensées, le quotidien et l'esprit de candidats à l'immigration, de tout ce qu'ils sont prêts à faire, quitte parfois à se détruire, se déchirer, et à oublier les valeurs qui les forgent.  Il est consternant et effrayant de constater que cette famille, qui fuit "juste" un pays qui n'a pas d'avenir glorieux à lui proposer, s'est construit son idée de l'Amérique à partir des séries télé, soap opéra etc... Et que cette vision idyllique lui a suffi pour tout quitter ! Evidemment, Imbolo Mbue évoque aussi la réalité de l'exil, du mal du pays, du manque de ce qui compose nos racines. Je copie ma blogo copine AGFE en affirmant que les 50 dernières pages sont particulièrement intéressantes à lire, voire à relire, tant elles offrent de belles réflexions sur tout cela... Notamment, à la question : Où est le bonheur ? Ailleurs, où l'on est pauvre chez les riches, où chez soi, ou l'on est moins pauvre que les pauvres.

Le style est très agréable, aussi, ce roman se lit et s'écoute facilement. Je dirais qu'il peut être comparé à celui d'Alain Mabanckou. Car si j'avais écouté ce livre "à l'aveugle", j'aurais désigné Mabanckou comme auteur. Et l'interprétation proposée par cette version audio ne me contredit pas. Les personnages sont hauts en couleurs et tous attachants... parfois, malgré leurs apparences.

Voici venir les rêveurs est donc un très bon récit, qui donne à réfléchir, qui émeut, qui touche, qui révolte. Son sujet est hélas toujours autant d'actualité Mon seul bémol est que je l'ai trouvé un peu trop long.

 

Le billet d'AGFE, celui de Sylire

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 15 Novembre 2020

Terra Botanica, parc, Angers, Maine et Loire, Vacances, tourisme

Durant l'été, des amies m'ont proposé de les accompagner pour une journée au Parc Terra Botanica, à quelques kilomètres d'Angers : une occasion de réaliser un projet qui "mûrissait" depuis plusieurs années.

Un conseil si vous passez dans ces environs, réservez une journée à la visite de ce parc merveilleux, adapté aussi bien aux qu'aux plus grands. Il y règne une agréable sérénité, et c'est un bonheur d'évoluer dans cet écrin de verdure fleuri, de curiosités et d'attractions bon enfant et instructives. On sort de Terra Botanica plus intelligents que nous y sommes entrés, sans être ruinés. Botanica ne visant pas à l'hyper consommation comme la plupart des parcs d'attractions. Des points restaurations sont présents, et pour toutes les bourses et pour tous les temps que vous voulez octroyer à votre repas. De part et d'autre du parc, plein de petits coins ombragés pour se reposer un moment, comme sur de gros poufs ou dans des hamacs. En cas de forte chaleur, comme ce fut le cas lors de notre visite en journée caniculaire, les brumisateurs rafraichissant ne manquent pas. 

Bref, à Terra Botanica, tout est mis en place pour que la journée soit délicieuse, apaisante, enrichissante. On en prend plein les yeux... juste avec la nature ou des récits d'anciens voyages de découvertes du monde projetés sur des écrans ou joués par des comédiens. Ajoutez à cela que le personnel y est souriant et franchement sympa, dommage de manquer une incursion en Terra Botanica.

Vous vous baladerez ainsi dans une coque de noix au dessus de la canopée ! Un petit tour en bateau vous racontera l'histoire de la région et des importations. Une animation vous propose d'expérimenter les différents climats de planète en passant de salle tropicale et salle désertique ou polaire. Dans une volière, une multitude de papillons colorés virevoltent autour de vous. Un film tout mignon en 3  D vous montre le chemin d'une goutte d'eau, et sur votre siège qui remue au fil des accélérations ou autre, vous recevez même quelques éclaboussures. J'en passe et des meilleurs... Terra Botanica, un voyage dans un autre monde,  un monde merveilleux ! Le nôtre, celui que nous ignorons trop et devons protéger ! Et plus on le connaît et le comprend, plus sa sauvegarde coule de source.

PS : Mes photos ne montrent pas les animations  projetées.

Dans 15 jours, un autre billet !

UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
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UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2
UN DIMANCHE EN TERRA BOTANICA 1/2

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Voyages en France et ses îles

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Publié le 13 Novembre 2020

BD, Bande dessinée, Nos embellies

BD - Editions Bamboo - 72 pages - 16 €

Parution en février 2018

L'histoire : Lily apprend qu'elle est enceinte, au moment où son compagnon lui annonce qu'il va partir en tournée avec son groupe et lui demande de s'occuper de Balthazar, son neveu, qui arrive du Canada. Lily tente d'apprivoiser ce gamin qu'elle n'a jamais vu et qui traîne avec lui la tristesse de la séparation de ses parents. Sur un coup de tête, elle quitte Paris avec Balthazar. Sur la route, ils rencontrent Jimmy, un jeune homme en marge. Leur périple les mène jusqu'à Pierrot, un berger qui élève seul ses brebis avec son chien. Ensemble, ces âmes déboussolées vont retrouver un souffle de vie.

 

Tentation : Le billet de Stéphie

Fournisseur : Bib N°1

 

 

Mon humble avis : Cette BD est une véritable pépite d'or, une véritable boule de coton, un bon plaid polaire tout doux, une bande dessinée qui fait un bien délicieux et tendre.

C'est une parenthèse que nous propose cette histoire très humaine, aussi intelligente que tendre, même si les personnages ne sont pas tout à fait à la fête : ils ont tous une douleur qui les turlupine. Pour l'une c'est une récente grossesse, pour l'autre ce sont les grands enfants qui habitent outre atlantique, pour le gamin, c'est le divorce de ses parents et sa mère qu'il l'envoie au loin, ce qu'il perçoit comme un abandon. Et enfin, pour Jimmy, c'est un refus de ses choix par son entourage, et du coup, comme une exclusion. En fait, chacun d'entre eux souffre d'une forme de solitude, d'ultra moderne solitude.

Les aléas et hasards de la vie vont réunir ses personnages qui ne se connaissaient pas... Ensemble, ils vont apprendre à rencontrer l'autre et soi-même, ils vont s'écouter, se comprendre, s'entraider en usant des moyens les plus simples mais que nombre de gens ne maîtrisent pas : la bienveillance, l'humanité, la tolérance et surtout, l'accueil. L'accueil de l'étranger chez lui, c'est quelque chose qui a pratiquement disparu de notre société.

Tout cela se déroule principalement en Auvergne, dans la ferme isolée de Pierre. Cette parenthèse faite de bol d'air dans la nature, de soirées au coin du feu, de repas partagés, de travail paysan, de confidence est vraiment une invitation à se poser. Cet album est un véritable cocon de bonheur et de bien-être, d'être soi tout simplement, de se faire confiance. Et cerise sur le gâteau, les dessins sont magnifiques et vivants, les couleurs chaleureuses. Bref, un écrin de douceur à lire et relire sans modération, qui donne du peps et foi en une certaine humanité. Un délicieux moment de lecture avec de très très belles personnes... dont le monde pourrait s'inspirer.

 

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 11 Novembre 2020

Paule constant, roman, des chauves-souris des singes et des hommes, avis, chronique, afrique, ébola

Roman - Editions Ecoutez Lire - 3h56 d'écoute - 15.99 €

Parution d'origine chez Gallimard en 2016

L'histoire : Dans un village reculé d'Afrique, une petite fille recueille une chauve souris. Des garçons sont fiers de rapporté le corps d'un grand singe au dos argenté. Pas très loin, une médecin française arrive au dispensaire pour effectuer une campagne de vaccination. Et elle affrontera ce qu'elle n'avait jamais imaginé, car un mal pernicieux se propage sur le village et ses alentours.

 

Tentation : Pitch et couv'

Fournisseur : Bib N°2

 

Mon humble avis : Je suis triste, je pensais aimer tellement ce roman... Oh, au début, sa magie m'a belle et bien envoutée. J'ai senti la touffeur, la chaleur, l'atmosphère, les saveurs, les odeurs, les crépuscules de l'Afrique. 

Et puis, j'ignore ce qui s'est passé, ma concentration s'est délitée un peu plus à chaque chapitre, au point que je ne suis plus parvenue à suivre vraiment ni l'histoire, ni le destin et le rôle de certains protagonistes. Le roman est-il confus ? Le support audio (en voiture sur de courts trajets) ne m'a sans doute pas aidée.

Pourtant, le style est magnifique, proche du conte, et l'interprétation de Marie-Christine Barrault est douce et agréable.

J'ai tout de même saisi en grande partie ce que Paule Constant souhaite souligner et dénoncer dans ces pages... Les méthodes médicales françaises en Afrique de l'époque coloniale... Les méthodes actuelles qui souffrent encore de tant de faiblesses et d'inappropriations par rapport à la géographie et le climat des lieux, mais aussi par rapport aux coutumes et croyances locales. Exemple frappant : Agrippine, la médecin française, constate en effet que si les vaccins sont envoyés en nombre suffisant, ils ne sont accompagnés que d'une seule seringue... Une jeune mère subit une césarienne, l'enfant décède et est enterré par les soeurs du dispensaire. La vie de la mère est sauvée certes, mais cette jeune femme n'a plus aucun avenir ni respect dans son village, d'autant qu'elle y est revenue sans le corps du nourrisson.

Toute cette histoire se déroule au Congo, le long du fleuve Ebola... Inutile donc de préciser la nature du mal pernicieux et alors inconnu qui s'abat sur ses riverains...

Voilà ce que j'ai pu retenir de cet ouvrage, qui je pense, régalera certainement les amateurs des très belles littératures, si celles-ci usent des conditions adéquates de calme et de disponibilité pour l'apprécier à sa juste valeur. Mais rendez-vous manqué pour moi. Dommage.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 9 Novembre 2020

Corinne Maier, No Kid, enfant

Essai - Editions J'ai Lu - 158 pages - 7.00 €

Parution d'origine chez Michalon en 2007

Le sujet : Enfin, quelqu'un ose écrire ce que la plupart des parents pensent tout bas... lorsque leur progéniture est enfin couchée ! Hilarant et politiquement incorrect, No Kid s'attaque à l'un des tabous les plus intouchables de notre société l'enfant.

 

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

 

 

Mon humble avis : Je n'ai pas d'enfant, et pourtant, j'ai été éduquée pour en avoir. Mais on va dire que l'occasion sérieuse ne s'est pas présentée, puis les soucis de santé notamment génétiques ont pris toute la place...et les décisions, confirmées par l'âge avançant. Et pour l'instant, je ne le regrette pas, à la vue de l'évolution de notre monde. Je changerai peut-être d'avis lorsque je serai vieille et pour le coup, vraiment isolée. Mais a-t-on des enfants pour nous tenir compagnie lors de nos vieux jours ? Quant au "travail" pour la France, je suis tranquille, mes frères et soeurs compensent pour moi : ma soeur avec 10 enfants, mon frère avec trois.

Cet essai est à lire au premier degré... et aussi au quatrième ! Parce qu'il est par moment documenté (de statistiques en autre), réaliste, direct, salé et parfois de mauvaise foi ! Là où le titre est trompeur, c'est que l'auteure est elle-même mère et qu'il est très peu question de ceux qui n'ont pas d'enfants, que ce soit par choix ou par impossibilité médicale. C'est clair, ces personnes là sont montrées du doigt, interrogées sur leurs motivations qui passe forcément pour un égoïsme viscéral. 

Quarante raisons de ne pas avoir d'enfants, donc quarante chapitres plus ou moins courts, intéressants, drôles ou tragiques, répétitifs ou inédits dans leurs propos. Dans ces raisons, citons en vrac : la perte de liberté, la grossesse qui vous transforme en baleine, le coup d'un enfant, on en prend pour plus de 20 ans, on se paye les grands-parents qui ont leurs conseils à donner à propos de tout ce qui concerne l'enfant, j'en passe et des meilleurs. Mais il y a aussi des raisons plus sérieuses, autant sociales que sociétales : l'inégalité homme/femme, l'interruption de la carrière et la difficulté de mener de front carrière et foyer, la surpopulation, l'avenir plombé de nos sociétés actuelles, la difficulté de la vie etc. 

Corinne Maier met l'accent sur les problématiques modernes... En effet, être mère de famille requiert désormais tant de compétences diverses et variées que cela devient un métier fort de sa polyvalence mais très peu reconnu sur le marché de l'emploi. De nos jours, l'enfantement et l'éducation deviennent une course à la perfection, pour rentrer dans le moule, pour répondre aux critères collectifs tout en restant dans le bien-être. D'ailleurs, l'enfance est de plus en plus gérée par moult professionnels, dès que bébé fait un pet de travers ou que le môme se montre un chouia trop actif. Avoir un enfant bien dans sa peau et en bonne santé ne suffit plus : il doit être un génie, un sportif, un musicien (etc) accompli. Bref, là est une des raisons du dysfonctionnement de plus en plus manifeste de notre société : la pression monstre qui pèse autant sur les parents que sur les enfants, et ceux, avant même que ces derniers soient homo erectus... (Ex, les bébés nageurs, l'hyper stimulation en tout du nourrisson etc).

L'écriture de Corinne Maier est efficace, éloquente, et cet essai se lit très facilement. On s'instruit un peu, on médite et on rigole. Dommage qu'il soit un peu désordonné et redondants.

No Kid n'est en fait à charge contre personne. Il se veut même, quelque part rassurant. Pour les "Childfree" (sans enfant) : voyez à quel enfer vous avez échappé ! Pour les parents : ne culpabilisez pas d'être imparfaits, et profitez de l'enfance de vos rejetons, parce que ça passe drôlement vite !

PS : Si vous êtes parents sans sens de l'humour, évitez cette lecture qui est tout de même, comme dit sur la 4ème de couv', très politiquement incorrecte !

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

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Publié le 7 Novembre 2020

L'enfant céleste, roman, Maud Simonnot, rentrée littéraire septembre 2020, avis, chronique, critique, île de Ven, Suède, Tycho Brahe

Roman - Les éditions de l'Observatoire - 166 pages - 17 €

Parution le 19 août 2020 : Rentrée Littéraire

L'histoire : Sensible et rêveur, Célian ne s'épanouit pas à l'école. Sa mère, Mary peine à se remettre d'une rupture amoureuse. Ensemble, ils partent s'extraire du monde sur une petite île mystérieuse et mythique en mer Baltique : L'île de Ven. C'est sur Ven qu'a vécu Tycho Brahe, célèbre astronome du VIème siècle, qui y recartographia complètement le ciel. Tycho Brahe est aussi l'homme qui aurait inspiré Hamlet !

 

 

Tentation : Les conseils de ma nouvelle libraire

Fournisseur : Ma CB à ma nouvelle petite librairie

 

Mon humble avis : J'aime les histoires qui m'amènent en des lieux que je ne connais pas, voire même dont j'ignore l'existence, puisque tout est à découvrir et à imaginer. Et quand ce coin du monde est une île, je savoure encore plus. Avec ce roman, j'ai accompagné Mary et Célian sur l'île suédoise de Ven, qui fut en son temps Danoise et habitée par un scientifique renommé et déterminant, dont je n'avais jamais même entendu le nom : l'astrophysicien Tycho Brahe ! Un homme passionné au destin tragique, un homme à double face, contemporain de William Shakespeare qui se serait inspiré de lui pour créer la pièce d'Hamlet. Le roman de Maud Simonnot est bien documenté et assez érudit sur ces questions, mais dispense toujours une belle aura poétique.

L'histoire est assez classique mais elle est admirablement bien développée. L'écriture onctueuse la romancière enveloppe de sa délicatesse, de sa douce mélancolie, de son travail qui en fait un bijou bien poli. Elle convoque les sens qui s'exacerbent au coeur de cette nature isolée et préservée en pleine mer. On pourrait dire que "tout y est luxe, calme et volupté". Elle nous emmène dans les cieux étoilés avec poésie et onirisme.

Sur cet île, Mary et Célian vont s'apaiser... en menant en vie simple, calme, entourés de quelques îliens. La mère va évacuer les dernières douleurs d'une séparation amoureuse, et le fils va enfin trouver un environnement digne de lui, adapté à ses connaissances, sa curiosité, son envie d'en savoir toujours plus. Célian, l'enfant surdoué qui s'ennuie à l'école, va enfin s'épanouir simplement mais pleinement, aux contacts des éléments et de quelques personnes bien intentionnées, à l'écoute et surtout, qui ont du répondant instructif.

Avec ce magnifique roman (qui fit partie de la première sélection du Goncourt), Maud Simonnot nous murmure avec finesse et pudeur l'importance de prendre le temps d'observer l'infiniment grand comme l'infiniment petit, de découvrir ce qui est invisible à l'oeil pressé,  de percevoir le mouvement dans l'immobile ou l'immuable, d'être conscient de ce qui nous entoure. Il faut parfois s'extraire de notre monde qui ne laisse ni place ni temps au réel épanouissement individuel pour grandir, pour se défaire de ses blessures, renaître et se reconnecter autant à soi-même qu'au monde. La tête dressée vers le ciel permet de se dresser, de se redresser.

Un très beau roman, une parenthèse où fantasme et imaginaire n'ont pas de limite, et une ode à la nature... tout en douceur.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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