Publié le 14 Février 2025
Roman - Editions Zulma - 214 pages - 10.95 €
Parution format broché en sept 2023, et poche en nov 2024
Mon pitch : Islandaise, Alba est aussi linguiste spécialiste en langue minoritaire, professeur et relectrice pour une maison d'édition. De par sa profession, elle parcourt le monde en avion de conférence en colloque. Un jour, elle se demande combien d'arbres il lui faudrait planter pour compenser son bilan carbone : 5600. Quelque temps plus tard, la voici propriétaire d'une parcelle dans la campagne islandaise. En son milieu une veille maison délabrée. Et dans sa voiture, des centaines de plans de bouleau, qui deviendront des milliers. Alba creuse la terre, plante et s'enracine.
Tentation : Le sujet et la couverture
Fournisseur : Kdo de Noël
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Mon humble avis : Depuis le temps que cette jolie couverture fleurie me fait de l'oeil... J'achève tout juste ma lecture exsangue, soulagée, et ce après quelques idées d'abandon, restées à l'esquisse parce que ce blog existe.
Certes, il y a l'Islande, l'insularité, les vents, la terre plutôt stérile... Mais cela ne sert que de décor et à emplir les digressions de l'autrice.
Certes, nombreux sont les passages intéressants sur les inepties de nos sociétés, le dérèglement climatique et ses conséquences, les espèces (ou langues) en voie d'extinction, les migrants et d'autres sujets aussi divers que variés. Mais ces informations j'aurais pu les trouver sur Google si je m'étais questionnée à leurs sujets... puisqu'Alba nous cite régulièrement des résumés d'article lus sur Google.
Le changement de vie de l'héroïne aurait pu être franchement intéressant à suivre, voire inspirant. Sauf qu'il arrive subitement, sans explication réelles, et que l'on est devant le fait accompli de chaque étape sans suivre les démarches, les ressentis, les questionnements, les doutes. On reste dans le factuel et le descriptif, et l'émotion fut pour moi absente de ma lecture, à l'exception des cinq dernières pages. Soyons honnêtes, au long du roman, j'ai tout de même aimé suivre l'évolution de la relation d'Alba avec un jeune migrant de 15 ans. De même que je me suis amusée, dans ma tête, à dessiner la parcelle d'Alba au fur et à mesure de ses plantations. Sauf qu'une fois les bouleaux plantés et quelques pommes de terre, on n'en parle plus guerre. Quid de la joie de voir grandir un arbre etc...
La forme narrative est très très très redondante, jusque dans les dialogues avec le père d'Alba, sa soeur, son voisin, ou encore, le tenancier de la boutique de la Croix rouge du village voisin. L'éditeur annonce de la drôlerie dans tout cela, je n'y ai trouvé que de l'incongru ennuyeux. Même si je pense qu'il y a un exercice de style dans tout cela... En effet, Alba, qui est relectrice de romans après correction mais avant édition, liste beaucoup de tics, de défauts, de clichés et d'usages malvenus d'idiomes chez la plupart des romanciers. Et dans ces pages, il m'a semblé qu'Audur Ava Olafsdottir mettait justement en abîmes ce que son héroïne déplore. Enfin, Alba passe d'une idée à une autre pensée, et de même, ce roman semble partir dans tous les sens, sans nous donner un réel fil rouge.
Enfin, je ne suis pas sûre que traduire et publier ce roman en Français soit une si riche idée que ça, à moins que quelques lecteurs soit bilingue français/islandais (langue minoritaire) pour peut-être apprécier ce roman à sa juste (?) valeur. En effet, de nombreux passages sont consacrés à la linguistique, aux racines des mots, à leurs déclinaisons (j'en passe et des meilleurs)... Mais le tout, avec des idiomes islandais... Alors peut-être qu'en V.O, cela donne une teinte joliment poétique, mais en VF, c'est juste rébarbatif et mène à une lecture en diagonale...
La morale de l'histoire ? Et bien pour voir le monde en entier dans sa beauté, il faut s'en éloigner... Et sans doute et surtout, s'éloigner de la société qui l'habite et le détruit. Et planté des arbres pour lui redonner de la splendeur et le protéger. Mais ça, on le sait déjà, et pas grand-chose ne change pour autant.
Donc pour une fois, je ne conseille vraiment pas. Si vous voulez découvrir cette autrice islandaise (si ce n'est déjà fait), lisez plutôt "L'embellie" !
L'avis de Sandrine Tête de lecture