Publié le 2 Septembre 2024

Roman - Editions Albin Michel -162 pages - 18.90 €

Parution le 21 août 2024 : Rentrée littéraire

Mon pitch : En 2021, Pep, grande amie d'Amélie remporte le Prix Nicéphore Niépce et gagne deux billets Air France au choix. Ce sera, quand le Covid le permettra, le Japon et comme accompagnante, notre romancière. Amélie sera sa guide... Départ en mai 2023... Et Pep précise : durant ce voyage, toute nostalgie sera prescrite ! Privée de l'expression de sa nostalgie par sa compagne de voyage, Amélie Nothomb la couche sur le papier, dans ce voyage à rebours.

Tentation : A-t-on encore besoin de la préciser ?!

Fournisseur : Ma CB

 

 

 

Mon humble avis : " Nous sommes appelés, je crois, à peupler de plus en plus le monde, nous qui avons perdu un lieu aimé, à quelque titre que ce soit, et qui avons tenté de le retrouver, pour découvrir l'impossibilité du retour"... 

Ainsi s'achève le 32ème roman publié de ma chère Amélie Nothomb. Les livres sont des lieux aussi... Puisque l'on dit "dans ce livre", "je suis en pleine lecture de..."... Et hélas, je constate depuis quelques années que les romans nothombiens pourraient devenir mon impossible retour. Ils me désarçonnent parce que j'en attends tant, mais ne me surprennent plus, ne m'ébahissent plus de leurs trouvailles et de leur fantaisie, ne semblent plus être écrits spécialement pour moi, et cette sensation je la recherche. Pourtant, je l'ai sacrément atteint le "Satori", cette espèce de sensation durable d'éveil (littéraire), avec La Cosmétique de l'ennemie, Mercure, Les prénoms Epicènes, Les aérostats, Barbe bleue. Mais ces dernières années, le retour à cette transe jubilatoire et extatique de lecture me semble impossible, et pourtant, comme un rituel, je poursuis, je persiste et signe à chaque fin de période estivale. J'y retourne.

J'aime quand on me raconte une histoire, avec des personnages créés plus ou moins de toute pièce etc. Ici, nous sommes de nouveau dans de l'autobiographie nippone d'Amélie Nothomb... Et pour moi, la redondance aussi bien dans l'oeuvre générale que dans ce roman commence à se faire sentir. Que de fois il y est question de ses ouvrages précédents ! Et de faits que fidèle lectrice depuis toujours, je commence à connaître par coeur. C'est un récit de voyage, d'un recueil d'émotions et de déambulations, qui ne manque pas d'anecdotes personnelles ou d'informations sur les us et coutumes du pays du soleil levant. Mais au bout de quelques pages, j'ai trouvé quelque chose de changé dans la plume que je chérie tant... Un style plat, presque lourd, exempt d'idiomes étonnants, et très très narratif... nous entrons... nous pénétrons... nous marchons... ensuite, nous nous rendons, ensuite, nous commandons, ensuite...

Il est question de départ, de souvenir, de mémoire, d'oubli, de prime enfance, de retour, de racine, d'exil. Bien sûr, qui voyage, qui déménage, qui a connu un départ déchirant d'un lieu aimé et un retour autant attendu que redouté se retrouvera au fil des pages. Personnellement, j'ai deux lieux à l'impossible retour... Wissant dans le Pas de Calais, lieu de mes vacances d'enfance et de jeunesse. Et la Guadeloupe où je vécus deux ans, avant d'en repartir, d'y retourner, d'en revenir... Des lieux qu'on aime profondément mais où l'on ne peut plus vivre.

La lecture de l'impossible retour n'est ni désagréable ni transcendantale. Ce "roman" ne me semble pas très inspiré en fait. J'espère que 2025 sera un meilleur cru, et un vrai roman loin du japon, débordant de fantaisie, de folie, de bonnes réparties, bref, ce que je n'ai pas trouvé ici, et j'en suis désolée. J'aurais aimé écrire un billet dithyrambique !

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 31 Août 2024

Récit de voyage - Editions Gallimard - 128 pages - 23 €

Parution mai 2024

Mon pitch :  Le narrateur s'est violemment disputé avec son épouse, a quitté le domicile familial en griffonnant un mot : "Je reviens dans une semaine". Dès lors, ses pas le guident vers la gare, dans un train qui, direction plein Nord, le mène à un autre, puis à un bus...  Et voilà notre narrateur parvenu à destination : l'Ecosse, les Highlands, et la petite auberge qu'il fréquenta jadis, avec ces parents, lors des vacances. Ne lui reste plus qu'à retrouver le lac sans nom... Le voilà parti dans la lande, dans la tourbe... Et le ciel change...

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : Auteur + bib

Mon humble avis : Un récit de voyage étonnant... tout comme le chemin qui l'a mené chez moi... Tout d'abord, des billets sur les blogs des copines, des commentaires de ma part, et Jérôme Magnier-Moreno qui me contacte. Il souhaite envoyer un exemplaire d'Highlands à ma médiathèque, pour que je puisse le lire et le chroniquer et qu'ensuite, l'exemplaire profite à nombre de lecteurs. J'ai aimé cette démarche inédite dans "l'histoire de mon blog".

Cet ouvrage pourrait aussi être un roman, d'ailleurs, peut-être l'est-il. Et quand l'auteur est aussi peintre  sous le nom de Rorcha, cela donne comme une hybridation originale entre récit et galerie d'art. En effet, de temps en temps, une pleine page est consacrée à une toile issue de ce voyage. Deux arts se rencontrent pour raconter. Il y a les couleurs apposées par le pinceau, et les couleurs posées par les mots. Il est question de couleurs partout, que ce soit dans les titres des chapitres, dans les choses décrites et les mots choisis, et sur la page qui fait face au texte.

C'est un voyageur qui regarde à l'intérieur, c'est introspectif. Mais il regarde aussi autour, les choses, les gens. Et enfin, ses yeux se portent au loin, sur les paysages qui défilent derrière la fenêtre, l'horizon. J'y ai vu une analogie, si c'est le terme... Avec un regard porté sur le présent, sur hier et sur l'enfance et ses souvenirs. Avec un lac comme Madeleine de Proust. Et un message aussi, peut-être... Ne pas trop se retourner aveuglément sur le lointain passé, ni le sublimer, au détriment de la vie actuelle, au risque de... sombrer... et se dire que le brouillard finit toujours par se dissiper. Car l'issue de ce voyage ne sera pas celle fantasmée par notre écrivain... Et cette errance dans le passé va provoquer son désir fou de retrouver son présent.

L'écriture est belle, poétique, sensible, colorée, sans exagération de style. C'est une belle immersion des sens, pour le meilleur et pour le pire, puisque même la peur du narrateur devient la nôtre. En effet, avec ce récit qui ne se déroule que sur quelques heures, et une destination en fait accessible à presque quiconque, Jérôme Magnier-Moreno nous invite à prendre sa place, dans le paysage de notre choix, et les souvenirs qui sont les nôtres et nous importent. C'est ainsi que j'ai lu et perçu ce bel ouvrage... une incitation à la pause, au ralentissement, même si ce n'est que pour quelques heures... pour mieux repartir. Oui, partir pour mieux repartir en revenant, en l'ayant choisi, sans le subir.

Site du peintre Rorcha

 

 

 

 

 

 

L'avis de Manou, d'Aifelle

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

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Publié le 29 Août 2024

Thriller - Editions Pocket - 312 pages - 8 €

Parution Pocket oct 2021 (Michel Lafon oct 2020)

Mon pitch : Un mal se propage aux yeux de tous... Des millions de victimes passées, et à venir, si rien n'est fait. Un électrochoc pour Virgil Solal : sa fille en est victime à la naissance... Quelques minutes de vie et puis s'est éteinte à tout jamais. Alors, Virgil Solal entre en guerre contre les grands, les inattaquables. Il kidnappe le PDG de Total, et menace de le tuer si une caution de 20 millions n'est pas versée. Oui, une caution, qui sera rendue si Total s'engage à changer son comportement et à se tourner enfin et vraiment vers les énergies renouvelables... Très vite, la guerre de Solal devient virale...

Tentation : Norek !!!

Fournisseur : Ma CB l'an dernier

 

 

 

Mon humble avis :  Un thriller écologique, qui remue, qui dénonce, qui interpelle, qui rappelle, qui annonce et qui peut se lire d'une traite tant il est captivant et bien mené, et à mes yeux, vraiment bien écrit.

Etant donné le sujet, ce roman est extrêmement bien documenté et chiffré, sans nous inonder de chiffres non plus. Mais cela donne tout de même le vertige... Au-delà de l'enquête romanesque, on peut voir dans ce livre comme une synthèse des grands drames écologiques passés ou annoncés, mais bien souvent tus, ou vite oubliés...

Olivier Norek dénonce l'hyperproduction au détriment de peuples entiers pour le bien des pays hyper consommateurs et hypercapitalistes. Il dénonce l'hypocrisie des multinationales (Les pétroliers, les banques etc) qui se moquent du monde dans leurs tout petits gestes de transition écologique, de l'inertie des politiques qui deviennent muets dès qu'il s'agit de toucher aux entreprises les plus polluantes du CAC 40, et aux failles béantes de la Justice...

Le Constat de Norek est simple. Tant que les plus grands ne changeront pas d'orientation, tant que les donneurs d'ordres et créateurs de lois s'excluent des administrés, nous continuerons à aller droit dans le mur, et sous l'eau. 

Olivier Norek signe là un énième signal d'alarme plutôt courageux, puisque ses lecteurs sont plus habitués à lire ses enquêtes de meurtres, de viols etc, dont ils se sentent tellement loin et pas concernés directement. Alors qu'avec Impact, coupables et victimes, c'est un peu nous tous... Effectivement, Norek prouve par des articles de loi que les victimes de la pollution pourraient se prévaloir de la légitime défense s'ils passaient à "l'action de la vengeance". Car la justice a ses failles... Mais la justice se fout du petit face au grand et l'intérêt économique. Evidemment, sous peine d'accusation de l'apologie de l'écoterrorisme, Norek ne peut pas aller au bout de son raisonnement... Mais celui-ci se tient, et prévient de ce qui risque d'arriver.

Ce roman n'est pas anticapitaliste, et ne prône pas la violence. Il dénonce juste l'hyper (production, consommation, mondialisation). Et il le fait avec brio, avec une enquête qui tient en haleine et des personnages attachants, notamment le flic et la psy chargé des négociations avec Solal, qui se retrouvent pour le coup le cul entre deux chaises... Leur devoir et métier, et leurs convictions. Car dans cette histoire, le criminel, même s'il tort dans la forme, a raison dans le fond, et sa cause et croisade n'est pas personnelle, mais bien universelle.

Bref, j'ai adoré cet Impact, et je le recommande vivement !

 

L'avis de Sandrine... Fanja n'a pas vraiment aimé

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Thrillers - polars français

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Publié le 27 Août 2024

BD - Editions Delcourt - 216 pages - 22.50 €

Parution janvier 2024

Mon pitch : En novembre 2020, en plein Covid, Clarisse Crémer prend le départ pour le Vendée Globe. Elle a comme bagage quelques (mini) transats (en double), donc là, c'est carrément la vitesse supérieure.

Nous suivons pas à pas le chemin qui l'a menée à s'embarquer pour cette course autour du monde, sa préparation entourée de son équipe, ses 87 jours en mer, et enfin, son retour dans une nuée de journalistes !

Elle est à ce jour la navigatrice la plus rapide sur cette course.

 

Tentation : Le sujet

Fournisseur : La bib de St Lu

Mon humble avis : A la base, seul le sujet de cet album m'intéressait, et j'étais persuadée que le lirai à reculons tant le graphisme et l'aspect un peu fouillis de ses pages ne me correspondaient pas. Je gardais même l'option d'un abandon... Qui fut totalement inutile. Je me suis mis à l'eau, j'y suis bien restée, et j'ai vogué délicieusement ce journal d'une sacrée navigatrice.

Cette Bande dessinée est tout simplement exaltante !  Elle est d'une vivacité, d'une intensité et d'une richesse extraordinaires. Elle nous emmène à un rythme fou malgré la (fausse) impression des jours qui se suivent (mais ne se ressemblent pas). J'y vais mais j'ai peur est dense, vraiment animé d'une énergie contagieuse et communicative, et ne manque pas d'humour et d'autodérision. Et pourtant, on partage autant les joies que les peines de Clarisse, son engouement que ses doutes, la fulgurance de ses peurs et de son courage.

Entre les moments d'action, de contemplation, d'introspection, de rumination, de bonheur immense, d'agacement, on finit par bien la connaître notre Clarisse et l'impression de devenir sa copine est agréable. On a envie de l'encourager depuis notre canapé, même si la course est terminée depuis plus de trois ans !!! Elle m'a aussi bien fait rire !

Il est question de rapport à soi-même, au bateau, aux éléments, à l'humanité, à l'animalité, à l'immensité... Et franchement, nombre d'expériences et sentences de Clarisse en plein milieu des mers du sud peuvent être très inspirantes pour une vie terrestre.

Clarisse évoque le rituel sujet de la place de la femme dans l'univers de la navigation au large, sujet qui ne devrait pas en être un, puisque, comme le rappelle Clarisse, la course au large est un sport mixte au classement... mixte.  Durant tout son périple, elle n'a jamais pensé à sa féminité... Or, au retour, tout le monde ne lui parle que de cela...

Les dessins sont très explicites, tant dans les émotions que dans les gestes et finalement, très agréables et amusants à regarder.

Avec "J'y vais mais j'ai peur", vous saurez tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Vendée Globes et sur la vie à bord sans oser le demander ! Car Clarisse s'autorise tous les sujets, depuis le plus sérieux au plus léger, sans s'interdire non plus l'intime. Son témoignage est vraiment précieux, complet et bien senti !

Un excellent album que je recommande chaleureusement !

Quant à moi, après plusieurs lectures de navigation autour du monde, je commence à devenir une pro du passage du Pot au noir !!!

 

2 points de plus avec cette lecture

Soit 15 au total, et me voici quartier-maître !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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Publié le 25 Août 2024

Bonjour,

Suite de mon petit périple de 3 jours, en mai, dans les côtes d'Armor, avec pour objectif principal, une croisière d'une journée autour de la réserve des 7 îles, histoire d'observer les oiseaux marins, dont les Fous de Bassan et les Macareux moines... plus de 20 000 couples d’oiseaux marins y nichent !

Pour aller aux 7 îles, choix entre deux solutions... La "navette à touristes", sur une petite demie journée, ou alors, à la journée, le vieux gréement le Sant C'hrireg. Evidemment, à lieu d'exception, c'est imposé à nous le bateau d'exception, que je vous conseille vivement si vous excursionnez un jour dans ce coin là  (Perros Guirec et alentours)

 

Embarquement et départ de Trégastel

Embarquement et départ de Trégastel

UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE
UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE
UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE
L'île aux moines des 7 îles est la seule sur laquelle il est autorisé de débarquer

L'île aux moines des 7 îles est la seule sur laquelle il est autorisé de débarquer

UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE
Le roi des lieux : Le sublime Fou de Bassan

Le roi des lieux : Le sublime Fou de Bassan

A gauche : Macareux moine, et Pingouin Torda. A Droite, Guillemot de Troïl et Fulmar Boréal.

A gauche : Macareux moine, et Pingouin Torda. A Droite, Guillemot de Troïl et Fulmar Boréal.

UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE
UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE
UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE
UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE
UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE
Chaque "point blanc" est un Fou de Bassan. En 2022, une terrible épidémie de grippe aviaire a terrassé 70% de la colonie, qui se reconstitue petit à petit, mais il faudra des années pour qu'elle retrouve son nombre d'individus initial.

Chaque "point blanc" est un Fou de Bassan. En 2022, une terrible épidémie de grippe aviaire a terrassé 70% de la colonie, qui se reconstitue petit à petit, mais il faudra des années pour qu'elle retrouve son nombre d'individus initial.

UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE
UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE
Le lendemain, balade à l'Ile Grande, un peu plus à l'ouest dans les Côtes d'Armor... Ile grande qui est en fait une presqu'ile !

Le lendemain, balade à l'Ile Grande, un peu plus à l'ouest dans les Côtes d'Armor... Ile grande qui est en fait une presqu'ile !

UN DIMANCHE AUX 7 ILES ET A L'ILE GRANDE

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Voyage en Bretagne

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Publié le 23 Août 2024

Roman - Editions Audiolib - 9h30 d'écoute - 21.45 €

Parution Stock & Audiolib 2022

Mon pitch : Cornouailles anglaises, 1972...  Une barque prend la mer, avec à son bord, la relève attendue des gardiens du phare Maïden rock. Sur place, c'est la stupeur... Les trois gardiens ont disparu et les portes sont fermées de l'intérieur. Et pourtant, la table est mise et toutes les pendules arrêtées à la même heure. Ce dramatique mystère ne sera jamais élucidé. 

Vingt ans plus tard, un écrivain reconnu débarque dans le coin pour écrire un roman sur cette histoire. Il rencontre les trois veuves... Sous le sceau de la confidence, les langues se délient, le vernis se craquellent, les secrets émergent...

Inspiré d'un fait réel datant de 1900.

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : Une lecture qui tombe à point pour le challenge Booktrip en mer, et que j'ai adorée. Le mystère est si profond qu'on ne peut en imaginer une issue, et pourtant, l'on se doute que si Emma Stonex s'est lancée dans cette histoire, c'est justement pour en offrir une... des plus inattendues... 

Et pourtant, même si au fil des pages et des chapitres, on devine bien qu'il n'y a rien de surnaturel là-dedans, on se demande bien ce qui a pu se passer dans ce phare vingt ans plus tôt. Notre cerveau a beau se creuser les méninges, malgré les informations qui nous sont distillées, retourner la situation dans tous les sens, on se trouve bien devant une impasse. Mais Emma Stonex a plus d'un tour dans son sac et franchement, chapeau pour ce dénouement si bien pensé, conçu, orchestré.

Mais avant d'y parvenir, nous autres lecteurs, nous faisons des voyages dans le temps, entre 1972 et 1992... Tantôt nous sommes dans le phare avec Arthur, Bill et Vince, et nous découvrons alors les faits à travers leurs regards, en huis clos. Tantôt nous sommes avec Helen, Michelle et Jenny, les veuves que ce drame n'a pas resserrées, bien au contraire... Dans les réponses qu'elles donnent au romancier, on devine que chacune tient le mari/conjoint de l'autre pour coupable de cette triple disparition. Alors que ces gardiens de phare, aux yeux des autres, sont une famille solidaire, force est de constater qu'en vérité, il n'en n'est rien. Trahison ? Jalousie ? Suspicion ? Lourd passé ? Drame insurmontable ? La folie de l'isolement et de la solitude ? Secrets, regrets, remords ? Chagrin ?

On rentre ainsi dans l'intimité des êtres, dans celle des couples, dans celle d'une confrérie... Nous sommes dans un roman où les personnages sont finement construits et étoffés, où l'analyse psychologique et sociale est formidablement menée. Ajoutez à cela que ce livre est très bien documenté, il en devient, en plus d'être captivant, vraiment intéressant, car il détaille parfaitement la vie et le quotidien des gardiens de phares avant leur automatisation, mais aussi, celle de leurs proches qui subissent aussi une forme de solitude et les séparations régulières.

Les gardiens du phare n'est pas un thriller, mais il se lit comme tel !

 

416 pages en format poche papier

Je gagne donc 3 points avec cette lecture + 2 points de LC avec Kathel et Athalie

Ce qui me mène à 13 points et le statut de matelot :)

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 21 Août 2024

Roman - Editions Albin Michel - 600 pages - 22.90 €

Parution le 14 août 2024 : Rentrée littéraire

Mon pitch : François, quadragénaire, est un acteur de théâtre très réputé. Un matin, il quitte l'appartement de sa maîtresse de 24 ans, avec qui il a le projet de s'installer. Mais son scooter percute un bus... L'accident est très grave, François ne marchera plus jamais...

Son entourage pensait qu'Eléonore n'était qu'une jeune opportuniste. Mais elle est profondément amoureuse... Sera -t-elle assez forte pour porter et supporter François sans se perdre. Et François, parviendra-t-il à se relever, à se créer une nouvelle identité, ou à redevenir lui, différemment, mais lui, peut-être en mieux ?

Jusqu'où peut on aimer ?

 

Tentation : Curiosité

Fournisseur : Gilles Paris, merci pour l'envoi (SP)

Mon humble avis : C'est par pure curiosité littéraire que je suis entrée dans ce bon gros pavé de 600 pages (tout ce que je déteste à priori), que j'ai pénétré pour la première fois dans l'univers de Mélissa Da Costa, désormais l'autrice la plus vendue en France. Et c'est avec avidité que j'ai tourné les pages, de façon presque addictive, et que j'ai terminé ma lecture tard dans la nuit. J'ai fermé le livre mais je ne l'ai pas quitté, car je pense que Tenir debout et ses personnages me poursuivront à jamais. Je le classe dans ma catégorie des romans inoubliables et c'est peu dire. En fait, je suis subjuguée, oui c'est le mot, par le talent que déploie Mélissa Da Costa à chaque ligne. L'histoire, la construction, le rythme narratif qui ne faiblit jamais, l'absence de descriptions inutiles et de remplissage stérile, pas une page de trop en fait, alors que c'est un reproche que j'adresse régulièrement à mes lectures. Et l'écriture, impeccable. Naturellement fluide, tout en étant élégante, mais pas de mièvrerie, pas de tic de langage. Un style qui sert son sujet et non le contraire. 

On est très loin ici du feel good, même si l'on pressent une fin heureuse évidemment, sans pour autant imaginer celle-ci un seul instant. Les personnages ne sont pas épargnés et le lecteur non plus. On porte à bout de bras ce couple fragilisé par l'irruption du handicap moteur (paraplégie). Tout est à reconstruire, les corps, les âmes, les repères, la vie. Et c'est un long, très long chemin, fait de révoltes, de colères, de haines, de dépressions, de changements, d'adaptations, de fatalité, d'acceptations, de mises en place, de renoncements, d'un pas en avant trois pas en arrière, de résilience, de reconstruction, d'abnégation, d'incompréhension, de disputes, de réconciliations, de naissance, de renaissances. Il en est une qui donne plus tout et supporte tout au point de s'oublier et de s'effondrer. Il en est un qui découvre ce que c'est que d'être aimé pour ce que l'on est vraiment, au fond de soi, malgré le handicap, et qui de ce fait, apprend à aimer vraiment... et différemment. 

Longtemps encore après l'accident, François focalise sur sa virilité perdue. Il pense que seule sa virilité fait de lui un homme, un homme aimant et aimable. M'aurait-il paru aimable avant son accident ? Séduisant certainement, aimable non. Après l'accident, il développe un caractère de chien. S'il n'était pas désormais cloué dans un fauteuil, en tant que lectrice, je lui aurais volontiers envoyé plusieurs paires de gifles et je me serais sans doute même barrée bien loin, fauteuil ou pas. Et pourtant, Eléonore surmonte, tant bien que mal. Et à eux deux, ils nous font vivre de véritables montagnes russes émotionnelles. On tremble, on retient notre respiration, on prolonge la lecture à des heures indues...

Et puis il y a les personnages secondaires qui apportent une belle énergie, de l'oxygène au roman, et un soutien, même si parfois lointain, à nos deux malmenés par la vie. Il y a Elsa l'infirmière du centre de rééducation de Garches, Ryan, le compagnon de chambrée de François, les parents et la grand-mère d'Eléonore, Isabelle, l'ex épouse de François, la trompée, la quittée... Mais qui est là tout de même avec ses forces. J'ai adoré l'évolution de la relation entre l'ex-femme et la nouvelle compagne. J'ai aimé chacun d'eux.

Evidemment, Tenir debout est un aussi un roman sur le handicap, ici la paraplégie. Je ne m'étendrais pas sur le sujet, puisque vous lirez certainement le livre. Mais Mélissa Da Costa n'élude rien du parcours du combattant ni des souffrances et des difficultés physiques, matérielles, psychologiques, relationnelles, sociales que cela représente... Pour le patient, mais aussi pour son entourage. Elle est bien sûr documentée sur ce délicat sujet et tout, absolument tout sonne très juste... et invite chacun à se questionner... Si l'un de mes proches, ou si moi... Aurais-je la force ? Même après cette lecture magnifique, je doute bien de mes capacités à endurer cela. Peut-être que l'instinct de survie est finalement plus fort que tout...

Tenir debout ce n'est pas forcément marcher. C'est ne pas couler, c'est garder la tête haute, c'est former un couple "qui tient debout", c'est résister pour soutenir l'autre, c'est se passer le relais quand l'autre n'y arrive plus. C'est aimer en fait. Aimer l'autre, s'aimer soi -même quoi qu'il advienne. Et peut-être, c'est tenir sur ses jambes, même si ce n'est que quelques minutes et épaulé par des bras bienveillants.

Roman bouleversant, et magistralement mené. Avec des personnages qui sont des héros invisibles de la vie, et qui leur rend superbement hommage. Cette rentrée littéraire commence très bien pour moi :)

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 11 Août 2024

Film d'André Téchiné

Avec Isabelle Huppert, Hafsa Herzi, Manuel Pérez Biscayart

Synopsis : Lucie est une agent de la police technique et scientifique. Son quotidien solitaire est troublé par l’arrivée dans sa zone pavillonnaire d’un jeune couple, parents d’une petite fille. Alors qu’elle se prend d’affection pour ses nouveaux voisins, elle découvre que Yann, le père, est un activiste anti-flic au lourd casier judiciaire. Le conflit moral de Lucie entre sa conscience professionnelle et son amitié naissante pour cette famille fera vaciller ses certitudes…

Un petit film en passant, avant de revenir dans 10 jours :)

Mon humble avis : Un film sur tout ce qui nous sépare... La vie / la mort... et surtout, les opinions politiques.  Une amitié peut-elle survivre à leurs divergences profondes. C'est la question intelligente, assez inédite me semble-t-il, que pose ce film. Ici, une relation de voisinage, qui devient amitié exclusive, alors que l'une cache qu'elle est policière et que l'un est un black bocs bien connu des services de police justement.

La bande annonce est alléchante, et distille une sacrée tension... Que l'on retrouve dans le film, mais à dose homéopathique, avec un manque cruel de relief, d'un rythme un tant soit peu prenant et d'un dénouement un peu plus percutant. Tout est en lenteur, en répétition de scènes... Notamment, celles d'Isabelle Huppert qui fait son jogging comme un forcenée... robotisée. En même temps, à 71 ans, j'imagine que je n'aurais pas une allure plus naturelle qu'elle.

De plus, j'ai eu l'impression que le film cumulait les manques de crédibilité... Isabelle Huppert est mesurée lors d'une scène... 1.58... Alors que la taille minimale d'une femme dans la police est d'1.63 m... Hafsa Herzi est prof dans le secondaire, sans doute français, histoire géo ou philo, vu les copies bien griffonnées de texte qu'elle doit corriger. Or son élocution, même si d'un français tout à fait correct, est très proche d'une jeune de banlieue quant à l'accentuation. De même, deux personnages on va dire quinquagénaire, d'origine africaine mais arrivés en France à l'âge de 5 ans, ont encore un accent africain ultra prononcé alors que chacun est fonctionnaire de police, dont l'un à priori, haut gradé. Ce genre de détails, je les remarque, peut-être parce que je m'ennuie.

Et pourtant, l'idée était bonne, celle de montrer le vivre ensemble malgré les opinions opposées, celle de montrer que personne n'est toute noire ni toute blanche... mais vouloir y ajouter les fantômes des morts, une flic complètement paumée qui devient dépendante d'une relation malsaine, c'est un peu trop de mélange pour traiter avec profondeur le sujet principal. D'ailleurs, plutôt que les scènes avec le fantôme de son conjoint, j'aurais préféré que plus de temps soit laissé à Yann, le black boc lorsqu'il expose le pourquoi de ses convictions anti-flic et anticapitalistes et qu'Isabelle Huppert lui renvoie les contradictions d'un tel raisonnement dans la figure. Car ce Yann, qui aime détruire tout ce qui représente le capitalisme, est tout de même bien content, en tant qu'artiste peintre, de trouver des gens fortunés pour lui acheter ses toiles...

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 19 Juillet 2024

Oyé Oyé, l'été semble enfin bien vouloir commencer pour de vrai !

Aussi, je mets mon blog en pause estivale pour profiter un max du plein air, de la plage, lire au soleil ou à l'ombre etc.

De toutes façon, durant les vacances d'été, la blogo est souvent un peu désertées.

Je vous retrouve donc ici et sur vos blogs le mercredi 21 juin ! Oups, août ! C'est dire si j'attends le vrai été de pieds fermes !!!

Peut-être que quelques billets ciné interrompront  ce repos, suivant les caprices météo surtout. Mais le ciné suit une actualité plus rapide que la littérature, donc les billets n'attendent pas.

Je vous souhaite un chouette été et de belles lectures :)

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Quizz - tags et vrac !

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Publié le 17 Juillet 2024

Film de Takis Candelis

Avec Bernard Campan, Raphaël Brottier, Maria Apostolakea

Synopsis : Sur l'île de Kalamaki en Grèce, Yannis, un jeune enfant autiste, rythme ses journées en mesurant l'ordre du monde : les bateaux qui accostent, les prises des pêcheurs, le va-et-vient des clients du café. L'arrivée inattendue de son grand-père, Alexandre Varda, homme d'affaires de renom qu'il n'a jamais rencontré, va perturber l'équilibre fragile de son quotidien. Malgré leurs différences apparentes, une relation profonde et bouleversante se tisse entre ce grand-père distant et ce petit-fils aux talents singuliers.

Mon humble avis : Je garde un excellent souvenir de ma lecture de "L'enfant qui mesurait le monde", de Metin Arditi, aussi, j'ai voulu voir son adaptation ciné, et vue qu'hier soir il tombait des trombes d'eau, rien d'autre à faire que d'aller en salle obscure... Et puis je savais que ce film serait la promesse de ciel bleu, de Méditerranée, de petites ruelles à maison blanche, de petite terrasse avec trois clients en bord de mer, sans forcément tomber dans l'image d'épinal... Bref, de la lumière et l'atmosphère bucolique d'une petite île grecque hors saison touristique.

Tout cela est bien présent dans le film et est donc très agréable et apaisant à regarder. Les photos sont belles, les cadres bien pensés.

L'histoire reste prenante - malgré de nombreuses libertés par rapport au roman) les personnages attachants et très bien interprétés. De tout cela, rien à redire.

Par contre, par rapport à mes souvenirs littéraires, je pense que Takis Candelis a fait des choix peut-être pas très judicieux. En effet, il semble oublier le titre, "L'enfant qui mesurait le monde" au profit d'un sujet secondaire : le projet de construction d'une ignoble complexe hôtelier sur un site naturel et historique magnifique. Projet contre lequel, feu sa fille, se battait. A force de donner la première place à cette histoire immobilière et la situation économique de la Grèce, l'aspect "qui mesurait le monde" est vite oubliée et pour l'évolution de la relation entre le petit fils et le grand-père, on doit se contenter de quelques scènes, ce qui est peu pour être vraiment bouleversé.

Le film est donc à mes yeux juste agréable et bien interprété, qui peut plaire à un large public, quand le roman fut pour moi inoubliable.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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