Publié le 30 Mars 2024

Film d'Edouard Bergeon

Avec Alexandra Lamy, Félic Moati, Sofian Khammes

Synopsis : Pour tenter de sauver son fils Martin injustement condamné à mort en Indonésie, Carole se lance dans un combat inégal contre les exploitants d’huile de palme responsables de la déforestation et contre les puissants lobbies industriels.

Mon humble avis : Un thriller écologique engagé, révoltant, à voir de toute urgence... Une fiction qui met en image et en texte la réalité... Celle que l'on nous cache, où celle que par confort, on choisit de mettre sous le tapis tant tout cela nous paraît loin... Ou encore, comme bon nombre de méfaits contemporains, c'est "j'y pense et puis j'oublie".

La promesse verte dénonce le désastre écologique et humain de l'huile de palme et dénonce l'hypocrisie générale et surtout gouvernementale de tout cela, et surtout du soi-disant bio carburant. Alors qu'il en va de la vie d'hommes et de femmes, de la survie de certaines espèces, tout n'est que politique et économie, des gouvernements qui en tiennent d'autre par les "couilles" pour des histoires de marchés, de non-ingérence politique, d'élections à venir... Pendant qu'un jeune homme innocent et engagé attend dans le couloir de la mort, que l'Humanité creuse sa tombe, et que les grands maîtres du lobbying, et donc hélas du monde, partage à la chasse au caribou.

Tout cela, nous le suivons et le découvrons le long du parcours du combattant de la sublime et bouleversante Alexandra Lamy, en mère courage prête à tout pour sauver son fils, mais qui se retrouve face à aux murs de l'administration française. Quant à Félix Moati, il est impeccable dans ce rôle de jeune homme idéaliste, qui ne cèdera rien, et prisonnier et victime d'une terrible machination.

Le rythme ne faiblit pas, la tension monte à devenir par moment insoutenable. On est scotché à notre fauteuil de cinéma. Un film parfaitement réalisé, qui atteint sa cible : alerter une fois de plus, car les fois précédente n'ont manifestement pas suffit, sensibiliser, dénoncer le profit à tout prix qui semble être l'identité première de notre triste époque. 

Un beau et grand film pour moi, mais surtout, un film nécessaire. Terrible, bouleversant, révoltant.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 28 Mars 2024

Roman - Editions Gallimard - 2h46 d'écoute - 14.99 €

Parution en 2020

L'histoire : Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute mortellement.  Un autre homme donne l'alerte. Mais les deux hommes se connaissaient en fait... Il y a quarante ans, ils militaient dans le même groupe révolutionnaire (les brigades rouges)

Coïncidence improbable ou meurtre prémédité, c'est ce que tente de savoir au cours d'interrogatoires. Il a son idée sur la question, et s'emploie à faire fléchir le suspect, à obtenir des aveux...

Tentation : Sujet et pourquoi pas ?

Fournisseur : Bib de Betton, merci Cécile !

Mon humble avis : Erri de Luca, je ne le connaissais que de nom, à force d'avoir les yeux qui traînent partout dès qu'il est question de littérature. Et c'est une sacrée découverte pour moi, car j'élève sans hésiter "Impossible" au rang de coup de coeur.

Le livre est assez court, et alterne les interrogatoires et les lettres que le suspect écrit pour sa bien-aimée, du fond de sa cellule.

Dans la forme, Impossible m'a rappelé Article 353 du code pénal, de Tanguy Viel, pour l'aspect huis clos avec un magistrat. Dans la force et l'intensité, on se rappelle de Garde à vue, le film avec Lino Ventura.

Impossible... C'est ce que pense le juge de cette coïncidence qui a mis ces deux hommes sur le même chemin de montagne. Impossible, c'est ce qu'est ce meurtre par vengeance, et l'homme démontre cette impossibilité.

Ce texte est brillamment rédigé, qui met en scène, face à face, comme dans un duel, deux fines intelligences. L'une essayant de faire plier l'autre qui reste fidèle à elle-même et ses convictions. Le suspense grandit au fils des interrogatoires, on peut même parler de tension. On se demande vraiment qui en sortira vainqueur. Le lecteur est littéralement invité dans ces interrogatoires, qui prennent de plus en plus l'apparence d'échanges, de débats philosophiques ou d'initiation à la montagne et à une époque révolue. L'homme de loi est jeune, son interlocuteur est à l'âge où l'on n'a plus grand chose à perdre. Un louveteau face à un vieux loup... L'un avec sa formation, l'autre avec son expérience.

 On a l'impression d'être dans la pièce, et de retenir notre souffle pour ne pas perdre une miette de ce qui se dit. Il est question de fraternité, de trahison, de justice et de justesse, de pouvoir, de militantisme révolutionnaire, de collectivisme, d'individualisme, de montagne, de nature, d'évolution des mentalités au fil des décennies, d'idéaux, de valeurs que l'on souhaite maîtresses de notre existence... Et, à écouter ces hommes, on se dit que des valeurs opposées peuvent bien se valoir, puisque personnellement, j'ai autant apprécié celles du magistrat que celles du présumé coupable. Et dans ces conditions, je me suis surprise à penser "s'il est coupable, peu m'importe en fait, j'aime cet homme. Etrange étrange. Curieusement, la fin m'importait peu, tant j'étais captivée par ce chemin sensé mener à cette issue.

Un bras de fer inoubliable, une plume aussi sobre qu'efficace mais où chaque mot à son importance. J'ai adoré vraiment. Erri de Luca, encore un auteur à approfondir ! Un grand livre ! Que j'aurais plaisir à relire, en format papier, pour prendre encore plus le temps de le réfléchir et de le savourer.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 26 Mars 2024

Film de Stéphane Brizé

Avec Guillaume Canet et Alba Rohrwacher

Synopsis : Mathieu habite Paris, Alice vit dans une petite cité balnéaire dans l’ouest de la France. Il caresse la cinquantaine, c’est un acteur connu. Elle a dépassé la quarantaine, elle est professeure de piano. Ils se sont aimés il y a une quinzaine d’années. Puis séparés. Depuis, le temps est passé, chacun a suivi sa route et les plaies se sont refermées peu à peu. Quand Mathieu vient diluer sa mélancolie dans les bains à remous d’une thalasso, il retrouve Alice par hasard.

Mon humble avis : Un film sur ce que l'on n'a pas fait, sur ce que l'on aurait pu faire, ce que l'on n'est pas devenu... Avec l'autre, sans l'autre, à cause de l'autre... ou de ce que l'on est tout simplement, sans se l'avouer.

Des retrouvailles inopinées, en parenthèses, quinze ans après, filmées avec délicatesse, pudeur et des dialogues qui peuvent être touchants.

Un film qui commence bien, avec notamment quelques scènes vraiment amusantes et une bonne dose de dérision comme d'autodérision... Mais ce n'est pas du tout une comédie et le tout s'étend en longueurs, en lenteur, en silences dans une météo d'un gris plombant. Je veux bien que ce soit hors saison, mais en Bretagne, il fait beau plusieurs fois par jour, et là, en une semaine, pas un rayon de soleil... Et puis, d'un seul coup, nous voici dans un Ehpad dont les résidents sont filmés comme s'ils étaient abêtis, parce qu'Alice y est animatrice musicale. Certes, cela nous dit sur sa vie, mais l'on sort du sujet "retrouvailles" et cela allonge le tout, sans mettre particulièrement à l'aise.

L'interprétation est parfaite et pourtant, je suis sortie de ce film fatiguée, lasse de cette lenteur. Si les touches d'humour s'étaient poursuivies et que le rythme n'avait pas autant collé à la nostalgie et la mélancolie des personnages, ce film aurait pu me plaire. Mais là, il n'était pas pour me séduire puisque qu'en sortant, je me suis dit : "oui, bon c'est bien joué, ça se regarde, mais après ? Que ce film m'a-t-il apporté ? Pas grand-chose en fait. Trop intellectualisé pour embarquer.

Un film de genre pour ceux qui aime ce style.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 24 Mars 2024

Roman - Editions Grasset - 288 pages - 19 €

Parution en janvier 2019 (existe en poche)

L'histoire : de 1983 à 1990, Jean Rouaud aidait à tenir à kiosque de presse rue de Flandre à Paris. Un travail d'appoint, alors qu'il s'escrimait à écrire "Les champs d'honneur" qui reçut le prix Goncourt... en 1990. Le kiosque, une place centrale pour observer le monde.... voilà ce que ce livre nous raconte.

Tentation : Le blog de Keisha

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

 

Mon humble avis : Il y a "peu", Keisha présentait le dernier titre de Jean Rouaud, que j'ai eu envie de lire... Et presque simultanément, à la bib de St Lu, je suis tombée sur Kiosque... Donc commençons par ce qui est devant nous et dispo !

Kiosque, une lecture éprouvante pour moi, sitôt passé l'enthousiasme du début et l'excitation face à l'inconnu. J'en suis sortie saoule, mais pas enivrée...   Pour tout dire, j'ai même lu quelques pages en diagonale, voir omis certaines d'entre elles, et je ne me faisais plus une joie de rejoindre ma couette pour poursuivre ma lecture.

Et pourtant... J'ai aimé nombre de chose dans cet ouvrage... La description du dur métier de marchand de journaux dans un kiosque, les explications sur le déclin de la presse écrite (avec l'apparition des journaux gratuits, puis bien plus tard, du numérique, des smartphones et tablettes), les portraits haut en couleur des collègues de Jean Rouaud, ou des clients etc qui donnent ensemble une étude sociologique et sociétale...  Car depuis son kiosque, Jean Rouaud était aux premières loges pour observer les individus, le quartier, la France et le monde, dans ce 19ème arrondissement très cosmopolite. Il y a le monde décrit dans les journaux et le monde dont témoignent les clients du kiosque, qui ancien boat people, qui rescapé de la Shoa, qui Yougoslave exilé etc.. J'ai aimé que le choix d'un journal ou magazine, que la façon de s'en saisir, que le temps passé au kiosque disent tant de chacun. Oui, cet aspect-là, ce côté "instantanés", les discussions autour de l'actualité, m'a vraiment plu.

Et puis il y a les longues, très longues parenthèses sur les questionnements stylistiques et sémantiques de l'auteur, sur ses ambitions poétiques et littéraires. Celles-ci m'ont laissée de glace, pire, elles m'ont agacées... Peut-être aussi parce qu'elles m'ont paru un peu méprisante pour la littérature populaire...  Dommage que Jean Rouaud ne se soit pas contenté du sujet évoqué par le titre. Il aurait alors remporté mon enthousiasme je crois.

L'enchaînement est parfait pour évoquer l'écriture de Jean Rouaud. Je n'ai pas la culture nécessaire pour en préciser le courant ou l'appartenance à une "certaine école". Elle est très soignée, très érudite, et rend évidemment hommage à la richesse de notre langue. Mais elle est à mes yeux alambiquée, désarmante, déstabilisante. Et de ce fait, elle ne parvient pas dans mon cerveau avec assez de fluidité pour me procurer des émotions, pour dépasser l'écriture et me régaler du sens. Au final, ce ne m'a pas été agréable à lire. Sans compter la longueur infernale de certaines phrases, ce genre de plume n'est pas pour moi du tout. Voilà pourquoi je suis sortie fourbue de cette lecture, avec juste l'envie d'en finir au plus vite et de passer à autre chose. Après Rouaud, j'aurais presque eu envie de me reposer dans un Musso !

L'avis enthousiaste de Keisha 

Etant donné le sujet principal de ce roman, j'intègre cette lecture dans le challenge d'Inganmic

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 22 Mars 2024

Film de Stéphane Ben Lahcene

Avec Claudia Tagbo, Michèle Laroque, David Mora

Synopsis : Après une soirée pleine d’excès, Bénédicte, célèbre chanteuse d’opéra, voit sa carrière s’écrouler. Fatou, passionnée de karaoké, est la seule à lui tendre la main. Elle a une idée derrière la tête : convaincre Bénédicte de participer au grand concours national de karaoké. La parfaite maîtrise vocale de l’une et la ténacité de l’autre pourraient bien faire des étincelles et les amener très loin.

Mon humble avis : Le cinéma de La Richardais Dinard a eu une excellente idée ! Inviter les spectateurs à venir une bonne heure avant la séance d'avant-première, pour participer à un vrai karaoké, avec paroles diffusées sur l'écran géant... Le tout avec boissons soft ou alcoolisées et un stock de gavottes ! Bien sympa cette initiative.

Quid du film ? Ce n'est pas le film du siècle, mais il met de bonne humeur, et le pétillant duo Claudia Tagbo /Michèle Laroque fonctionne à merveille. J'ai juste à reprocher quelques baisses de régime par moment... Et puis, j'aurais aimé plus de scènes musicales invitant le public à chanter aussi. Autre petit bémol, j'ai trouvé que le réalisateur montrait un aspect plutôt ringard des Karaokés (tant dans les lieux qu'il filme que dans les participants). Alors que le Karaoké a vraiment le vent en poupe et se déroule (en tous cas dans mon coin), dans des bars plutôt branchés, avec une clientèle mixe de casseroles (dont je suis), et de super pros !

Mais l'on rit de bon coeur, nos pieds battent le rythme, les personnages secondaires sont aussi bien pensés et campés que les principaux, et cette famille recomposée que forme Claudia Tagbo et son Gillou, et bien on a juste envie de vivre avec ! Et Karaoké montre qu'il serait temps de décloisonner les styles musicaux et leurs adeptes.

Un film qui nous montre qu'argent et renommée ne font pas le bonheur, mais que par contre, chanter rend joyeux... Et qui donc donne envie de chanter ! C'est déjà pas mal.

Un bon feel good, à voir aussi en famille, mais qui aurait pu aller plus loin dans son sujet !

Je vais souvent au Karaoké depuis septembre, surtout depuis que l'animateur m'a dit, quand je m'excusais d'être une casserole, "Karaoké veut dire chanter faux en japonais", et est fait pour que tout le monde prenne plaisir à chanter !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 20 Mars 2024

Roman - Editions Sixtrid - 6h46 d'écoute - 19.55 €

Parution Sixtrid et Editions de l'Olivier 2016

L'histoire : Paul Katrakilis est heureux dans la vie qu'il mène à Miami depuis plusieurs années, et de sa profession : joueur de Cesta Punta (pelote basque). Mais il se sent toujours inadapté au monde et un poids pèse sur ces épaules. Un jour le Consulat de France lui annonce le décès de son père. Paul rentre alors en France pour "affronter" la succession.

Tentation : Un petit JP Dubois, ça fait longtemps

Fournisseur : Ma PAL audio (bib de Rennes)

 

 

Mon humble avis : Le livre s'ouvre sur le sauvetage, en mer, d'un chien sans doute abandonné (et promis à l'épuisement et la noyade) là par de peu scrupuleuses personnes. Paul se baladait sur son bateau à quelques encablures de Miami... Ce chien deviendra son plus fidèle compagnon. On apprend le métier un peu particulier de Paul, alors que celui-ci est diplômé de la faculté de médecine. 

Puis vient l'appelle du consulat, et le retour de Paul en région toulousaine. Et là, c'est l'arbre généalogique qui s'élève devant nous, avec une particularité certaine : tous les ascendants de Paul ont mis fin volontairement à leur vie. Une famille de suicidés en somme. Et, en dernier, le père ne fait pas exception, qui a sauté, étrangement accoutré, d'un immeuble. Et c'est ainsi que nous découvrons cet homme fantasque, lui aussi médecin mais pratiquant... et ce à sa manière, à ses manières et convictions.

Après quelques hésitation, Paul décide de reprendre le cabinet de son père. Comme il en porte le nom, les patients s'attendent à ce qu'il agisse de la même façon... Façon que découvre Paul dans des carnets et qui le plonge dans un dilemme terrible, en tant qu'homme, et en tant que médecin qui a fait le serment d'Hippocrate. 

L'écriture est évidemment belle et soignée, agréable à écouter... On est avec Jean-Paul Dubois tout de même. Certes, quelques digressions allongent inutilement le texte, mais ma foi, elles étoffent le personnage principal et permettent de découvrir la pelote basque professionnelle en Floride, et l'évolution du milieu, même si c'est que qui m'a en fait le moins passionnée dans l'histoire, une fois la découverte faite.

Par contre, le poids d'appartenir à cette famille est bien présent... Et cette double succession ne peut que bouleverser le lecteur... Succession familiale et professionnelle. Et lorsque Paul découvre les carnets de son père et ses pratiques tues, on reste sans voix, on se demande qu'elle voie Paul prendra, et l'on ne peut que réfléchir à nos propres convictions sur un sujet terriblement d'actualité politique et législative : l'euthanasie... ou l'aide au départ... C'est cet aspect-là qui m'a vraiment plu dans cette lecture qui ne m'a pas transcendée même si certains passages m'ont remuée. J'ignore encore si elle me restera longtemps en mémoire.

 

Du même auteur sur ce blog : ICI

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 18 Mars 2024

BD - Editions Steinkis - 197 pages - 25 €

Parution en août 2023

L'histoire : Celle d'Anne, la troisième soeur Brontë. Talentueuse mais oubliée, alors qu'elle a publié deux romans et des poèmes.

Considérée par les siens comme la plus fragile, elle a toujours été prisonnière de ce que l'on attendait d'elle : quiétude et douceur. Mais elle a pris le risque d'écrire, et de laisser jaillir sa propre voix.

Tentation : couverture et sujet

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : Comment résister à une si belle couverture, si douce au touché qui plus ? Et comme, à part de patronymes et de titres d'oeuvres je ne connaissais rien ou presque des soeurs Brontë, je me suis dit que cet album pourrait agréablement combler mon inculture. En fait, jusqu'ici, j'ai globalement fui les romans anglais du 19ème siècle, par peur de m'y ennuyer et d'évoluer dans des atmosphères trop sombres.

Et c'est mission remplie, même plus. Car Brontëana me donne furieusement envie de découvrir les romans de ces illustres femmes, et en particulier, ceux d'Anne. Anne, la soeur dont je me suis sentie la plus proche au fil de ces pages bien documentées et forcément elliptiques, mais qui retracent très bien les grandes lignes de leur vie, les drames familiaux, et avec plus de détails, leur rapport à l'écriture, depuis leur tendre enfance et les mondes imaginaires qu'elles créèrent avec leur frère, jusqu'à leurs romans inédits pour l'époque, tout d'abord publiés sous le pseudo Bell, chaque soeur empruntant un prénom masculin différent. Au 19ème, les femmes n'étaient pas censées être de lettres. On sent très bien le pari, la passion et la rage que ce fut pour elles d'écrire, de dénoncer, de se faire éditer, et le bouleversement que put être l'apparition de tels ouvrages dans les librairies, alors que les mondains londoniens les considéraient comme subversifs. 

Nous avons ici de beaux portraits de femmes en avance sur leur temps, courageuses, ainsi que celui de la société anglaise d'alors, très conservatrice.

J'ai été stupéfaite de découvrir que le père Brontë avait survécu à ses 6 enfants. Charlotte, la dernière enfant survivante, est décédée à l'âge de 39 ans... Son père mourut à 84 ans... Comme ce dût être terrible pour lui.

A la fin de l'ouvrage, un cahier complète parfaitement cet album, en revenant sur sa genèse, ses sources de documentation et d'inspiration et en livrant une chronologie bien complète de la vie de la famille Brontë.

A noter, l'autrice explique bien qu'elle s'est inspirée de leur vie, mais par soucis de narration, elle a dû omettre certains faits, et modifier le rôle précis de quelques-uns des personnages secondaires. C'est donc une histoire romancée. Mais que je vous conseille chaleureusement de découvrir, vous passerez certainement un agréable et instructif moment de lecture.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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Publié le 16 Mars 2024

Roman - Editions Thélème - 7h15 d'écoute - 15 €

Parution d'origine chez Zulma en 2017

L'histoire : En quelques jours, la narratrice se fait quitter par son mari, gagne quelques millions de couronnes islandaises à la loterie, et voit sa meilleur amie lui confier son fils de 4 ans quelques semaines, le temps d'arriver au terme d'une grossesse difficile et gémellaire.  Le petit s'appelle Tumi, est presque sourd, porte d'énormes lunettes, et sa démarche est déséquilibrée. Tumi et la narratrice s'embarque pour un périple autour de l'Islande.

Tentation : Livre évoqué à mon club de lecture

Fournisseur : Ma PAL audio (Bib de Rennes)

Mon humble avis : Mais pourquoi ai-je tant tarder à me plonger dans cette embellie ? Tout simplement parce que ma rencontre avec Rosa Candida, énorme succès de l'autrice, ne m'a pas plu... Donc lorsque mes débuts avec une plume sont décevants, et bien après, je traine des pieds...

La romancière pose d'abord le personnage de la narratrice assez longuement, de ce fait, il faut un petit temps pour parvenir au coeur du sujet...  L'arrivée de Tumi dans sa vie, et le départ en voyage. Mais cette entrée en matière m'a paru nécessaire pour saisir cette femme particulière, qui semble traverser la vie avec détachement, réagir à tout de façon inattendue... Un personnage qui dans la vraie vie, aurait sans doute un diagnostic différentiel... HPI, TSA... allez savoir. 

Cette femme ne s'est jamais crue capable d'être mère, d'élever un enfant. Et voilà que sa meilleure amie lui confie son fils pour quelques semaines, un fils différent lui aussi. Tout d'abord terrorisée à cette idée, la narratrice va se révélée bien plus apte qu'elle ne le croyait à s'occuper de cette enfant. Et, peut-être parce qu'elle est aussi elle-même un peu différente, elle va réussir à s'adapter à lui, à communiquer avec lui, à être à l'écoute de ses besoins et de ses envies... sans que les handicaps du petit s'érigent en barrière. Le petit grandira, et sa "gardienne" s'affranchira de son passé, s'ancrera dans le monde et dans sa vie, se révèlera à elle-même.

J'ai beaucoup aimé cette histoire sensible, de différences et d'apprivoisement mutuel mais aussi personnel, individuel.  C'est parfois drôle, car le texte d'Audour Ava Olaffsdottir n'est pas dénuée d'humour pour pointer du doigts les travers sociétaux ou individuels de ses personnages, tout comme leurs particularités.  Le texte m'a paru rythmée et la lecture de Mélodie Richard l'est tout autant.

Les trois dernières plages d'écoute sont une liste de recettes de plats évoqués dans le roman, ainsi que quelques méthodes de tricot. J'ai zappé ces 3 dernières plages, n'étant pas intéressée par leurs sujets.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 14 Mars 2024

Roman - Editions Grasset - 138 pages - 15 €

Parution Grasset en mars 2021 (existe en poche)

L'histoire : D'elle même, elle se rend au commissariat après le crime. Parce qu'elle se croit coupable, puisque la société se comporte avec elle comme si elle l'était.

Tentation : Pour le club de lecture de St Lunaire

Fournisseur : Bib de St Lunaire

 

 

 

 

Mon humble avis : On ne saura jamais le nom de la narratrice. Et ce n'est qu'au fil des pages que sera nommé le crime dont il est question. Même si, dès le début, on le devine. Les indices sont là. Elle est victime mais la société et les institutions judiciaires se comportent avec elle comme si elle était coupable. Alors, l'enquête est en cours, à la recherche du moindre indice ou de la plus solide des preuves pour s'assurer qu'elle n'a vraiment pas voulu que cela advienne...

La narratrice pourrait ressembler à l'autrice... Alors, récit autobiographique ou pas, je l'ignore. Il n'empêche, ce roman atteint magistralement son but, frapper, mettre K.O.  Par la forme, par le style, par ma mise en page, tous très originaux et déstabilisants. Il m'a semblé que l'écriture se modifiait en cours de récit, comme pour suivre l'évolution de la narratrice... Des phrases courtes pour la sidération. Les questionnements et les répétitions, les obsessions, le désordre, le déjanté pour le stress post traumatique. Ensuite des phrases plus longues, des réflexions menées plus loin, plus profond traduisent le long terme, combinaison de tristesse, de peur, de perte de la légèreté. Le tout est comme vu de l'extérieur, à distance. Parce que c'est ainsi que la narratrice se positionne face à elle-même pour fuir l'insoutenable. Elle semble extraite d'elle-même. Cela frôle la froideur. L'exercice littéraire est osé, particulier, mais fait particulièrement corps avec son difficile et dur sujet. Il peut plaire, déplaire, mais pas laisser indifférent.

Mathilde Forget dissèque avec singularité les conséquences du trauma, mais aussi cet abominable processus judiciaire qui vous traite comme si vous étiez peut-être coupable. On peut comprendre que ce même processus, souvent flanqué de maladresses, n'incite pas les victimes à solliciter la justice.  Le crime n'est pas le sujet central du roman même s'il en est l'intrigue. Ce sont les conséquences sociales, psychologiques et judiciaires qui le sont. Dans ce sens, ce roman est nécessaire. Mais sa lecture, bien que courte, d'ailleurs trop courte je dirais pour une fois, ne m'a pas été agréable... En même temps, vu le sujet, je ne vois pas comment elle aurait pu l'être. D'où mes 3 pattes.

Par contre, je ne comprends pas le bandeau de la version poche, signé Delphine de Vigan : "Mathilde Forget :  aborde les sujets les plus graves avec une légèreté qui n’appartient qu’à elle." Je n'ai pas trouvé cette soi-disant légèreté. Au contraire. La sensation d'étouffement est omniprésente.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 12 Mars 2024

Film d'Anne Fontaine

Avec Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar

Synopsis : En 1928, alors que Paris vit au rythme des années folles, la danseuse Ida Rubinstein commande à Maurice Ravel la musique de son prochain ballet. Tétanisé et en panne d’inspiration, le compositeur feuillette les pages de sa vie - les échecs de ses débuts, la fracture de la Grande Guerre, l’amour impossible qu’il éprouve pour sa muse Misia Sert… Ravel va alors plonger au plus profond de lui-même pour créer son oeuvre universelle, le Bolero.

Mon humble avis : Le Boléro de Ravel est le seul morceau de musique "classique" que j'adore, que je pourrais écouter "en boucle", qui me mettrait en transe, qui m'hypnotise... Aussi, je me languissais de voir ce film et je me prédisais un grand frisson... Qui n'est pas venu... Enfin, pas au moment où je l'espérais... Puisqu'il advint lors du générique d'ouverture : Anne Fontaine a eu la très bonne idée de présenter une multitude de versions du Boléro de Ravel, contemporaines ou non, chantées ou non, dansées ou non, françaises ou non... Le frisson m'a parcourue. Mais ensuite, je l'ai espéré de nouveau et non, rien.

Pourtant, les photos sont sublimes, la mise en scène agréable et les comédiens bluffants, Raphaël Personnaz en tête, en Ravel discret et insatisfait, obsédé par la musique et tout ce qui touche au sonore. L'histoire est tout de même prenante, même si l'on en connaît l'issue. Mais on se demande quand vont apparaître les premières notes du fameux Boléro, et elles tardent à venir. Peut-être le film aurait dû s'intituler Ravel plutôt que Boléro. Et pourtant, nous ne sommes pas non plus dans un biopic. Mais avant de parvenir au sujet qui a motivé ma séance en salle obscure, il s'en passe du temps, il s'en déroule des bavardages et des mondanités, qui s'étalent en longueur.

Qui plus est, le film m'a égarée dans sa chronologie, composée de nombreux flash-backs en fait. Mais la panne d'inspiration de Maurice Ravel est bien rendue, et l'on découvre comment cette oeuvre monumentale et éternelle a vu le jour non sans plaisir. L'on apprend aussi que Ravel ne l'aimait pas ce Boléro, qu'il trouvait vide de musique... Pour se dire, sur le tard, qu'il n'était finalement pas si mal.

Mais pour moi, il manque quelque chose à ce film pour qu'il soit grand, mémorable, incontournable. Une fin explosive peut-être, comme celle du Boléro ? Et puis j'aurais aimé voir l'orchestration progressive du Boléro? Car l'on passe de Ravel au piano dans son cabinet de musique à l'opéra directement.

Mais je suis tout de même contente de l'avoir vu. A savoir tout de même, le film est LIBREMENT inspiré de la biographie de Ravel.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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