Publié le 5 Juin 2024

Roman - Editions Gallimard - 226 pages - 20.50 €

Parution en mars 2024

Mon pitch : Chez la famille Bauer, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles... En tous cas, en apparence. Eddie est associé dans un grand cabinet de conseil, Nora fabrique des bijoux artisanaux et leur fille unique Leni, encore adolescente, est déjà une sportive de haut niveau promise à un bel avenir. Mais il y a une faillite et une accumulation de mensonges qui vont conduire à l'implosion d'une famille dans un monde qui explose.

 

 

 

Tentation : Une autrice que j'aime beaucoup

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : Depuis mon énorme coup de coeur pour "Par amour", je lis chaque nouvelle parution de Valérie Tong Cuong, ou-du moins, toutes celles qui croisent mon chemin. Et c'est toujours un grand plaisir.

Sacré roman ici, avec Voltiges, mené avec maestria. Les chapitres qui se succèdent donnent à tour de rôle la première place à chacun des personnages qui développent plusieurs sujets que je vous présente en quelques lignes.

Valérie Tong Cuong parvient à instaurer une atmosphère très particulière, presque pré apocalyptique, et positionnée de façon très réaliste - comme dans la vie de la plupart - c'est à dire en arrière-plan... Incendies qui suivent des chaleurs caniculaires, puis des froids glacials, des tempêtes, une tornade, des bêtes sauvages qui apparaissent en pleine ville. Le monde se dérègle, chaque personnage le remarque bien, s'en étonne tout en l'ignorant, ne l'intégrant pas à une donnée d'ensemble. Personne ne semble en prendre la mesure, sauf Leni, l'adolescente lucide, qui comprend bien que son avenir, tel que ses parents lui promettent et font tout pour lui garantir, est compromis. Alors Leni vit au présent, et saute toujours plus haut, donne toute son énergie dans sa passion, le tumbling.

Le sport de haut niveau, la vie et les renoncements, la rigueur, les choix qui en découlent est aussi au centre du roman. C'est Leni qui nous donnent sa version, et lorsque le profane pense sacrifice, elle pense adrénaline, surpassement etc. Je ne connaissais pas le tumbling, ou en tous cas pas de nom. YouTube m'a montré quelques vidéos bien fascinantes, vous en retrouverez une en fin de billet.

La faillite professionnelle d'un homme, qui ne se remet pas en question, et par crainte de perdre son statut de père et d'époux protecteur, préfère le mensonge à la vérité, sans se rendre compte qu'il fait vivre ainsi un enfer à sa famille, qui va donc imploser.

Quant à Nora, elle a choisi d'aimer, de se marier, de se dévouer à sa famille. Malgré les apparences, en est- elle vraiment heureuse ?

La ligne rouge de ce roman, ce sont nos choix et ce qui forge, du moins en apparence, notre identité. Les personnages, leurs pensées et réactions sont parfaitement analysée et décrites par Valérie Tong Cuong qui nous livre ici un roman haletant, dont les pages se tournent toutes seules, la tension monte, jusqu'à une fin assez sobre et minimaliste, bref, plutôt ouverte, après une sacrée ellipse un peu frustrante.

Un petit bémol à mes yeux : le choix "chronologique" fait par l'autrice, qui m'a parfois un peu égarée, décontenancée. Mais rien de grave non plus, on retombe vite sur les rails. 

Mais Valérie Tong Cuong rappelle aussi que c'est souvent dans le chaos que l'on se révèle le plus à soi-même, mais aussi aux autres et que l'on ose affronter notre propre réalité.

Un très bon roman, franchement bien pensé.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 1 Juin 2024

Roman - Editions Albin Michel - 320 pages - 21.90 €

Parution en août 2022 (existe en poche)

Mon pitch : Harry, écrivain à succès d'un seul roman, subit le poids de l'attente et le manque d'inspiration. Il achète sur un coup de tête, et juste sur photos, une vieille ferme dans un coin perdu. Il s'y installe en plein hiver, sous la neige... Débute alors sa vie d'ermite, entrecoupée de quelques visites l'épicerie du village. Oui, mais étrangement, Harry ne se sent pas seul, comme s'il était épié... Serait-ce lié à ce voisin invisible, connu mais méprisé pour ces talents de sourcier et guérisseur ? Que c'est il passé ici ? La tension monte dans ce calme plat ou la neige absorbe le moindre bruit, quoique...

 

 

Tentation : Franck Bouysse

Fournisseur : La bib de Dinard 

Mon humble avis : Ah :) J'ai retrouvé dans ces pages ce qui m'avait tant séduite dans Pur Sang, titre avec lequel j'ai découvert Franck Bouysse avec un engouement tel qu'il m'a fait lancer ce challenge "Lisez votre auteur chouchou" . Et j'en suis bien aise car ma deuxième lecture "Vagabond" a été une déception fracassante. Me revoici donc motivée à fond les ballons !

J'ai retrouvé cette sensation d'immersion dans les paysages, dans le calme, dans la tension, dans la neige, dans la vieille ferme, dans le craquement des bûches enfermées dans le poêle. Dans l'économie des mots des personnages pour qui priment gestes, regards, silences.

Immersion dans les temps et les époques aussi, même s'il m'a fallu un moment pour découvrir que Franck Bouysse me baladait entre passé et présent. Au fur et à mesure que la pression atmosphérique baisse, la tension monte. Il y a ce mystère latent, dont on se demande s'il n'est pas pure invention de Harry dans sa solitude. Et pourtant, il y a la rumeur, la méfiance des villageois envers lui, les avertissements du maire, et ce chien venu de nulle part qui lui tient souvent compagnie. Sommes-nous dans un thriller rural ? Dans un roman du terroir ? Dans une histoire où se mêlerait le fantastique ? Non, "juste" dans un roman, dans une histoire, dans un drame terrible, dans un oeuvre grandiose qui creuse dans la noirceur des autres, et la beauté d'âme de quelques-uns. Mais pourtant, les fantômes semblent bien là...et tout s'expliquera... Alors que le soleil reviendra et que fondra la neige, l'épais mystère qui entoure les deux fermes voisines se dessinera.

En fait, il y a ceux qui savent, il y a ceux qui ignorent, et ceux qui savent mais ignorent par confort. Mais tout le monde se tait... Sauf Sofia, l'épicière, qui va livrer quelques bribes du drame qui s'est déroulé là il y a si longtemps, mais presque hier. Harry n'est pas fou. Ce sont les autres qui le sont, qui sont fous de jalousie, de peur, de haine, de bêtise, de rancune face à la différence et l'indifférence d'un être, dont la seule présence dérange.

Et la fin, qui peut paraître aussi mystérieuse que le roman lui-même, qui semble avoir désarçonné quelques lecteurs, je l'ai adorée ! Tellement subtile, tellement bien trouvée, imaginée ! Quel talent ! Et bien sûr, je n'ai dit que le minimum dans ce billet, c'est un monde, une atmosphère et des personnages à découvrir dans ces pages. 

Le tout, servi par une plume extatique, qui sublime la nature, tellement belle et poétique, aux mots choisis délicatement, mais sans orgueil ni emphase, qui enveloppe, qui envoute ! Voilà, ce roman m'a envoutée ! 

Vivement mon prochain Bouysse !!!

 

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Challenge Lisez votre chouchou

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Publié le 30 Mai 2024

BD - Editions Dargaud - 144 pages - 23.50 €

Parution en novembre 2022

L'histoire : 1998, Teresa, brillante étudiante en archéologie, décroche une bourse et un poste à Berlin pour participer à la préparation d'une grande exposition sur la découverte du tombeau de Toutankhamon. Sa bible de travail, le journal d'Howard Carter. Elle rencontre Ruben, un jeune Italien rêveur et fantasque, venu s'éclater à Berlin. Parallèlement aux crises de couple dues aux insomnies chroniques de la jeune femme et à leurs moments intimes d'un amour passionné, leur histoire se révèle entre la Vallée des Rois et la folie berlinoise de la fin du XXe siècle. Qu'adviendra-t-il de leur futur ? La temporalité chère à Manuele Fior raconte par cette romance deux époques qui se confrontent et s'entremêlent, unies par le motif de l'hypéricon, cette fleur aux mille vertus.

Tentation : Le billet de Violette 

Fournisseur : La bib de St Lunaire

Mon humble avis : Je suis passée complètement à côté de cet album, je n'ai pas saisi les intentions de l'auteur italien.

Et pourtant... Certes, il y a de très belles pages qui nous ramènent en Egypte en 1922, en compagnie des Egyptologues (dont Howard Carter) qui découvraient la tombe de Toutânkhamon. Heureusement qu'elles sont là ces pages d'ailleurs, sinon, mon intérêt aurait encore été moindre.

Certes, il y a Berlin réunifiée et sa jeunesse frénétique à la fin des années 90. Et le tout s'achève par les attentats du 11 septembre 2001.

Entre tout cela, il y a la rencontre entre Teresa et Ruben, puis leur relation sulfureuse et chaotique, qui ne m'a ni intéressée, ni touchée, pas plus que ses protagonistes d'ailleurs. De la fameuse expo que Teresa est censée préparée, il n'est à peine question. Dommage. Et puis, certains dialogues sont en allemand, non traduits. Pas cool, même si l'on se doute que ces fameux dialogues ne changent pas la phase de l'histoire, c'est un peu se moquer de son lectorat. Alors que quelques astérisques et notes en bas de pages auraient suffi.

Certes, il y a le lien entre l'hypéricon, nom latin de la plante Millepertuis, qui solutionnera les insomnies de Teresa, alors qu'en 1922, des restes de la même fleur sont trouvées dans le tombeau du pharaon. Et des réflexions sur la temporalité. Mais tout cela m'a paru bien brouillon, sans objectif précis, à part peut-être celui de raconter une expérience de la vie de l'auteur ? Je n'en sais rien puisque je ne le connais pas. J'aurais préféré me contenter d'aller et retour entre les découvertes de 1922 et l'expo de 1998, bref, rester au pays de Champollion. 

Mauvaise pioche pour moi cette fois-ci en BD malgré un graphisme agréable et soigné.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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Publié le 28 Mai 2024

Roman - Editions Livre de Poche - 160 pages - 5.10 €

Parution d'origine chez Stock en 2008

Mon pitch : Alice Grangé a 30 ans. Quand sa mère est morte, elle en avait 5. Et juste avant de s'éteindre, son père lui fait un aveu... Sa mère a aimé un autre homme, Emmanuel, un peintre, dans les mois qui ont précédé sa mort.

Alors, pour retrouver sa mère et surtout se trouver elle même, Alice part à la recherche de cet homme...

 

Tentation : La blogo, il y a une éternité

Fournisseur : Ma PAL

 

 

Mon humble avis : Alice a grandi avec son père pour seule compagnie, pour seul amour, pour seul repère, pour seule colonne vertébrale. Ce père l'aimait sans se montrait aimant et c'est surtout le silence qui les unissait. Car après la mort de Blandine, ce père a fait table rase des souvenirs de son épouse : plus d'objets la rappelant, plus de photo, plus de conversation... 

Dans la mémoire d'Alice vingt-cinq ans plus tard, sa mère n'est plus qu'une forme bleue. Et voici qu'elle apprend l'existence d'un homme qui l'a aimée passionnément, et qui peut-être pourrait lui dire qui était sa mère.

J'ai beaucoup aimé cette plume et ce texte très touchants, intimes, puissants, poétiques. Des phrases courtes, comme urgentes, et d'autres qui s'étirent, comme le temps. Des évidences qui paraissent comme telles si l'on prend le temps d'y réfléchir, mais que le commun des mortels serait bien incapable de mettre en mots. Une douce élégance émane de ces pages au sujet pourtant ardu, même si universel. D'ailleurs, il n'y a d'universel que la situation, car chacun la vivra avec ses propres armes, ses réactions individuelles : La perte, le deuil. La perte des êtres, la perte de souvenirs, la perte de ce que l'on n'a jamais su et que l'on risque de ne jamais savoir. Alice court après des rêves, des souvenirs, des désirs, une identité. Car comment grandit un enfant qui n'a plus sa mère, et que cette mère a disparu des conversations et de la légende familiale. Qui ne sait même pas s'il lui ressemble ? Et lorsque l'on a aimé passionnément, les souvenirs  s'effacent ils où n'attendent ils qu'une occasion pour reprendre vie ? Comment faire d'un vide abyssal un creux que l'on chérit pour ce qu'il est, que l'on porte en soit comme une compagnie, comme une trace du vécu, de ce qui nous constitue. Le vide, c'est le néant. Un creux, c'est une place pour quelque chose, quelqu'un, ne serait-ce qu'en souvenirs.

C'est toutes ces questions que Laurence Tardieu pose dans ces pages, et tente d'apporter quelques réponses à travers l'histoire d'Alice. Avec tact, talent et délicatesse. Alice cherche la vérité, qui n'existe pas. Elle trouvera une vérité, celle d'Emmanuel, et celle-ci mettra enfin un terme à sa course. Et puis, il y a l'écriture pour vivre...

Beaucoup d'émotions. J'ai vraiment aimé accompagner Alice dans sa quête.

 

PAL - 1 😁

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 26 Mai 2024

Film d'Arthus,

Avec Arthus, Clovis Cornillac, Alice Belaïdi, Arnaud Toupense, Marie Colin

Synopsis : Pour échapper à la police, un fils et son père en cavale sont contraints de trouver refuge dans une colonie de vacances pour jeunes adultes en situation de handicap, se faisant passer pour un pensionnaire et son éducateur spécialisé. Le début des emmerdes et d’une formidable expérience humaine qui va les changer à jamais.

Mon humble avis  : Puisque tout le monde parle de ce film, je suis allée le voir. Et quel bonheur de se trouver dans une salle comble pour un film français. Ca ne m'était pas arrivée depuis... une éternité !

Je pensais que le film serait hilarant, je craignais même éventuellement quelques mauvais goûts. Et bien ni l'un ni l'autre. La salle ne rit pas aux éclats, je pense que chacun sourit plus de l'émotions que ce film dégage qu'il ne rit des bons mots et bonnes répliques qui pourtant ne manquent pas. Pas de mièvrerie, pas de poncif sur le handicap psy... A la limite, le seul personnage qui soit un peu trop cliché pour moi est celui du truand interprété par Clovis Cornillac.

Et l'émotion qui émane du P'tit truc en plus, c'est justement de voir un film normal, qui ne traite pas des handicaps mentaux (ceux-ci ne sont d'ailleurs jamais nommés), mais joué par des personnes en situation de handicap qui sont traitées et mises à l'écran comme des acteurs, des personnages de film, ce qu'ils sont d'ailleurs, et tous avec brio, chacun avec sa différence, son p'tit truc en plus, sa malice, sa lumière dans l'oeil, son sourire, ses rêves, sa douce folie, sa discrétion... Et en commun, la bonne humeur, la joie d'être là et ensemble. Ils sont tous présents à l'écran à part égale, et ne sont pas là en faire valoir. Ils sont le film.

Le film est donc un très bel hommage à toutes ces personnes qui ont tant de capacités et que l'on voit si peu dans le PAF... mais aussi, à leurs accompagnants, leurs éducateurs qui à eux tous, forment une belle famille.

Cependant, il faut avouer que le scénario n'est pas vraiment surprenant, et ressemble à ces nombreux films type colo/vacances entre amis. La différence et la force du film viennent du casting atypique et des situations qui en découlent.

Plus qu'un film drôle, je dirais qu'un p'tit truc en plus est un film joyeux, du bonheur d'être ensemble, de vivre une parenthèse ensoleillée et bienveillante.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 24 Mai 2024

Roman - Editions Ecoutez lire - 9h58 d'écoute - 19.99 €

Parution d'origine chez Flammarion en 2016

Mon pitch : Ludo et Aurore vivent dans le même immeuble parisien, chacun d'un côté de la cours, et ne se connaissent pas. Jusqu'à un soir où une "banale" conversation de voisinage va tout changer.

Aurore traverse une sale période. La collection de prêt à porter qu'elle dirige comme elle peut va mal, et tout la stresse, sauf entrer dans le havre de paix de la cours de son immeuble. Sauf que des corbeaux y ont élu domicile... Et qu'Aurore a peur des corbeaux. Elle s'en ouvre à Ludo, qui pour une raison qui échappe d'abord à tous les deux, va trouver la solution...

Tentation : Ma PAL audio

Fournisseur : Bib de Rennes

 

Mon humble avis : Depuis quelques années, je me refuse à lire les derniers titre de Serge Joncour, qui pourtant me tentent beaucoup, tant que celui-ci n'était pas passé "à la casserole". C'est donc fait, me voici libre et on ne peut plus ravie de cette audio lecture.

Habituellement, j'essaie de fuir autant que possible les histoires d'amour, et pourtant, celle-ci m'a bien remuée... Peut-être parce que l'on met un certain temps à deviner la nature profonde des sentiments qui vont unir Ludo et Aurore, et s'ils seront réciproques. Le sait on vraiment à la fin d'ailleurs ? Je pense que chacun est libre de décider en fonction de sa sensibilité, ou de son envie...Puisque même Aurore et Ludo doutent... tant cette histoire est un bouleversement pour eux.

Car tout au long du roman, on peut se demander ce que l'un recherche et trouve dans l'autre... Un refuge, une résurrection, une béquille, une amitié tendre, un 5 à 7, une aide bienvenue, une échappée du quotidien ? Et si cette relation, qui paraît pourtant les réjouir, n'apportait que complication, remise en question, doute sur l'intention de l'autre ?

Ils sont pourtant tellement différents Ludo et Aurore... De classes, d'origine, de caractère. Elle une femme d'affaire, créatrice de vêtements, qui se fait flouer par son associé. Lui, qui a fui sa campagne provinciale presque malgré lui, pour devenir un parisien qu'il ne sera jamais, et agent de recouvrement.

Et puis, les mésaventures d'Aurore font que le roman plonge dans un certain suspense, et que l'on se demande vraiment ce qu'il va advenir des deux amants et des décisions qu'ils devront prendre.  Deux personnages que l'on aimerait rencontrer, que l'on ne peut qu'aimer, chacun avec leurs forces et leurs failles, mais surtout le respect qu'ils ont de l'autre, le respect comme ligne de conduite. Deux êtres qui sont fait pour être aimés mais qui le sont en fait très peu dans leur vie, ou en tout cas pas assez, pas comme il le faudrait. Et quand les voici enfin aimés à leur juste valeur, jusqu'où seront-ils prêts à aller, que seront-ils prêts à faire pour l'autre ? Oh, mais nous sommes dans un roman de Serge Joncour, donc il ne faut pas s'attendre non plus à de l'extraordinaire. Juste de la vie, de la vraie vie, la vie cruelle qui amène de belles choses, si bien racontée, décortiquée, observée.

Une plume magistrale qui paraît pourtant simple, un sens de la narration parfait, un roman sensible sur la nature humaine, des personnages fouillés très attachants, une lecture délicieuse, vraiment... Vite, il me faut lire les autres romans de Serge Joncour.

En attendant, je vous conseille chaleureusement de découvrir qui va devoir se reposer sur l'autre. Vous pourriez être surpris.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 20 Mai 2024

BD - Editions Lombard - 240 pages - 24.50 €

Parution en avril 2021

Le sujet : Jean, major de promo et interne à l'hôpital, doit faire un stage en soins gynécologiques aux côtés du docteur Karma. Mais elle veut faire de la chirurgie, et non écouter des femmes parler d'elles-mêmes et de leur corps ! Elle se désespère de passer son temps auprès de ce médecin qui privilégie l'écoute à la technique. Contraception, maternité, violences conjugales, avortements... de consultations en témoignages, Jean pourrait bien pourtant changer sa vision de la médecine. Une adaptation sensible et puissante du roman culte de Martin Winckler.

 

Tentation : Un billet de la blogo datant de février, que je ne retrouve pas... Qui est-ce ?

C'est Violette !!!

Fournisseur : La bib de St Lunaire

Mon humble avis : Cette BD est l'adaptation du roman éponyme de Martin Winckler, roman que je n'ai pas lu... Grosse erreur que j'espère pouvoir réparer un de ces jours, tant cette BD m'a plu et bouleversée... A un point rarement atteint d'ailleurs, puisque par moment, je me suis surprise à lever les yeux, quitter le texte pour amenuiser l'afflux d'émotions et respirer, ou plutôt expirer un grand coup.

Cette histoire est une formidable ode aux femmes, à toutes les femmes, dans toutes leurs différences, leurs préoccupations, leurs vécus, les peurs, leurs épreuves, leurs aspirations... Face à elles, un médecin pas comme les autres, mais de qui tous les autres devraient s'inspirer, si l'époque et le temps le leur permettait... Mais nous sommes maintenant le plus souvent dans une médecine d'économies, d'efficacité, de rentabilité, et de manque de personnel... Ce médecin prône l'écoute avec la médication. Donc il prend du temps, beaucoup de temps à écouter et suivre ses patientes, mais cela paie. Ce médecin lutte aussi pour une bien meilleure considération de la femme dans son suivi médical, et notamment gynécologique.... Tant de possibilités existent pour limiter les situations/positions humiliantes, pour éviter les césariennes etc...

Et puis il y Jean, cette jeune interne qui débarque de force pour six mois dans ce service pour valider son internat. Elle se rebiffe contre les méthodes de son référent, elle qui ne jure que par la chirurgie et qui a un sacré caractère... entier on va dire.  

On va suivre l'évolution de Jean, aussi bien dans sa vie personnelle qu'au sein du service, et cette évolution est bouleversante. Cette jeune femme que l'on trouve trop sûre d'elle au début et bien effrontée, on finit par l'adorer et l'admirer. Au fil des pages, les consultations médicales s'enchaînent, présentant à chaque fois une nouvelle patiente, et une page est réservée à chacune d'entre elles pour qu'elle se présente... Et suite à chaque consultation, un débriefing entre le médecin et son interne. Les débriefings sont tendus au début, puis la relation entre deux évolue jusqu'à nous révéler un lien qui nous submerge d'émotion.

J'ai appris beaucoup de chose sur moi qui suis une femme, des choses qu'aucun médecin ne m'a jamais expliquée. Et j'ai aussi découvert que ce qui fait mon identité sexuelle ne se limite pas à mon anatomie sexuelle ni à ma silhouette. Il faut prendre en compte les organes reproducteurs, le fonctionnement hormonal, et le modèle chromosomique. Si un ou plusieurs de ses points ne correspondent pas aux définitions classiques des genres, il y a alors intersexualité. Les experts estiment qu'1,7% de la population naissent avec des caractéristiques intersexe. Parmi ces personnes, certaines personnes subissent des mutilations médicales et un acharnement atroce pour les faire rentrer dans "les cases"... Un vaste sujet, qui va aussi souvent de paire avec l'orientation sexuelle, dont je méconnaissais tout ou presque.

Car on le comprend assez vite, Jean est intersexes.

"Encore" une fois, un ouvrage qui devraient être lu par tous et toutes, et qui amènerait certainement une meilleure considération des femmes, et une bien plus grande tolérance et inclusion des personnes LGBT etc...

 

 

 

 

 

 

 

L'avis de Gambadou

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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Publié le 18 Mai 2024

Roman - Editions Lizzie - 3h56 d'écoute - 19.99 €

Parution Julliard et Lizzie en 2022

Mon pitch : Divers passagers montent à bord du train de nuit reliant Paris à Briançon... Certains rentrent chez eux, d'autres partent en vacances. Des liens se créent pendant le trajet, des langues se délient, des complicités émergent, des confidences se murmurent. Et pourtant, certains n'arriveront jamais à destination.

Tentation : Philippe Besson

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : Ce n'est plus un secret pour personne, j'aime la plume de Philippe Besson, même si je ne suis pas toujours fan des sujets qu'il aborde le plus souvent dans ces romans. Ici, il en est aussi question, mais assez peu, comme en plan secondaire.

J'ai aimé l'originalité de la mise en scène de cette histoire... Un huis clos pour quelques heures, dans un train. Etant donné que la quatrième de couv révèle que tous les passagers n'arriveront pas vivants à destination, je me suis imaginé être dans un roman d'Agatha Christie. Je scrutais les personnages pour tenter de deviner de qui viendrait le drame. Jamais au grand jamais je n'ai pensé que le coupable pourrait être un téléphone portable. C'est donc un certain suspens qui nous mène... à un fait divers.

J'ai aimé ce mélange de diverses personnalités, de tous âges, de toutes origines sociales, et de motivations différentes. Et l'évolution comportementale de chacun face à ces inconnus dans une promiscuité choisie pour quelques heures. Des gens qui se croisent, se frôlent, dorment superposés sous le même toit, pour ensuite se redisperser dans la vie et la nature, sans jamais se revoir... C'est sûr, dans ces conditions éphémères, on ose beaucoup plus. L'étranger, l'autre qu'on ne reverra plus, on peut tout lui dire, ou presque. Jeunes et anciens se défient même dans une partie de belote ! Un voyage paisible en somme au rythme pas si rapide de ce train de nuit.

Puis le drame advient... Il y a les réactions individuelles qui deviennent très vite collectives, voire même, hélas, sociétales... Et les conséquences de ce hasard fatal qui peut frapper, immédiates ou tardives dans la vie de chacun.

J'ignore si cette lecture me restera longtemps en mémoire, mais elle me fut agréable. Le suspense est servi par la plume sensible d'un auteur qui sait observer et décrire les affres de ses contemporains, qui sait sonder leurs âmes, même si ce n'est que pour quelques heures de voyage. Un roman profondément humain, et tout aussi inhumain dans le drame et le sensationnalisme qui en découle sur les réseaux sociaux... Car à notre époque, un drame détruit des vies, mais excite celles des autres qui s'ennuient et voient là un moyen d'exister aux yeux des autres.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 16 Mai 2024

Roman - Editions J'ai Lu - 284 pages - 7.90 €

Parution J'ai Lu 2022 (Editions Emmanuelle Collas 2020)

Mon pitch : Nord du Cameroun, dans la communauté Peul musulmane, le destin tragique de trois femmes issues d'un milieu citadin et aisé. Trois femmes qui subissent les traditions tant peuls qu'islamiques et se retrouvent pour deux d'entre elles, mariées de force. La troisième voit arriver l'une d'elles dans son foyer, en qualité de deuxième épouse de son mari. Chacune rêve de s'affranchir de sa condition. Y parviendront-elles ? Et par quel moyen ?

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : Ma CB

 

 

Mon humble avis : Prix Goncourt des Lycéens 2020 écrit par une romancière camerounaise, militante pour le droit des femmes, pour qui les mots et les livres sont des armes de défense et de dénonciation. Un roman inspiré d'histoires vraies, dont sans doute celle de Djaïli Amadou Amal, qui a vécu également un mariage forcé et un autre avec violences conjugales. Autant dire que ce roman est important, incontournable dans ce qu'il dénonce pendant que le monde poursuit sa rotation.

J'ai lu ce livre en apnée, car oui, il nous accroche, nous atterre, nous effare devant ce que subissent ces femmes... Soumission totale, humiliations, maltraitances physiques, viols, coups... D'objet de leurs pères, elles deviennent celui de leurs maris qui ont tout droit sur elles, de les battre comme de les répudier, comme de les "collectionner" puisqu'ils sont polygames, mais évidemment, en sens unique.

Ramla passe son bac, aime un garçon qui a obtenu sa main, et prévoit entreprendre des études de pharmacies. Mais pour le business de la famille, son père la donne plutôt à un homme de 50 ans, déjà marié à Safira. Safira a 35 ans, 20 ans de vie commune avec son mari et voit d'un très mauvaise oeil l'arrivée de cette coépouse. Au-delà de la trahison, elle craint de perdre sa place... Enfin, nous avons Hindou, demie soeur de Ramla, qui se voit contrainte d'épouser son cousin, qui noie son oisiveté dans l'alcool, les drogues et ses explosions de violence. C'est le sort d'Hindou qui révolte "le plus", il est insoutenable.

La littérature me dévoile ce que même aucun voyage touristique, aussi aventureux soit-il, ne me dira... Car un guide va expliquer la vie quotidienne et pratique de ces concitoyens... Mais pour ce qui touche aux moeurs, cela reste toujours plus ou moins tabou, et toujours vu sous le prisme du guide lui-même.

Ici, Djaïli Amadou Amal nous fait passer par dessus les murs de ces grandes concessions familiales où, pour cause de polygamie, se côtoient plusieurs épouses et multiples enfants, le tout avec une hiérarchie très précise, où même les oncles ont tous pouvoirs sur leurs nièces... Les enfants le sont de tous... Et dans ces enfants, certains sont frères/soeurs et en même temps cousins/cousines. Les coépouses se détestent entre elles et tout est stratégie pour rester ou devenir la favorite... Et ne pas irriter le patriarche... Donc silence, on subit, on patiente. Aucune protection ni consolation parentale, le seul mot qui est dit c'est "Munyal"... patience.

Patience... je ne sais pas si je considérerai encore ce terme de la même façon après cette lecture. A toute jeune fille qui va se marier (contre son gré), on lui impose la patience comme mantra, comme maître mot et route directrice. Mais ce que signifie patience là-bas, c'est la soumission, c'est supporter l'insupportable, c'est attendre ce qui n'adviendra jamais. Subir, subir encore et toujours. Alors qu'en France, la patience, c'est faire la queue dans un magasin, attendre un train en retard etc... Cela ne veut pas dire se taire, n'avoir aucun droit.

Forcément, en lisant ces pages, on ne peut être que choqué par cette hypocrisie qui règne dans ces concessions où il n'est question que d'honneur, de dignité, de rang, de réputation mais jamais d'amour. Et tout cela, au nom de traditions ancestrales et surtout, au nom d'Allah... 

Ce livre, qui dénonce le sort des jeunes filles et des femmes de certaines contrées (ici le nord Cameroun) est donc indispensable et à lire. Et pourtant, je l'ai trouvé très imparfait. Au niveau littéraire, je l'ai trouvé assez pauvre, inégal, juste "propre", fait de phrases simples voire banales, parfois répétitives et de vocabulaire guère bien riche. A ce titre, sa nomination sur la première liste du Goncourt cette année là me surprend, même si son sujet le mérite bien.

On quitte Hindou à la moitié du roman, on ne revient pas vers elle alors qu'elle nous a tant bouleversée... Aussi, le lien entre les trois femmes, mise à part cette horrible destinée qu'elles n'ont pas choisie, est en fait un peu ténu. Enfin, je trouve qu'il manque une préface ou une postface, pour bien expliquer le contexte géographique, législatif et culturel précis, et éviter ainsi des amalgames possibles. Car bien sûr que l'on est plus que dans un roman... Ce sont des témoignages sous la couverture d'un roman.

Il n'empêche, ce livre, j'ai "aimé" le lire, ces héroïnes resteront longtemps en moi. Et moi ? Et bien une fois de plus je me dis que j'ai la chance d'être née en France, dans un pays où en majorité, malgré des inégalités récalcitrantes, la femme est libre et correctement traitée. Et si ça ne l'est pas, c'est la conséquence de comportements individuels qui, en grande partie, n'ont rien à voir avec une quelconque tradition ou une pratique religieuse. Certains voit un "drame" dans le fait que je ne me sois pas mariée, que je n'ai pas eu d'enfants... Cela n'a pas toujours été un choix, mais maintenant, ce constat me va bien. Et je vois surtout que je n'ai pas été obligée de me marier...

Une lecture éprouvante et bouleversante, mais indispensable. Et je suis loin d'avoir tout évoqué dans ce billet.

Le billet de Gambadou

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature d'ailleurs

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Publié le 14 Mai 2024

Récit - Editions Flammarion - 416 pages - 24 €

Parution en octobre 2023

Mon pitch : Faut il encore présenter Thomas Pesquet ? Vous voulez savoir comment on devient le plus jeune français à partir vers la station spatiale internationale ? Et bien lisez ce livre.

Thomas Pesquet raconte "sa vie", depuis son enfance en Normandie, jusqu'au retour de sa 2ème mission. Sa vie sur terre, dans la station, et entre les deux !

Tentation : Thomas, my love ! (LOL)

Fournisseur : Muriel, merci pour le prêt 

 

 

Mon humble avis : Thomas Pesquet, l'une des personnalités préférées des Français, le gendre idéal pour certains, le mari rêvé pour d'autres (en plus pas souvent là !), l'amant sublime aussi pourquoi pas... mais pour tout le monde ou presque, le fantasme... Mais surtout, un être de chair, de sang et de neurones exceptionnel !

J'ai mis du temps à lire ce livre (j'en ai d'ailleurs lu d'autres en parallèle) : il est copieux, grand, gros, des pages bien pleines... bref, un pavé pour moi, et qui plus est pas un roman.

Il n'empêche, Ma vie sans gravité est très intéressant, captivant, fascinant...  On est abreuvé d'images réelles ou purement cinématographiques, et pourtant, en lisant Thomas, j'ai eu bien souvent l'impression d'être dans un ouvrage de Science-Fiction. Déjà par le vocabulaire (vaisseau etc) et par les exploits humains, scientifiques, techniques (etc) que représentent ces missions aérospatiales. Les mots donnent une réalité plus percutante que les images je trouve. En tous cas, pour ce sujet.

Il y a beaucoup d'acronymes et d'astérisques et de notes en bas de pages... Libre à chacun de les lire ou pas. Au début, je m'y suis accrochée, puis j'ai décidé que mon importance ne se tenait pas là.

Ce livre est évidemment conçu pour un large public, pour que chacun y trouve son compte, son intérêt, sa fascination. De mon côté, les passages assez ardus liés à l'ingénierie ont chahuté mes neurones et mon attention, avant que je me décide aussi à les considérer comme "secondaires". Par contre, tout ce qui touche à l'humain et à l'humanité, aux personnalités de ces astronautes, à leurs conditions de vie dans l'ISS, à leurs choix de vie qui comporte pas mal d'abnégation et de sacrifices pour réaliser et expérimenter l'exceptionnel, tout cela m'a vraiment captivée. J'ai vivement apprécié, entre autres, que Thomas explique les expériences scientifiques menées dans l'espace, et en quoi celles-ci pourraient changer notre vie, où celles de quelques un dans l'avenir, en fonction de l'évolution climatique, médicale, sociétale, humaine, énergétique etc.

Après cette lecture, Thomas et la vie spatiale n'ont plus de secret pour nous, sauf ce qui reste de sa vie toute privée et intime. Il se livre tout de même pas mal sur ce sujet, mais en toute pudeur évidemment. Mais comme on peut s'en douter, un tel métier a de fortes répercussions sur l'entourage, et la vie de couple.  On sait aussi tout sur les conditions d'hygiène dans les vols jusqu'à la station et durant les longs mois passé en impesanteur. Car oui, tout le monde se demande comment se passe pour ce qui touche au confort corporel, aux besoins primaires (genre ce que l'on fait tranquillement sur nos toilettes terrestres) etc...

C'est admirative que je suis sortie de cette lecture. Admiration pour tous ces gens qui travaillent pour que ces expéditions soit possibles, admiration pour ces collaborations internationales qui fonctionnent, et surtout, admiration pour Thomas Pesquet : son intelligence hors norme, sa mémoire hors norme, sa soif d'apprendre hors norme, son hyper activité hors norme, sa robustesse et sa résistance hors norme, son sang-froid hors norme, sa finesse d'esprit hors norme, son parcours hors norme, son courage hors norme, sa ténacité hors norme. Bref, un homme hors norme et pourtant profondément humain, qui sait rester simple, enthousiaste, qui amène l'espace dans notre chambre. Et un homme très "tatasse", ça ne n'est pas moi qui le dit !

Evidemment que c'est un livre à découvrir, à offrir etc !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres autres - divers

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