Publié le 10 Janvier 2025

Roman - Editions Rivages - 296 pages - 20.90 €

Parution en août 2024 : Rentrée littéraire

Mon pitch : Antonio Borjas Romero fut abandonné lors de son troisième jour de vie sur les marches de l'église d'une rue qui aujourd'hui porte son nom. Recueillie par une mendiante surnommée "La Muette", il épousera quelques années plus tard Ana Maria, qui devint la première femme médecin  de Zulia, Etat du Venezuela.

Antonio et Ana Maria sont les grands-parents de l'auteur, et ce livre est leur histoire.

Tentation : Le nom de l'auteur

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : En 2024, Le rêve du Jaguar a remporté le prix Femina et a été nommé "Prix du roman de l'Académie Française", entre autres. Je voulais lire ce livre bien avant cette pluie de récompense, car depuis mon énorme coup de coeur pour Sucre noir et la découverte de la plume et de l'univers de Miguel Bonnefoy, je recherche dans chacune de ses parutions la même révélation... En vain, hélas.

Et pourtant, d'entrée de jeu, tout y est, tout ce que j'aime chez Miguel Bonnefoy... Le côté fresque familiale généalogique, la verve inégalable de conteur, la superposition de la Grande et de la Petite Histoire, les légendes, l'Amérique du sud, les extravagances, la poésie, l'imagination débridée, les coups de théâtre, le réalisme magique propre à la littérature latino-Américaine.

C'est donc avec allégresse que j'ai lu le premier tiers, suivant les (mes) aventures d'Antonio, son enfance, son adolescence pleine de rebondissements, sa rencontre avec Ana Maria et le début de leurs carrières de médecins. Le récit était très foisonnant, et peut-être trop d'ailleurs. Les personnages se multiplient, et l'importance de certains dans ce texte est à discuter. J'ai cru remarquer des contradictions, des anachronismes et le choix de l'ordre narratif m'a souvent désarçonnée... Par exemple, la mort d'un personnage est évoquée et quelques page plus loin, on revient sur celui-ci en pleine action. J'ai trouvé des longueurs, des répétitions, et vu la densité de l'histoire, et bien la notion de survol m'est apparue, et la description des personnages sont pour moi rester bien trop factuelle, comme un peu superficielle, m'empêchant en fait de m'y attacher et éprouver de profondes émotions. C'est donc à grande peine, avec un intérêt bien émoussée que de la page 100, je suis parvenue à la page 240 environ.

Et puis, j'ai retrouvé mon allant, les repères historiques sans doute plus proches de mon époque, et surtout plus précis (malgré la mention de la date du décès de Che Guevara qui ne correspond pas, ou alors j'ai mal lu). Et là, le roman m'est redevenu tout à fait passionnant, me permettant de comprendre l'Histoire récente du Venezuela, faite de révoltes, de révolutions, de coups d'Etats, et de crises économique qui se succèdent. Miguel Bonnefoy explique ici  succinctement mais clairement la genèse de celles-ci, ainsi que de celle de sa vocation d'écrivain.

Une lecture en demie teinte pour moi donc, mais qui a ravi XXL une dame de mon club de lecture.

Il n'empêche que le destin d'Antonio est complètement inouï et ahurissant !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 8 Janvier 2025

Recueil de nouvelles - Editions Thélème - 7h55 d'écoute - 20 €

Parution d'origine en 2017 aux Editions Belfond

Mon pitch : 7 nouvelles... Qui traitent toutes d'une certaine solitude, d'une certaine mélancolie, d'une certaine recherche de soi-même, d'une certaine peur de soi, de l'autre, de l'amour.

7 nouvelles qui mettent en lumière des hommes sans femmes... Parce qu'ils sont veufs, parce qu'ils ont été quitté ou vont l'être. Des récits d'isolement.

Tentation : Le challenge Bonnes nouvelles

Fournisseur : Ma PAL audio (bib)

 

Mon humble avis : Si je mets quatre pattes à ces Hommes sans femmes, c'est parce que j'ai pris grand plaisir à écouter ce livre audio. L'interprète Etienne Beydon, de sa voix chaude, y met une douceur bien agréable, qui invite vraiment à écouter, à se laisser bercer.  Mais Murakami n'est pas innocent non plus dans mon plaisir de lecture. Car sa plume, sans esbrouffe et précise est d'une beauté exceptionnelle. La narration est simple mais le rythme est bien présent alors que le ton est très intimiste.

Jamais plus de deux ou trois personnages par nouvelles. Ce sont des hommes ordinaires que nous côtoyons ici. De tous âges et de toutes classes sociales... Un étudiant, un barman, un médecin, un comédien de théâtre... Ils ont tous besoin de confier leur histoire, un abandon, une trahison, un décès... Parfois les trois à la fois. Ces femmes qui ont quitté leur vie d'une façon ou d'une autre étaient épouses, maitresses, amoureuses aussi transi que silencieuses. Certains de ces hommes sont sans femmes, d'autres ont une relation particulière avec elles. Ils cherchent des explications à cela et Murakami aborde ainsi de multiples thèmes, dans l'incompréhension mutuelle qui unit les êtres, et dont découle une certaine détresse. Que devient on la suite d'un bonheur perdu, quelles sont les conséquences émotionnelles. Et dans ces textes, il ressort que l'homme a besoin d'une femme à ses côtés, sans elle, il n'est plus vraiment. Ce faisant, Murakami dresse un bel hommage à la place des femmes dans la vie de chacun, dans des situations assez communes, dans d'autres moins fréquentes, voire étranges.

La nouvelle qui m'a le plus émue et marquée est la première. Drive my car, qui a d'ailleurs inspiré en 2021 un film au titre éponyme. Les autres, je pense que je les oublierai vite, malgré le réel plaisir de lecture/écoute et de découverte..

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres audio, lectures audio, #Littérature d'ailleurs

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Publié le 6 Janvier 2025

Film de Franck Dubosc

Avec Franck Dubosc, Laure Calamy, Benoît Poelvoorde

Synopsis : Michel et Cathy forment un couple usé par le temps et les difficultés financières. Un jour, Michel, pour éviter un ours sur la route, heurte une voiture et tue les deux occupants. Dans le coffre, ils trouvent 2 millions en billets usagés...

Mon humble avis : Que mon année 2025 commence bien au cinéma ! Pourvu que ça dure. J'ai adoré ce film, que je suis allée voir à l'aveugle, sans savoir de quoi il retournait, mais étonnée que l'amie que j'accompagnais souhaite voir un film de et avec Franck Dubosc.

Je me suis régalée, j'ai ri, je n'ai pu m'empêcher d'insulter haut et fort l'un des personnages en disant "Mais quel con" ! Car il y a quelque part dans le rôle de Dubosc un côté François Pignon, sans le physique, ni les manies, ni les expressions, ni la vie de l'emploi. Mais ce n'est pas compliqué, dès qu'il y a une connerie à faire ou à dire, il ne la loupe pas. Ce sont les situations qui sont drôles, pas les personnages.

Et pourtant, nous ne sommes pas dans un film de gags bien lourdauds en cascade, loin de là. Un ours dans le Jura est une comédie noire, à humour encore plus noir et décalé, qui frôle parfois le glauque exultant et drôle (les plus jeunes ne seront pas les bienvenus dans la salle). Et évidemment, l'ensemble est d'une amoralité délicieuse !

Toutes les situations improbables prennent leur source dans une toute première : un ours dans le Jura provoque quelques accidents... Sauf qu'au départ, personne ne croit à cette présence, sauf ceux qui l'ont vue. Et ces circonstances invraisemblables vont se succéder non-stop, dans tous les domaines et dans toutes les apparences... Depuis les actions, jusqu'aux réactions parfois très placides des personnages. C'est un chapelet de rebondissements que nous offre ici Franck Dubosc, sans que jamais le spectateur puisse prédire le suivant.  

Mais il n'y a pas que cela dans ce film... Qui traite aussi beaucoup de la condition et des rapports humains... L'usure du couple, la fatigue d'un travail peu rémunérateur, le quotidien répétitif, les dettes, la solitude, l'adolescence, le père dépassé, et surtout, la cupidité des uns et des autres. Il est aussi question de migrants, de trafic de drogues et les cadavres s'accumulent (7 aux total)... 

Les dialogues sont aux petits oignons, et les comédiens, principaux ou secondaires, sont tous pile poils dans le rôle. Aucun n'en fait trop, personne n'en fait pas assez. Juste parfait, et souvent touchant, mine de rien.

Résultat, un film inattendu, original, jubilatoire, corrosif, bien mené... A voir bien sûr !

 

L'avis de Pascale 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 4 Janvier 2025

Bonjour et meilleurs voeux à toutes et tous ! Mes voeux personnels vont à notre planète et notre monde géopolitique... Qu'enfin advienne plus de paix, de sagesse, de partage etc... Si le monde en général allait mieux, chacun se porterait mieux aussi.

Avec le début d'année, revient la traditions des bilans de lecture de l'année précédente, et puis le fameux tag qui consiste à trouvé dans les titres lus une réponse à chaque question posée !

 

Tout d'abord, bilan de mes lectures 2024

J'ai retrouvé un rythme de lecture correcte, dans la moyenne de ces 16 dernières années et la création de mon blog ! Avec 78 livres lus (+ 16) et 20 BD (+ 6)

Vu le temps que je consacre à mes autres passions (la photo et l'ornithologie) je pense que j'atteins là un plafond !!!

Et j'ai vraiment trouvé mon nid douillé dans un bénévolat... A ma chère médiathèque de St Lunaire, où je m'éclate, où mes connaissances et compétences sont utiles et appréciées. Je conseille quand il y a besoin ou demande, je range, je désherbe, j'accueille (départ/retour car super, pas de bornes automatiques, que de l'humain) et je soumets des idées d'achats et d'acquisitions dans les nouveautés. Enfin, j'y rédige toujours mes coups de coeur et de ce fait, ces livres sortent !

Le détail :

  • 57 romans de littérature française
  • 18 romans de littérature étrangère
  • 64 romans de littérature générale
  • 10 thrillers / polar
  • 4 livres divers

Le format : 

  • 47 livres papiers (+6)
  • 31 livres audios (+10)

La provenance

  • 58 titres (Papiers et audio) empruntés aux bib de St Lunaire, Dinard et et Rennes ( pour ma réserve de livre audio)
  • 7 titres issus de la PAL ante diluvienne !
  • 6 livres achetés
  • 3 prêts 
  • 1 titres provenant de la boite à livres en bas de chez moi

 

Cette année, j'ai "découvert" 34 nouvelles plumes, en d'autres mots, j'ai lu 34 auteurs inédits pour moi, c'est pas mal alors que j'ai l'impression d'aller trop souvent vers les mêmes écrivains. Par contre toujours pas assez de littérature étrangère, alors que je me promets chaque année d'aller un peu plus hors de mes frontières.

  •  
  • En fin de billet, une mosaïque des couvertures de mes coups de coeur ! Une année en demie teinte je dirais,  car si certains livres m'ont laissé un avis mitigé, d'autres m'ont paru nécessiter une lecture exigeante dans laquelle je me suis parfois embourbée et y ai passé beaucoup de temps, ce qui émousse ma notion de plaisir de lecture, qui est mon baromètre premier.
  • Au prorata, mes coups de coeur BD sont plus nombreux. Vous les trouverez aussi en fin de billet.
  • Et aussi, mes Coups de coeur cinéma ;) 33 films vus cette année.

 

LE FAMEUX TAG MA VIE COMME UN ROMAN

1/ Décris toi : Une femme en contre-jour, de Gaëlle Josse

 

2/ Comment te sens tu ? En dehors de la gamme, de Cathrine Bomann

 

3/ Décris où tu vis actuellement ? Seule la mer d'en souviendra, d'Isabelle Autissier

 

4/ Si tu pouvais aller où tu veux, où irais tu ? Le monde du bout de monde, de Luis Sepulveda

 

5/ Ton moyen de transport préféré ? Sur l'épaule des géants, de Laurine Roux

 

6/ Ton/ta meilleur(e) ami(e) est : L'homme peuplé, de Franck Bouysse

 

7/ Toi et tes amis vous êtes : Les impatientes, de Djaïli Amadou Amal

 

8/Comment est le temps ? L'embellie, d'Audur Ava

 

9/ Quel est ton moment préféré de la journée ? Son odeur après la pluie, de Cédric Sapin Dufour

 

10/ Qu'est la vie pour toi ? La virevolte, de Nancy Huston

 

11/ Ta peur ? Les âmes féroces, de Marie Vingtras

 

12/ Quel est le conseil que tu as à donner ? : Tenir sa langue, de Polina Panassenko

 

13/ La pensée du jour : Et c'est ainsi que nous vivons, de Douglas Kennedy

 

14/ Comment aimerais tu mourir ? De mon plein gré, de Mathilde Forget

 

15/ Les conditions actuelles de ton âme ? : Jour de ressac, de Maylis de Kérangal

 

16/ Ton rêve ? Le tour du monde avec mon baluchon, de Yann Quenet

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Les livres - mon blog et moi

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Publié le 23 Décembre 2024

Film de Raphaële Moussafir et Christophe Offenstein

Avec Camille Lellouche, Mélanie Doutey, Chantal Lauby, Gérard Darmon

Synopsis : Les cadeaux… La plupart d’entre nous les attendent avec impatience. D’autres les redoutent, voire les oublient. A deux jours de Noël, chez les Stain, on redouble d'idées mais elles sont loin d'être toutes bonnes. Et si le pire cadeau était encore à venir ?

Mon humble avis : Un petit billet en passant, pour cause d'un ciné imprévu ce dimanche, un film en avant-première qui sortira mercredi.

A ne pas bouder si vous voulez aller au ciné pendant cette période de fêtes sans vous prendre la tête et sans tomber non plus dans le débilisant...

L'originalité du film... Il se déroule surtout avant Noël et se penche sur le fameux sujet des cadeaux, et ce qu'il dit de ceux qui les offrent, et de ceux qui les reçoivent.

Un film drôle sans être hilarant, qui sous couvert de la comédie satirique en dit long et plus profond qu'il n'y parait sur notre société et nos difficultés à vivre ensemble malgré nos différences. Un film qui montre que derrière les apparences, il y a du bon en chacun de nous, et peu importe si l'on ne coche pas toutes les cases.

Globalement, dialogues et réparties sont bien sentis, tout comme les situations. Point de burlesque ni de gros gags bien lourds. Et forcément, des souvenirs vécus ou des craintes justifiées et bien mis en scène.

Vraiment sympa, malgré quelques petites longueurs vite oubliées.  Un film de Noël ça fait toujours du bien !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 21 Décembre 2024

Roman - Editions Lizzie - 4h54 d'écoute - 19 €

Parution Editions Le tripode et Lizzie en 2019

4ème de couv : Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n'a d'autre solution pour survivre que d'avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d'une quête qui, au-delà des vastitudes de l'espace arctique, va lui révéler son monde intérieur et faire d'elle une femme.

 

Tentation : La blogo lors de sa sortie

Fournisseur : La bib de St Lunaire

Mon humble avis : Dernier billet de l'année (une petite pause pour le blog jusqu'à la rentrée 2025) avec cette couverture qui devrait être de saison et un roman ô combien merveilleux... et qui prend encore une autre dimension avec cette version audio formidablement interprétée par Marianne Denicourt. D'autant que son récit est accompagné de "bruitages" (mot affreux alors qu'a l'oreille ce livre est si doux)... Le ruissellement de la banquise qui fond l'été, les tambours, les oiseaux, les phoques, les chants des esprits et des dieux et des anciens. C'est simple, ce livre audio est un véritable voyage sensoriel, une séance de méditation, une expérience aussi galvanisante qu'apaisante. Si vous avez déjà lu ce roman dans son format papier, je vous encourage de tout coeur à le redécouvrir un casque audio sur les oreilles.

Quant à l'histoire elle-même, initiatique, elle est sublime. Même si elle n'élude pas les rudesses de la vie, elle en déploie toute la beauté, la force. Elle nous initie aux rites, aux croyances, aux coutumes, au quotidien Inuit. On pense ce roman atemporel, en un sens il l'est. Mais il s'ouvre sur un temps immémorial, puisque nous suivons Uqsuralik, puis sa fille, et le livre se clôt sur les enfants des enfants des enfants... de sa fille. 

La très talentueuse et documentée Bérengère Cornut nous offre une immersion dans le peuple inuit, tout en poésie, délicatesse et spiritualité. Dans ce décor majestueux qui parait blanc et vide dans son immensité, l'autrice nous livre une histoire très foisonnante, où il est question de transmission, de deuil, de survie, de parentalité... On est dans l'existentialisme, l'ésotérisme, le chamanisme... Mais aussi de préoccupations plus terre à terre : chasser, manger, lutter contre la famine, soigner l'enfant malade...

De pierre et d'os a aussi une grande portée écologique... Car les Inuits ne chassent et pêchent que le strict nécessaire, respectent leurs proies et leur cycle de vie... Et puis, surtout, la modernité et les envahisseurs commencent à menacer cette terre immaculée... Un roman profond sur le rapport de l'homme à la nature et une lecture enchanteresse et universelle.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 18 Décembre 2024

Roman - Edition Ecoutez lire - 6h04 d'écoute - 17.99 €

Parution Gallimard et Ecoutez Lire en 2020

Mon pitch : Dans les années 60, quand on demande à son père s'il a des enfants, il répond : "non, j'ai deux filles". Car Laurence et sa soeur Claude ont eu le tort de naître filles, lorsque des garçons étaient tant attendus, dans une époque où les filles et femmes ne sont riens. D'ailleurs, cela commence dès l'échographie, quand le médecin dit, je ne vois "rien".  C'est la vie de Laurence que nous suivons, dans une famille et une société patriarcale sur plusieurs décennies. Jusqu'à ce qu'elle devienne mère elle-même, et que sa fille la plonge dans l'évolution de la société.

 

Tentation : envie de découvrir l'autrice

Fournisseur : La bib de Betton , merci Cécile

Mon humble avis : Je suis ravie d'avoir enfin découvert la plume de Camille Laurens, je me suis régalée. Cet ouvrage est une autofiction bouleversante à plus d'un point. Parce que Camille Laurens sait aller au coeur des sentiments, des non-dits et des dits tout aussi violents et explorer l'infini de leurs conséquences tout au long de la vie d'une fille, puis d'une femme.

Laurence a le tort de naître fille quand il eut été beaucoup plus simple d'être garçon. Au fil des pages, c'est la non place du sexe féminin dans la société qu'explore l'autrice et ses non-droits, en dehors de celui de se taire, d'obéir aux dictats tant patriarcaux que familiaux. Tout est dit avec une telle puissance, une telle dextérité, une telle délicatesse ou une telle violence, sans jamais se départir d'une certaine ironie et d'humour qui apportent quelque pointe de légèreté. Et pour être juste, Camille Laurens n'élude pas la difficulté et le poids des attentes sociales qui pèsent sur les épaules masculines. Il est aussi beaucoup question de précision de vocabulaire féminin/masculin... Les idiomes féminins étant souvent issus de terme masculin amputé de quelques lettres et qui de ce fait, prennent un tout autre sens, forcément péjoratif et dénigrant... par exemple... Garçon... Garce...

Même si la société a encore de gros progrès à faire, "Fille" montre le sexisme, la misogynie, les préjugés, la bêtise et l'ignominie que subissent les filles, depuis l'agression sexuelle à taire absolument, jusqu'aux insultes et propos méprisants juste parce que l'on est "fille". Et le père de Laurence est simplement abject de suffisance.

Certains passages sont à couper le souffle et nouer la gorge, notamment lorsque Laurence perd son enfant juste né et qu'elle ne reçoit le soutien de personne... Ni du médecin responsable de l'erreur médicale, dépassé, ni de ses parents, ni des institutions... Il n'y a qu'une sage-femme qui aura envers elle quelques mots justes. C'est si peu, quelques mots... Partout, ce qui compte, c'est de soutenir l'homme et sa réputation. On est abasourdi plus d'une fois... Et en tant que femme, forcément, il y a de nombreuses situations, de nombreux mots que j'ai reconnue, pour les avoir vécus, entendus... Oh, je n'ai rien subi de gravissime mais ces petites phrases assassines qui germent insidieusement et compénètrent plus profond de l'être, au point de modifier un épanouissement, une confiance en soi et peut-être une trajectoire, ça oui.

Bref, un roman magnifique et dense, qui parle autant de la condition féminine, que de la société et des rapports parents/enfants, que j'ai écouté avec autant d'intérêt, d'émotions, de révolte que de plaisir... tant pour son contenu que pour l'extrême qualité et le rythme vivant de son écriture aussi juste, qu'incisive que drôle.

Et la conclusion, c'est qu'une fille, c'est bien aussi... Voire même qu'une fille s'est aussi bien !

PS : J'y ai un peu retrouvé ce que j'avais adoré dans "Les années", d'Annie Ernaux.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 16 Décembre 2024

BD - Editions Lombard - 104 pages - 19.95 €

Parution le 6 septembre 2024

L'histoire : Années 70. Toute sa vie, Christine a couru pour se libérer des chaînes. Celles du deuil, du patriarcat ou de la colère. Et puisqu’il n’y a que dans la course qu’elle se sent libre, elle décide de s’inscrire au Marathon de France. Mais elle ignore encore que les femmes n’ont pas le droit d’y participer car ce sport leur est interdit. Pour elle, les obstacles seront bien plus nombreux que les 42 kilomètres qui la séparent de la victoire…

Tentation : le billet d'Antigone

Fournisseur : La bib de St Lunaire

 

Mon humble avis : Après une telle lecture, j'ai presque honte de détester la course à pied ! Autant j'aime marcher, autant courir m'achève au bout de 100 mètres. Peu importe, ce n'est pas de moi dont il s'agit dans cette très belle et intelligente BD, mais de toutes les femmes qui se sont battues pour avoir le droit de courir au même titre que les hommes, sur les mêmes distances, et pour que le marathon féminin devienne discipline olympique. 

Aux J.O de1928, les femmes ne sont autorisées qu'à courir sur 800 mètres, droit qui leur est retiré l'année d'après. En 1966, une jeune américaine de 23, Bobbi Gibb décide de participer en cachette au Marathon de Boston. L'année d'après, c'est la Newyorkaise Katherine Switzer qui s'inscrit au Marathon de New York, sans préciser son sexe. Quand l'organisateur de la course le découvrira, il voudra violemment sortir Katherine de la course, Katherine qui sera vivement défendue par son conjoint et les amis avec qui elle court. Cette scène, photographiée et filmée, et devenue célèbre et Katherine terminera donc la course. En 1972, le Marathon de Boston accueille officiellement les femmes. Et en 1984, à Los Angeles le Marathon féminin se court enfin aux J.O. Que de chemin parcouru, que de destins bouleversés, quelle évolution de la société. En 2024, quand on voit le nombre de participantes aux Marathons ou simplement le nombre de femmes qui effectuent leur jogging quotidien, on n'imagine même pas qu'il y a à peine 50 ans les personnes qui couraient de longues distances étaient considérés comme des excentriques et que pour les femmes, le droit de courir fut gagner par une lutte pugnace. Et force est de rappeler que dans quelques pays et certaines cultures, ce droit leur est toujours refusé. Et dire qu'au XXIème siècle, la course à pied est fortement recommandée par les médecins pour garder une bonne santé, ce qui était loin d'être le cas avant. Tout cela est rappelé par très intéressant cahier qui clôture cet album.

Quant à l'histoire "d'une femme dans la course", elle est évidemment fictive mais les autrices se sont inspirées de celles des pionnières de la course à pied et leur rendent ainsi un magnifique hommage. Ici, nous sommes en France, dans la Creuse dans les années 70, et la jeune Christine doit travailler à la ferme et poursuivre ses études. Elle et subit autant la tyrannie patriarcale de son père que le deuil de sa mère. Mais depuis toujours, Christine s'évade et trouve sa liberté dans la course en pleine nature... jusqu'au jour où elle décide de monter à Paris pour le Marathon.

Les dessins sont magnifiques, tant pour représenter les corps dans l'effort de la course, que nous immerger dans la nature que Christine parcourt sans relâche près de chez elle, puis en montagne pour parfaire son entrainement. Elle est bien attachante cette volontaire et pugnace Christine. Nous alternons entre les kilomètres foulés sur le pavé parisien et des flash-backs sur l'enfance, la jeunesse de Christine, 'entrainement et toutes les épreuves qu'elle a dû surmonter pour participer à l'épreuve ultime. De très belles émotions durant tout ce parcours, où il y a de l'entraide, de l'encouragement, et une société entière qui découvre qu'une femme peut courir sur 42 km, ce qu'organisateurs de courses, médecins et scientifiques déclaraient physiologiquement impossible...

Un album que je recommande à toutes et tous, que vous aimiez ou pas courir. L'essentiel étant d'aimer vibrer avec des personnages qui vont au bout de leurs idées, de leurs envies, de leur énergie, qui se ibère des carcans et gagnent leur liberté.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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Publié le 14 Décembre 2024

Film de Xavier Beauvois

Avec Jean-Paul Rouve, Pierre Richard, Madeleine Beauvois

Synopsis : Passionné de voile, Jean-Paul traverse une passe difficile. Il accumule les dettes et s’éloigne des siens. Bien décidé à reprendre sa vie en main, il s’inscrit à Virtual Regatta la course virtuelle du Vendée Globe. Il se met dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin… Ce voyage pas comme les autres, lui permettra de renouer avec sa famille mais surtout avec lui-même.

Mon humble avis : Un avis en demi-teinte pour ce film au point de départ original. Même si j'ai vu récemment un reportage sur un Monsieur qui faisait la même chose que Jean Paul quelque part en Mayenne me semble -t-il.

Faire le tour du monde tout en restant dans son jardin... La symbolique est forte à plus d'un point. Pas besoin de partir loin pour voyager, la nouveauté et l'inattendu peut être au bout de notre rue, peu importe la destination c'est le trajet qui compte etc... Ici, Jean Paul va surtout faire un voyage intérieur et se défaire de ses nombreux démons. Du coup, le film n'est pas vraiment gai ni festif et manque un peu d'engouement et même de passion. Si on sent l'admiration sans borne de Jean-Paul pour tous ces grands marins et sa connaissance mémorable de toutes ces grandes courses au large, on ne sent pas sa passion pour sa participation virtuelle à ce Vendée Globe, on le voit très peu ébaucher ses stratégies de navigation, étudier la météo etc... Pas de partage à ce niveau-là, du coup, je n'ai pas vraiment embarqué. Finalement, le sujet du film paraît plus être l'alcoolisme et la dépression que l'enthousiasme pour une idée ubuesque. Et c'est ce qui se passe à "à terre", entre le grand-père et ses petits-enfants qui est en fait le plus intéressant. C'est l'entourage de Jean-Paul qui m'a paru le plus investi dans cette course et qui apporte un peu d'oxygène, ou de grand air du large, même si c'est du fond d'une cuisine de restaurant.

Bref, j'aurais préféré suivre un personnage réellement fantasque qui m'aurait embarquée dans son délire. Alors que là, c'est plutôt triste, même la météo n'apporte pas grand soleil (forcément, le Vendée Globe partant en novembre, quand on reste dans son jardin, peu de chance d'avoir le soleil et les alizés et le bleu des tropiques !)

Mais cette histoire reste touchante, même si la fin n'est pas des plus surprenante, si l'on n'attend pas une comédie ou un film sur l'exploit en lui-même, et évidemment, avec de tels acteurs à l'affiche, l'ensemble n'est pas déplaisant non plus. D'autant que c'était un sacré défi de tourner dans un aussi petit espace. A noter, la participation des grands navigateurs Jean Le Cam et Michel Desjoyaux.

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 12 Décembre 2024

Roman - Editions Albin Michel - 240 pages - 17.90 €

Parution le 30 octobre 2024

L'histoire : Arthur a cinq ans lorsque sa mère lui révèle un immense secret : elle va bientôt partir en mission dans l'espace, sur une planète pour fabriquer des étoiles. En attendant le grand jour, elle passe le plus de temps possible avec son fils, pour combler le manque quand ils seront éloignés.

Fournisseur : Service Presse, merci Gilles Paris pour l'envoi

 

 

 

 

Mon humble avis : Me voici mal à l'aise pour rédiger ce billet. Certes, j'ai eu un coup de coeur à la rentrée pour Tenir debout, ma première lecture de Mélissa Da Costa, pour lequel j'avais également bénéficié d'un service presse. Du coup, sans que j'en émette l'envie, j'ai reçu La faiseuse d'étoiles. Et le problème pour moi, et que ce style de roman n'est pas du tout ma tasse de thé. Je ne suis pas du tout sensible aux histoires qui donnent la parole à un très jeune enfant, même si celui-ci a grandi.

Voilà pourquoi je ne mets pas mes petites pattes de chats de notation de mon plaisir de lecture sur ce billet.

Mais j'ai tout de même lu La faiseuse d'étoile pour vous en parler et respecter mon "engagement". Et puis parce que ce livre est une édition spéciale, voire même une réédition collector dans un très beau format brochet, avec rabats, dorures etc. Vraiment un bel objet pour compléter une bibliothèque. Melissa Da Costa a un large lectorat, cette histoire peut plaire aussi à bien d'autres personnes et à l'approche des fêtes, ce livre peut être un chouette cadeau de Noël.

Arthur s'apprête à devenir père... Alors, il se rappelle ce qui s'est passé lorsqu'il n'avait que 5 ans. Sa mère lui annonce qu'elle va bientôt devoir s'absenter, pour devenir gardienne des merveilles sur la planète Uranus. Avec la complicité de ses proches, Clarisse invente tout un univers pour que cette histoire devienne réelle pour Arthur et lui évite la confrontation avec la brutal réalité. Car nous lecteurs adultes, nous comprenons très vite qu'en fait, la Maman d'Arthur est atteinte d'une maladie grave... L'imagination de cette Maman pour construire cet univers merveilleux est sans limite et admirable. Les lecteurs peuvent se poser la question : ce mensonge est-il une bonne idée, faut-il mentir à un enfant, même pour son bien... La réponse n'est pas si simple que ça, nous le voyons bien quand Arthur découvre la vérité.

Cette histoire est bien conçue et bien menée, avec le style approprié... Ce style enfantin maîtrisé qui ne me convient pas. C'est mignon, mais je ne sais pas si c'est parce que je ne suis pas mère, cela ne me bouleverse pas et ce n'est pas ce que je prends plaisir à lire.

Par contre, si vous êtes une fan de Mélissa Da Costa ou que vous en comptez dans vos proches, n'hésitez pas. Comme sa version d'origine en poche, ce roman est toujours vendu au profit de l'UNICEF. Donc il y a aussi une bonne action à la clé.

Antigone a beaucoup aimé

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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