Publié le 20 Novembre 2021

Cinéma, Pascal Elbé, Sandrine Kiberlain, On est fait pour s'entendre, avis, critique, chronique

Film de Pascal Elbé

Avec Pascal Elbé, Sandrine Kiberlain, Valérie Donzelli, Emmanuelle Devos, Francçois Berléand

 

Synopsis : Antoine semble n’écouter rien ni personne : ses élèves (qui lui réclament plus d’attention), ses collègues (qui n’aiment pas son manque de concentration), ses amours (qui lui reprochent son manque d’empathie)... Et pour cause : Antoine est encore jeune mais a perdu beaucoup d’audition. Sa nouvelle voisine Claire, venue s’installer temporairement chez sa sœur avec sa fille après la perte de son mari, rêve de calme et tranquillité. Pas d’un voisin aussi bruyant qu’Antoine, avec sa musique à fond et son réveil qui sonne sans fin. Et pourtant, Claire et Antoine sont faits pour s’entendre !

 

 
Mon humble avis : J'avais besoin d'un bon petit film sympa, pas prise de tête... Et bien je ne me suis pas trompée dans mon choix, bien au contraire.
J'ai tout aimé dans ce film. Evidemment, son genre (comédie romantique) fait que je ne pense pas que l'on en parlera encore dans vingt ans, mais j'ai vraiment passé une bonne séance dans mon fauteuil de velours !
Je n'y suis pas allée à l'aveugle non plus... Sandrine Kiberlain et Pascal Elbé suffisent à me sortir de chez moi. Ils savent en général choisir leurs rôles. Et une fois de plus, le casting est parfait et le duo Elbé/Kiberlain fonctionne à merveille. Elle, blessée et brute de pomme, lui paumé et à l'Ouest, et pour cause... Il n'entend plus si bien que cela, et peine à suivre les conversations. Cela amène des situations bien cocasses, de bons quiproquos... Drôles mais toujours traités avec tendresse.
Les dialogues font vraiment mouche. On rit parfois, et l'on sourit souvent... Pas de niaiserie, mais parce que ce film est plaisant, profondément humain, doux, bienveillant même s'il ne contourne pas le sujet délicat du handicap "invisible"... Pascal Elbé, qui signe aussi ce film, use de délicatesse et de justesse pour aborder les handicaps qui arrivent plus tôt que prévus dans la vie... Ici, la surdité, ou en tout cas, ses prémices : la malentendance. L'isolement, s'en rendre compte, l'accepter, l'annoncer, l'avouer et profiter des prouesses techniques des appareils auditifs pour retrouver la vie : la musique de la pluie, le chant des oiseaux, les autres... mais aussi toute la pollution sonore qui nous entoure et que l'on subit sans s'en rendre compte le plus souvent. En fait, un petit tour sur Allociné m'apprend que ce film est partiellement autobiographique... Pascal Elbé souffre lui-même de malentendance... Pas étonnant donc que ce film sonne si juste ! Mais bravo tout de même, car parfois, entre l'intention et la réalisation il y a une marge, pas ici.
Et puis, il y a une belle rencontre entre deux êtres que tout sépare au début... Et même trois, puisque c'est la petite fille mutique qui fera le lien entre les deux adultes, mais je ne vous en dis pas plus. Ces rencontres et ces acceptations permettront à chacun des personnages de se réconcilier entre eux et avec eux-mêmes, avec la vie.
Vous ne savez pas quoi faire ce week-end, le temps est prévu pas top par chez vous, allez au ciné, tendez l'oreille et écoutez ce que Pascal Elbé a à vous dire : vous en sortirez "réconciliés" avec la nature humaine, et ses faiblesses qui peuvent devenir des forces.
Un très beau film, touchant.

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Rédigé par Géraldine

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Publié le 18 Novembre 2021

Roman - Editions Ecoutez lire - 6h31 d'écoute - 18.99 €

Parution d'origine chez Flammarion en 2018

L'histoire : D'origine roumaine avec un accent qui ne trompe pas, Aurel est pourtant Consul de France en Guinée Conakry.

Un ressortissant français est assassiné sur son bateau, dans la marina... Son corps suspendu au mât du navire. Aurel remplit sa mission professionnelle (prévenir la famille etc)... Mais ce crime le passionne et il se lance dans l'enquête qui le tire alors d'un certain ennui.

 

Tentation : La blogo

Fournisseur : La bib de Rennes

Mon humble avis : Aurel est un personnage atypique... Il travaille pour le quai d'Orsay après quelques péripéties et drames dans son histoire personnelle qui nous sont livrés ici. Aurel est roumain ! Il est en poste à Conakry mais ne supporte pas la chaleur, se vêt cependant de complets vestons et de pulls de laine... D'ailleurs, à son travail, on l'a mis au placard. Aurel profite de l'absence de son supérieur hiérarchique pour prendre quelques initiatives et s'intéresser de près au crime commis sur un ressortissant français. Ce tome est le premier de deux autres pour l'instant...

Bon, et bien je l'avoue, je ne suivrai pas les aventures d'Aurel plus loin, car cette lecture ci m'a un peu déçue. Je m'attendais à autre chose, à une histoire plus décalée et pourquoi pas, un peu drôle. Je l'ai en fait trouvée un peu plan plan et désuète. Cela peut avoir un vrai charme, comme lorsqu'on lit des romans d'Agatha Christie par exemple... Sauf que cette histoire se déroule à notre époque et que cet aspect suranné m'a paru anachronique. Et je n'ai pas retrouvé le Rufin des quelques autres ouvrages que j'ai lus.

Mais le déroulement de l'enquête et son dénouement tiennent bien la route et ce roman nous emmène dans une contrée que l'on parcourt rarement en littérature, même si l'on en découvre très peu sur ce pays dans ce livre. La lecture reste divertissante et possède assez d'arguments pour plaire à certains... Par contre, je déconseille la version audio, je n'ai pas aimé l'interprétation qui en est faite, avec trop de manières quelque part.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Livres audio, lectures audio, #Littérature française

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Publié le 16 Novembre 2021

Cry Macho, film de Clint Eastwood, 2021, cinéma, avis, chronique

Film de Clint Eastwood

Avec Clint Eastwood, Edouardo Minett, et  Dwight Yoakam 

 

Synopsis : Mike, star déchue du rodéo, se voit confier une mission a priori impossible : se rendre au Mexique pour y trouver un adolescent turbulent et l’amener jusqu’au Texas. Il lui faudra pour cela affronter la pègre mexicaine, la police et son propre passé.

Mon humble avis : J'aime beaucoup Clint Eastwood le réalisateur. Certes, il ne fait pas que des chefs d'oeuvre, mais ses univers me touchent, tout comme ses mises en scènes. Et puis, depuis 10 ans, on se dit à chaque fois que l'on voit sans doute son dernier film... Et puis non, il en a dans les talons ce Clint de 91 ans !

Cry Macho ne rentre pas dans la catégorie des films inoubliables, mais il est plaisant à regarder... Les étendues du désert Mexicain et ses pueblos, la rencontre entre deux générations, ses heurts puis sa complicité et une demi-heure de film inattendue... Une pose dans le road trip très "Américain"... Une pose bienvenue, qui fait du bien, qui est belle, vraiment.

Papy Clint reprend la casquette, oups le chapeau de Cow-boy, retrouve les paysages et les thèmes qui lui sont chers (comme la transmission), qui ont fait sa gloire. Le Cow-boy est âgé maintenant, donc c'est en voiture qu'il traverse le désert... On sent qu'Eastwood sème un peu d'autodérision et des clins d'oeil à sa filmographie dans Cry Macho... Ici, beaucoup de douceur dans un monde de brut. Par contre, erreur de casting je pense, le gamin ne joue pas vraiment juste.

Les dialogues ne sont pas exceptionnels et souvent réduits au minima, mais il m'a semblé que l'essentiel se trouve dans les silences, dans ce qui n'est pas dit, qui n'est que suggéré. Donc un peu de dentelle dans la somme de clichés. Et puis Clint ne cache plus son corps qui ne suit plus comme avant... Sa démarche paraît fragile. C'est touchant. 

On ne croit pas à tout dans ce film, mais on prend, car après tout, on est au cinéma, et qu'au cinéma, tout est possible !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma d'ailleurs

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Publié le 13 Novembre 2021

Roman, Clara Dupont-Monod, s'adapter, avis, chronique, prix fémina 2021

Roman - Editions Stocks - 171 pages - 18.50 €

Parution le 25 août 2021 : Rentrée littéraire !

L'histoire : Il y a les parents, l'aîné et la cadette. Ils vivent sereinement dans une vallée des Cévennes. Nait alors l'enfant... Qui se révèle inadapté... Il ne voit pas, ne marchera jamais, ne pourra parler ni même tenir sa nuque ou saisir un jouet... Il vivra allongé et son espérance de vie sera limitée. Autour de lui, chacun va s'adapter à l'inadapté....

Tentation : Pitch et confirmation blogo

Fournisseur : la bib de Dinard

 

 

 

Mon humble avis : Quel magnifique roman, justement couronné du Prix Fémina 2021.

L'histoire que nous conte ici Clara Dupont-Monod ne peut que toucher en plein coeur et émouvoir.

Les personnages ne sont nommés que par leur rang et leur rôle dans la famille : père, mère, l'aîné, la cadette, le dernier... Ce sont les pierres des murets de la cours de la maison qui témoignent de ce qui s'est déroulé dans cette famille, sous leur yeux. Rien de fracassant, mise à par l'annonce du diagnostic et la stupeur... Le reste est dix en douceur, avec des mots bien choisis, une belle place à la poésie des sens, de la nature, de l'observation... Il y a tant de justesse dans la descriptions et les analyses des comportements de chacun que l'on ne peut qu'être admiratif devant cet oeuvre. Les personnages y sont s'y bien construits, étayés, fouillés, profondément humains, tant dans leurs forces que dans leurs failles.

Avec retenue et décence, Clara Dupont-Monod décrit les réactions de chaque membre de la famille face au handicap lourd de l'enfant...

Les parents assument et affrontent notamment les méandres administratifs pour obtenir de l'aide. L'incompréhension des autres, le regard, la curiosité, la honte, la pitié... Et l'évolution différente des deux aînés.

L'aîné entrera en fusion totale avec l'enfant, en prenant soin, le protégeant de tout, s'en occupant de façon obsessionnelle, exclusive, s'oubliant, devenant adulte bien trop vite.

La cadette, en colère, rejettera l'enfant, éprouvant pour lui du dégoût, de la jalousie, puisque l'enfant lui vole l'attention de son cher aîné. Mais la cadette va aussi s'adapter, à sa façon... En faisant tout son possible pour conserver l'équilibre familial, pour que les autres puissent aimer et se dévouer à l'enfant. Elle aussi quittera trop tôt le monde de l'enfance.

Enfin, la dernière partie nous permet de faire la connaissance du dernier... Pas celui que l'on croit... Celui qui vient, qui nait après tout cela, des années plus tard, dans une famille qui a souffert, qui a survécu, qui n'oublie pas.

La romancière évoque parfaitement l'accueil du handicap, de l'inadapté, du hors norme dans une famille qui parvient à rester unie, les trajectoires de vie et les tempéraments qui se modifient à jamais. C'est une onde de choc qui s'atténuera un peu avec le temps, mais restera toujours présente, ayant laissé une forte empreinte dans chacun, de la force, de la résistance, de l'union et beaucoup d'amour... Clara Dupont-Monod ne tire pas sur la corde, tout est dit avec délicatesse, justesse et oui, douceur... et surtout, de la lumière. C'est avec une très belle luminosité que l'écrivaine clos son histoire.

Un roman magnifique, qui se lit aisément mais avec émotions, à découvrir évidemment !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 11 Novembre 2021

Cinéma, film albatros, Jérémie Renier, avis, chronique

Film de Xavier Beauvois

Avec Jérémie Renier, Marie-Julie Maille, Victor Belmondo

Synopsis : Laurent, un commandant de brigade de la gendarmerie d’Etretat, prévoit de se marier avec Marie, sa compagne, mère de sa fille surnommée Poulette. Il aime son métier malgré une confrontation quotidienne avec la misère sociale. En voulant sauver un agriculteur qui menace de se suicider, il le tue. Sa vie va alors basculer.

Mon humble avis : Un beau film, c'est certain. Juste, délicat, vrai... Qui ne cache rien ni n'enjolive. Albatros dit beaucoup sur l'état actuel de notre société et ses multiples détresses. Mais surtout, l'impuissance de tous, notamment de ceux qui sont censés pouvoir protéger, devant l'ampleur du désastre sociétal et individuel. Une scène très forte qui dit tout : devant son ami agriculteur ruiné et épuisé qui tient le canon de son fusil sous son menton, le gendarme ne trouve, et ne peut que dire : pose ton arme, on va parler, on va trouver une solution, ça va aller mieux... Juste des mots alors que les solutions sont perdues dans des kilomètres d'administrations, à Bruxelles etc...

Un film qui montre aussi que tout peut basculer pour n'importe quand, pour n'importe qui, même pour la meilleure et la plus consciencieuse des personnes.

Dans la première partie, on suit le quotidien d'une brigade de gendarmerie et on pénètre avec pudeur l'intimité de vie de couple de Laurent. La deuxième partie nous montre sa chute qui semble irrémédiable, avec sa famille comme passagère.

Albatros interpelle, est profond et bénéficie d'un casting impeccable, avec en autre, un Jérémie Renier brillant et terriblement émouvant, avec délicatesse, sans en faire trop... et qui nous emmène au large. Voilà un acteur qui prend ici une réelle épaisseur qu'il porte avec brio.

Le seul défaut du film est, à mes yeux, d'avoir quelques petites longueurs, mais rien d'insupportable !

Un beau film à voir, sur le sujet principal de la dignité.

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 9 Novembre 2021

Roman, Valentine Goby, Kinderzimmer, seconde Guerre Mondiale, Nazisme, camps, femmes

Roman - Editions Thélème - 6h11 d'écoute - 18.99 €

Parution Acte Sud 2013, Thélème 2014

L'histoire : 1944... Après son arrestation, et un séjour en prison, Mila Suzanne est envoyée dans le camp de Ravensbrück, comme prisonnière politique. Dans ce camp sont regroupées 40 000 femmes. Mila est enceinte... Quelques mois plus tard, elle découvre l'existence de la Kinderzimmer, une pièce froide et sombre dévolue aux quelques nourrissons... Dont rares sont ceux qui survivent au delà de trois mois. Avec ses compagnes d'infortunes, Mila fera son possible pour éviter l'inévitable.

Tentation : La blogo à l'époque de la sortie du roman

Fournisseur : La bib de Rennes

Mon humble avis : Il m'en a fallu du temps pour oser ouvrir (en l'occurrence ici écouter) ce roman, tant le sujet m'effrayait.

Pourtant, c'est l'effroi qui m'a accompagné tout au long de ma lecture qui n'a pas été confortable du tout, mais je dresse l'oeuvre de Valentine Goby au rang de coup de coeur, tant il magistralement mené, rédigé, réussi. A mes yeux, c'est un pur chef d'oeuvre de littérature. Admirable de maîtrise... Ceci se dirige aussi vers Paulien Huruguen qui interprète ce texte avec douceur et pudeur.

Valentine Goby nous plonge en immersion complète dans un camp de femmes en Allemagne. Je tairai ici les détails de la vie, ou plutôt de la survie (pour les plus chanceuses et résistantes) de ces femmes. C'est inimaginable, innommable, inhumain, c'est l'enfer sur terre. Je m'en doutais et le savais déjà par mon instruction, mais ici, via les mots de Valentine Goby, se sont moults images qui se sont incrustées dans mon crâne. Il y a l'horreur... Mais il y a aussi une sorte de beauté qui en ressort... C'est le courage de ses femmes, leur fraternité, les petites choses qui les font tenir, la forme de résistance pour ne pas appartenir complètement au camp et aux Allemands, les ruses et privations pour gratter une tranche de pain ou la donner à une amie malade. Cacher les faiblesses pour ne pas devancer la mort et/ou être achevée. La mie de pain qui ne sera pas mangée de suite pour être transformée en statuette et être offerte en cadeau à Noël...

Impossible de rendre compte en quelques lignes de la puissance, de l'émotion qui émanent de ce roman qui nous tient aussi prisonniers, presque malgré nous, tant on ne se sent évidemment pas bien dans ces pages.

On sait dès le début que Suzanne/Mila sortira vivante de ce camp, puisque le roman s'ouvre sur son personnage, des décennies plus tard, alors qu'elle court les lycées et collèges pour offrir son témoignage.

C'est un livre mémoire collective à lire absolument, pour ne pas oublier, pour que "plus jamais ça"... On paraît à l'abri en Europe, mais dans d'autres contrées du monde, que se passe-t-il ?

Un roman qui, une fois de plus, fait énormément relativiser nos tracas personnels ou collectif... Ca me fait bien "rire" quand, à propos du Covid 19 et des confinements ou restrictions sanitaires, on parle de nos jeunes comme d'une génération sacrifiée... sans même regarder le présent, en Irak, en Syrie par exemple.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française, #Livres audio, lectures audio

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Publié le 7 Novembre 2021

BD - Gustave Caillebote - Impressionnisme - Peinture - avis - Chronique

BD - Editions Glénat - 56 pages - 14.95 €

Parution en juillet 2017

L'histoire : Paris, 1875. Alors que ses Raboteurs de parquet sont refusés par le jury de l’Académie des Beaux-Arts, Gustave Caillebotte est invité à exposer aux côtés des « intransigeants » tous refusés au Salon de Paris. Collectionneur et mécène, Caillebotte participera à l’essor de ce courant naissant : l'Impressionnisme.

Tentation : Pitch, couv et dessins

Fournisseur : bib' de Dinard

 

 

 

Mon humble avis : Un énorme coup de coeur pour moi ! Cette BD est un véritable ravissement pour les yeux et un délice pour l'esprit.

Les dessins sont somptueux et chaque case est proche de l'oeuvre d'art, pourrait être un tableau accroché dans un grand musée. Je n'y connais pas grand-chose dans ce domaine, mais j'ai l'impression que Laurent Colonnier s'est inspiré des illustres artistes que l'on croise ici, et quel beau monde : Pissaro, Renoir, Sisley, Degas, Manet, Monet et quelques autres.

Les bulles sont emplies de délicatesse, de bons mots, d'ironie, d'humour et instruisent fortement bien sûr. Ceux qui ont pris pour nom "les Impressionnistes" étaient très moqués à leur époque, personne n'aurait misé un centime sur leur oeuvre, les gens s'outrer même devant cette hardiesse inédite.  Mais Degas et Cie étaient visionnaires, comme l'avenir le confirmera. Il n'empêche que certains d'entre eux vivaient dans une relative pauvreté et ne parvenaient pas à joindre les deux bouts. Cette période de transition artistique et culturelles et décrite et dépeinte ici, tout comme l'atmosphère "belle époque" parisienne... Avant cela, l'art était réservé à la religion, aux mythes... Les Impressionnistes osent le quotidien, la sensualité, le corps, l'extérieur, la nature. Oui c'est à cette époque-là que les peintres commencent à quitter leurs ateliers pour peindre dehors, en pleine ville, fête ou campagne. Ils cassent les codes avec une belle harmonie !

Et parmi eux, il y a Gustave Caillebote, le protagoniste principal de cet album. Je ne suis même pas si je connaissais son nom, alors son oeuvre encore moins. Et pourtant, quel sacré personnage ! Talentueux, mécène, collectionneur et évidemment visionnaire ! Originaire d'une famille bourgeoise et argentée, c'est lui qui a aidé financièrement nombre de ses amis peintres dans le besoin, c'est lui qui leur a acheté leurs toiles constituant ainsi une magnifique collection, qu'il lèguera à sa mort, et sous certaines conditions, à l'Etat Français, concourant ainsi à la reconnaissance, puis à la célébrité du mouvement Impressionniste.

Un magnifique ouvrage à découvrir de toute urgence si ce n'est pas déjà fait, complété à la fin par un cahier qui donnent de plus amples renseignements sur Caillebote, sa vie, son oeuvre, son influence, tout aussi passionnant que la BD elle-même !

 

L'avis de Violette 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #BD...

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Publié le 4 Novembre 2021

L'Africain, J.M.G Le Clézio, livre, littérature, Afrique, avis, chronique

(Auto)Biographie - Editions Folio - 124 pages - 6.90 €

Publication d'origine : Mercure de France en 2004

L'histoire : JMG Le Clézio revient sur son enfance africaine d'après guerre, où il retrouve un père qu'il n'a jamais connu, le conflit international et les distances les ayant séparés. Le père, médecin chirurgien en Guyane  britannique, puis en Cameroun britannique et enfin au Nigéria... Vingt ans d'Afrique qui ont transformé ce père à jamais et qui ont forgé le romancier.

Tentation : Ma PAL

Fournisseur : Ma PAL

 

 

Mon humble avis : C'est simple, cet ouvrage était dans mes étagères depuis que J.M.G Le Clézio a reçu le Prix Nobel de Littérature, c'est à dire 2018, soit 13 ans. Hum Hum...

Et pourtant, quel beau texte. Simple en apparence mais consciencieux, sans fioriture, avec juste les faits et leur analyses permises par le temps, il en ressort une belle loyauté, envers ce que la vie a pris et donné, envers cette enfance ailleurs, pas comme les autres et cet inconnu que fut le père. La concision induit la pudeur et la pureté de ce récit.

JMG Le Clézio nous parle de son enfance en Afrique, et à travers elle, de son père, ce héros. Le Clézio n'a connu son père qu'à 8 ans, en arrivant en Afrique avec sa mère et son frère pour le rejoindre. C'était après la Seconde Guerre Mondiale, que les enfants et leur mère ont vécu confinés à Nice et que le père a affronté isolé, sans aucune nouvelle des siens, en Afrique occidentale.

C'est l'histoire d'une rencontre entre un père et ses enfants, mais une rencontre manquée, ratée, qui n'eut réellement lieu que bien plus tard, lorsqu'adulte, JMG Le Clézio a été en âge et en maturité pour comprendre qui était son père, ce qu'il avait vécu, ce qui l'avait transformé en père rigide, stricte et parfois violent. 

C'était vingt années d'Afrique en tant que seul médecin chirurgien dans une immensité, avec peu de moyens matériels, si loin des colons huppés et ridicules des côtes que Le Clézio père, farouchement anticolonialiste, abhorrait. Vingt années à côtoyer le pire comme le meilleur, les plus belles merveilles comme de monstrueuses horreurs. L'humain et le profondément inhumain, ou en tout cas l'insupportable... Toutes les maladies, les pandémies, le manque d'hygiène et de médicaments et souvent l'impuissance. Et puis il y eu la décolonisation, des guerres, notamment celle du Biafra dévastatrice et scandaleusement entretenue par l'Occident... Comment ingurgité cette actualité quand on voit dépérir le pays où l'on a tant vécu, qui a fait de vous ce que vous êtes.

Ces vingt années d'Afrique ont fait de Le Clézio père l'africain....

L'Africain est donc un magnifique hommage à l'homme qu'il était brillement, au père qu'il n'a pas su être mais qui a tellement transmis. C'est aussi portrait de ce que fut l'Afrique de l'Ouest à différentes époques, dans une période finalement historiquement très restreinte.

C'est une ode aussi à la liberté retrouvée de l'enfance, aux grands espaces, à l'insouciance et à l'indifférence face aux différences dont sont capables les enfants.

Un très beau texte, instructif qui plus est. Elle belle leçon de mémoire... pour ne rien oublier.

 

 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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Publié le 2 Novembre 2021

LUI, film de Guillaume Canet, avis, chronique

Film de Guillaume Canet

Avec Virginie Efira, Mathieu Kassovitz, Laetitia Casta et Guillaume Canet

 

Synopsis : Un compositeur en mal d’inspiration, qui vient de quitter femme et enfants, pense trouver refuge dans une vieille maison à flanc de falaise, sur une île bretonne déserte. Dans ce lieu étrange et isolé, il ne va trouver qu’un piano désaccordé et des visiteurs bien décidés à ne pas le laisser en paix.

Mon humble avis : Il est bien mitigé !

Les "plus" : un beau site de Belle île en mer, des comédiens que j'apprécie, dont Matthieu Kassovitz trop rare sur nos écrans. Des réflexions intéressantes, qui peuvent parler à tout le monde... sur cette petite voix, cet autre nous qui prend parfois trop de place, qui nous empêche d'avancer, nous fait tout voir en négatif, nous empêche de nous poser et de profiter de la vie. Une réalisation originale mais...

Les "moins" : une réalisation originale mais qui se retourne contre elle-même en se révélant très inégale, tantôt prenante, tantôt lassante et parfois "égarante"... Et puis on a l'impression de voir une suite de clichés, notamment sur îles bretonnes (que des habitants alcooliques ou bourrus). Le film n'est pas bien long (1h28) mais et paraît bien, et pourtant, on finit par s'agacer de l'auto apitoiement assez nombriliste du personnage Guillaume Canet. A la limite, je pense que sur ce thème Guillaume Canet aurait mieux fait de choisir la comédie plutôt que le "thriller-psycho-drame" plutôt dérangeant et en même temps, pas assez creusé... En même temps, scénario écrit rapidement, film réalisé tout aussi rapidement et sans grands moyens. Mais bon, la comédie Canet a déjà fait avec Rock'n roll, ça aurait sans doute paru redondant, puisque l'on est plus ou moins, mais moins que plus dans de l'autofiction.

Après on peut intellectualiser l'affaire avec quelques symboles (la maison d'hôte - et le double lui) et quelques références cinématographiques, mais ça ne saute pas aux et ne sauve pas le film pour autant. Bref, évitable !

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Cinéma Français

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Publié le 30 Octobre 2021

Cécile Coulon, roman, Rentrée littéraire 2021, Seule en sa demeure, avis, chronique

Roman - Editions L'Iconoclaste - 333 pages - 19 €

Parution le 19 août 2021 : Rentrée littéraire 

L'histoire : Nous sommes au XIXème siècle... Aimée qui pour la première fois la maison familiale pour épouser Candre, un riche propriétaire du Jura... Celui-ci vit dans un vaste domaine, avec la servante Henria et le grand fils de celle-ci. Au cimetière le plus proche, gît Aleth,sa première épouse... Candre est très pieux, aimant mais distant, taciturne. Au fil des jours, Aimée sent comme un mystère tabou autour de la mort d'Aleth. Celui-ci s'épaissit et alors, le domaine devient oppressant et ses habitants semblent menaçant. C'est le début du cauchemar pour Aimée... Dont seule pourrait peut-être la sauver Emeline, sa professeur de musique, qui éveille et ouvre aussi son corps qui restait jusque là si fermé.

Tentation : Blogo et curiosité

Fournisseur : une carte KDO de mes anciennes collègues 

Mon humble avis : Je n'avais encore jamais lu de roman de Cécile Coulon et pourtant ce n'était pas l'envie qui m'en manquait. Cette rentrée littéraire et les éloges lus de-ci de-là sur ce nouvel opus m'ont fait dire : le moment est venu !

Et aucun regret car quel roman ! Je découvre ici une fameuse plume, soignée, maîtrisée, qui semble sortir d'une autre époque et convient si bien au sujet du roman. Avec poésie, Cécile Coulon a l'art de rendre un environnement tantôt délicieux, tantôt menaçant. Les descriptions des mouvements de la nature, du domaine et de la maison éveillent vraiment les sens, donnent à sentir et ressentir les souffles du vent, qui tantôt caressent tantôt giflent, le silence pesant entre de hauts murs etc. La nature semble ici plus vivante que les protagonistes de chaire et d'os. L'atmosphère devient un personnage à part entière.

Evidemment, lorsqu'on lit "Seule en sa demeure", on ne peut que penser à Rebecca, de Daphné du Maurier et je pense que la romancière Cécile Coulon ne se cache pas de cette inspiration... Nous avons un domaine, une jeune deuxième épouse, un mari riche et puissant, une domestique omniprésente et une première épouse dont le décès s'entoure de mystères et de non-dits. Mais la comparaison s'arrête là... Car dans ce domaine, point de mondanité, de réceptions, mais une vie calme, ennuyeuse pour Aimée, et glaçante pour le lecteur. Et puis la fin et les révélations qui l'entourent (que je tairai bien sûr) n'ont rien à voir mais sont toutes aussi inattendues que surprenantes. Elles respectent aussi les convenances de l'époque... Et tout ceci m'a fait dire que je suis bien contente d'être une femme libre du XXème siècle !

Cécile Coulon se joue de son lecteur, en semant le trouble et le doute de façon assez subtile... dans le sens où l'on se demande si le doute est justifié, si Aimée le ressent vraiment ou si c'est l'écrivaine qui le distille pour inquiéter son personnage, le lectorat...  En tout cas, la tension est bien là et va grandissante... surtout lorsque Claude, le cousin d'Aimée, lui fait parvenir un certain message... Seule en sa demeure est donc bien un hui-clos psychologique qui explore les zones d'ombres, le dévouement, la passion de ses personnages, le poids du mensonge.

S'il m'a parfois manqué un peu d'émotions (mais en même temps, au XIXème, les gens étaient bien moins démonstratifs, surtout dans les milieux huppés) je dois avouer que le dernier tiers du roman m'a littéralement ferrée.

Je suis donc ravie de cette lecture, et à coup sûr, sitôt que ma PAL aura baissé notablement, j'irai piocher à la bibliothèque les anciens titres de cette déjà jeune mais grande romancière, donc j'admire la culture et la maturité à chacun de ses passages télévisés. 

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Rédigé par Géraldine

Publié dans #Littérature française

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